Placée à divers titres sous la dépendance des autorités militaires, administratives et judiciaires, les législateurs circonscrivirent autant que possible, le service de la gendarmerie dans les subdivisions administratives du territoire. Ainsi, pour simplifier les relations du service et dans un but d'ordre public, la circonscription territoriale de la compagnie coïncida avec celle du département, la circonscription de la lieutenance avec celle de l'arrondissement et celle de la brigade avec celle du canton. C'est sur ce principe que le maillage territorial de la gendarmerie fut réalisé et que le casernement de cette arme s'est opéré.
Avec la loi du
25 pluviôse An V (13 février 1797), la Gendarmerie
nationale fut réorganisée en vingt cinq divisions formant
ensemble 1 500 brigades et 100 compagnies. Chaque division,
composée de
quatre départements, était subdivisée en deux
escadrons de deux
compagnies. Chaque compagnie qui couvrait le département
était formée
de douze à dix-huit brigades. Bien vite, il apparut que cette
nouvelle organisation
ne permettait pas d'assurer le maintien de l'ordre public et la
répression des crimes et des délits. Le Conseil des
Cinq-cents vota
la loi
du 28 Germinal an VI
(17 avril 1798) de la République, en grande partie
initiée par le général
Wirion.
Le nombre de brigades fut porté à
2000 et le complet de l'Arme fut fixé à 10 575 hommes.
Pour les mêmes raisons que celles édictées dans les
anciennes Ordonnances, le Conseil des Cinq-cents maintint de caserner
les
sous-officiers et gendarmes. La mise en œuvre de cette obligation
fut rendu possible par l'article 83 de cette loi qui imposa
aux administrations centrales, le soin de fournir le casernement
en
nature. Les officiers n'étant pas soumis à cette
astreinte recevaient une indemnité pour se loger où il le
désiraient. Pour les détachements occasionnels, le
logement était à la
charge des administrations municipales. L'article 84 de la même
loi,
ordonna également, la remise à la disposition du ministre
de la guerre,
des bâtiments nationaux nécessaires au casernement de la
gendarmerie.
Une masse de casernement fut créée par l'arrêté du 24 vendémiaire an IX (12 octobre 1802), afin de pourvoir aux frais de logement des brigades. Cette masse servant principalement à payer l'entretien et réparations des maisons nationales occupées ou qui pourrait l'être par des brigades à pied ou à cheval, au paiement des loyers des maisons particulières affermées pour cet usage et à l'indemnité accordée aux sous-officiers et gendarmes non casernés.
Le 1er vendémiaire an XIV (23 septembre 1805), le casernement de la gendarmerie fut mis à la charge des départements, par la loi de finances du 2 ventôse an XIII (21 février 1805). Pour l'exécution de cette disposition, le ministre de la guerre, dans une circulaire du 2 vendémiaire an XIV (24 septembre 1805), adressée aux préfets, aux commissaires des guerres et aux officiers supérieurs de la gendarmerie1802 - 18, prescrivit une inspection de tous les bâtiments nationaux ou maisons particulières. Ceux qui présentaient le plus d'avantage pour l'arme furent remis aux préfets pour être définitivement affectés au casernement de la gendarmerie. Les brigades qui ne purent être placées dans des bâtiments nationaux, furent logées dans des maisons louées par le département.
Conformément à cette circulaire, le casernement de la gendarmerie devait toujours être composé de sept chambres au moins, dont six à cheminée; la répartition était faite de manière que deux chambres, dont une à cheminée, soient réservées pour le commandant de la brigade, et chacune des cinq autres pour chaque gendarme. Dans les communes où il n'existait ni maison d'arrêt, ni prison, la caserne de la gendarmerie devait contenir une chambre de plus, pour servir de chambre de sûreté. Indépendamment des écuries pour huit chevaux, et des hangars et greniers suffisants pour contenir l'approvisionnement d'une année, la caserne de chaque brigade de gendarmerie montée devait être pourvue de toutes les commodités nécessaires, comme puits, cour, grand-porte, etc.
Le quatrième jour complémentaire de l'An XIII de la République (21 septembre 1805) et le premier de l'Empire Français, le commissaire des Guerres Henry Boilleau, monsieur Damiant du corps impérial du Génie, chargé en chef des travaux des établissements militaires, monsieur le maire de Toulouse et le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Garonne, se rendirent à la caserne de gendarmerie construite le long des murs de la ville en 1785, pour inspecter le bâtiment et constater son état. En exécution du Décret Impérial du 19 thermidor an XIII, article II, la caserne fut officiellement remise au préfet.
La dépense du casernement des brigades de la gendarmerie sera par la suite, maintenue parmi les dépenses départementales. Les bâtiments nationaux qui étaient restés affectés à ce service ont été définitivement concédés aux départements par le décret du 9 avril 1811, mais un très grand nombre de casernes demeurèrent tenues à loyer par les départements.
Avec l'Ordonnance du 15 septembre 1815, Louis XVIII réorganisa la gendarmerie en huit inspections, 24 légions et en autant de compagnies que la France comptait de départements. La 13ème Légion, dont le chef-lieux de légion était à Toulouse se composait du 24ème escadron formé par les départements de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne (créé par décret impérial du 21 novembre 1808) et du 25ème escadron, formé par les départements du Gers et des Hautes-Pyrénées. La compagnie de la Haute-Garonne, constituée de 17 brigades dont 14 à cheval et 3 à pied, était commandée par 1 capitaine et 4 lieutenants. L'effectif était de 144 hommes. Le ministre de la Guerre ayant accordé l'installation d'une troisième brigade de gendarmerie à pied à Toulouse, l'ancienne caserne ne suffisait plus à loger les hommes et les chevaux. En 1832, le Conseil général examina un projet d'extension du bâtiment dont la dépense était évaluée à la somme totale de 41 895 francs. Dans cette dépense, étaient compris les frais d'acquisition de deux maisons nécessaires pour l'agrandissement de la caserne. Cette bâtisse qui comptait 14 chambres aurait dû pour les trois brigades en posséder 19 et autant de place dans les écuries pour les chevaux. La demande fut rejetée et discutée les années suivantes sans trouver de solution, mais en 1835, l'administration du département sollicita la création d'une 4ème brigade.
En 1836, la commission chargée de cette affaire proposa au Conseil général, d'acquérir et d'affecter au casernement de la gendarmerie une propriété particulière, située 19 rue Ninau, et désignée, sous le nom d'hôtel de Lévi. Cette proposition fut rejetée mais à nouveau discutée en 1837 car elle présentait deux avantages. Ce bâtiment était à proximité de la caserne existante et son acquisition présentait un coût financier bien inférieur au coût que représentait la construction d'une deuxième caserne sur un terrain libre. L'affaire fût mise à l'étude et le Conseil d'arrondissement demanda au Conseil d'adopter cette mesure, si aucune autre alternative n'était proposée.
Au cours de la séance de 1838, le même
rapporteur, fit une nouvelle fois l'historique de toute cette affaire.
Le constat était tel que l'ensemble des membres de
l'assemblé furent unanimes pour s'accorder à dire que la
situation ne
pouvait
perdurer. Une translation de cette caserne était devenue
indispensable.
Cependant, fallait-il louer, acheter, bâtir ? le Conseil restait
divisé sur
le choix.
L'architecte du département proposa alors d'installer la
gendarmerie
dans le bâtiment du sénéchal à la place du
tribunal de 1er
instance qui devait quitter l'endroit pour s'installer au Palais de
justice.
Malheureusement, cette opération présentée comme
praticable et dont la
dépense était évaluée à 48 090 fr,
ne faisait
nullement mention du défaut de
solidité du bâtiment qui menaçait ruine dans ses
parties les
plus
nouvelles. Par ailleurs, la vente de ce bâtiment devait subvenir
aux
frais du déplacement du tribunal. La Commission estima qu'il
était
plus sage de revenir au projet d'agrandissement et
d'amélioration de la
caserne existante. Dans ce contexte, le préfet mit en place une
allocation de 8 000 fr.
En 1839, monsieur Laurens rendit compte au Conseil,
que
les efforts fait par la commission pour découvrir un emplacement
convenable à la construction d'une autre caserne étaient
restés
infructueux. L'absence de solution, la nécessité de
caserner les
gendarmes et l'établissement d'une nouvelle brigade
à pied à Toulouse, obligèrent le Conseil
général à
louer un bâtiment à un particulier rue des Vases. Deux
nouvelles
propositions furent mises à l'étude.
Celle de monsieur Sans, banquier, qui proposa de bâtir à
ses frais une
caserne entre la rue Mirepoix et la rue du collège royal, puis
de
louer
le bâtiment pendant vingt-neuf ans au prix de 8 000 fr et,
à
l'expiration du bail, de laisser au département la
faculté de
l'acquérir moyennant la somme de 170 000 fr.
Mais quelques membres de la commission ne furent pas d'accord et
soumirent l'idée d'acquérir l'ancien hôtel des
monnaies (actuellement occupé par la place du Salin) qui devait
être
mis à la vente très prochainement. La situation du
bâtiment près du
tribunal et de la prison, son prix et la possibilité de
l'acquérir sans
s'engager dans un bail trentenaire leur semblaient
préférable
à l'offre de
monsieur Sans. Les partisans de cette solution firent aussi valoir que
l'hôtel disposait de grandes écuries, de granges, de caves
et de
logements servant aux anciens employés à la monnaie. On
répond dans
l'intérêt opposé, qu'un département doit
plutôt louer que construire eu
égard à son budget annuel.
Après
une visite à l'ancien hôtel des monnaies, le préfet
et
plusieurs de ses
membres ne furent pas disposés à réaliser cet
achat. Le coût global estimé des travaux
nécessaires à la reconstruction de plusieurs parties du
bâtiment et à sa
remise
à niveau pour être conforme aux exigences d'une caserne
était trop important.
Le Conseil
général conscient de l'état d'insalubrité
et d'exiguïté de la caserne
de gendarmerie, se rangea cependant à l'avis du préfet et
refusa également de
s'engager dans ce projet au coût non
maitrisé qui pouvait obérer le financement de projet plus
profitable.
Sur ce constat, le Conseil abandonna définitivement le projet d'achat de l'ancien hôtel des monnaies (démoli en 1857) ainsi que celui de construire une nouvelle caserne. La proposition de monsieur Sans ne fut pas entièrement évincée et le Conseil préféra sursoir à statuer sur celle-ci. Il invita également monsieur le Préfet à porter à la connaissance du public la décision du conseil de bailler, auprès de personnes intéressées, un bâtiment qui puisse servir de casernement à la gendarmerie. Les propositions seraient soumises au conseil qui accorderait sa préférence à celui qui offrirait pour le moindre coût, le meilleur produit pour le bien du service.
Huit ans plus tard, à la cession de 1840,
monsieur Dabeau,
après avoir rappelé la
position du Conseil sur sa préférence d'un système
de bail à
loyer, exposa les faits suivants :
« MM. Raspaud et Azéma
faisaient
bâtir, sur la place Saint-Michel et sur l'allée du
même nom, une maison
qui, par son heureuse
situation auprès du Palais de justice et des
prisons, son étendue, la solidité de sa construction
déjà fort avancée,
la facilité d'en disposer, les distributions selon les exigences
des
règlements de la gendarmerie, remplissait toutes les conditions
du
programme adopté par le Conseil.
Sous la réserve de son approbation, M.
le Préfet traita pour un bail à loyer de vingt-neuf ans,
avec les
propriétaires, qui ont rempli toutes leurs obligations avec la
loyauté
qu'on était en droit d'attendre d'eux. Des logements y existent
pour
tous les officiers.
Ce local présenterait la
caserne la
mieux appropriée à tous les besoins du service et aux
convenances de
ceux qui doivent l'habiter, si la cours était dans des
proportions qui
pussent permettre à la compagnie de s'y développer. Il
existe un seul
moyen de l'agrandir, qui est de faire d'une maison voisine des magasins
à fourrage. C'est ce
qu'offrent MM. Raspaud et Azéma, sous la condition que le loyer
sera
augmenté de 1 000 fr.»
Cette solution fut adoptée par le Conseil général. Monsieur le Préfet passa avec Raspaud et Azéma un bail à loyer de 29 ans des bâtiments et locaux destinés à la caserne de la gendarmerie de Toulouse, au prix de 10 500 fr. par an. Ce bail prit effet le 1er janvier 1841 et devait se terminer le 31 décembre 1869. Faisant suite à cette décision, et en exécution des articles 4 et 29 de la loi du 21 mai 1838, le Conseil proposa de vendre le bâtiment et les locaux de l'ancienne caserne de gendarmerie. Il autorisa le Préfet à procéder à son aliénation, aux formes de droit, sur la mise à prix de 50 000 fr. Le Conseil proposa que le produit de cette vente soit affecté à l'exécution du projet de translation du tribunal de 1ère instance de Toulouse au Palais de la Cour royale.
C'est en janvier 1841 que les trois brigades à cheval de la gendarmerie abandonnèrent définitivement l'ancienne caserne pour venir s'installer dans le bâtiment en face du Palais de justice. Elles y furent rejointes par les deux brigades de gendarmerie à pied que le Conseil général avait cantonnées dans un bâtiment loué à un particulier sur l'allée Saint-Étienne (actuellement allée Forain-François Verdier) à l'entrée de la rue des abeilles.
Aujourd'hui, ce bâtiment que la gendarmerie n'a cessé d'occuper depuis cette date, est le siège du Groupement de la gendarmerie départementale de la Haute-Garonne.
Une Ordonnance du 22 juin 1841 autorisa l'aliénation de l'ancienne caserne sur la mise à prix de 60 000 fr. Le Conseil général estima que les enchères feraient monter le prix à 75 000 fr. Suite aux troubles du mois de juillet, visant à empêcher le recensement fiscal ordonné par le ministre des Finances Humann, afin de réformer l'assiette de l'impôt sur les portes et fenêtres, la vente fut suspendue. Le bâtiment servit quelques temps à caserner un bataillon de troupe de ligne. Le 5 septembre 1843, il fut procédé à l'adjudication de ce bâtiment, en cinq lots et aux enchères.
Selon le plan général d'alignement de la
ville de
Toulouse, approuvé par l'ordonnance royale du 26
décembre 1842, une
partie du cinquième lot occupait le terrain nécessaire
pour
prolonger
la rue Saint-Jacques jusqu'à l'allée Saint-Étienne.
Le maire, conformément au vœu du Conseil municipal, en
demanda la
cession par une lettre du 22 septembre 1843. Cette demande fut prise en
compte et le préfet l'inséra dans le cahier des charges
sous la forme d'une
clause
obligeant l'acquéreur du 5ème lot ou de la
totalité de l'édifice de
céder aimablement à la ville de
Toulouse et sur estimation contradictoire, la partie du sol de ce lot
qui devait
servir au prolongement de la rue Saint-Jacques.
Après avoir tenté en vain, par trois fois la vente de
l'ancienne
caserne, le Conseil général acquis la conviction que
cette vente ne
pourrait être consommée si la mise à prix de 60 000
fr fixée par
l'ordonnance royale du 22 juin 1840, n'était pas notablement
réduite.
Le Conseil n'eut d'autre choix que de faire appel à l'architecte
du
département pour la rédaction d'un nouveau rapport
estimatif et
détaillé, qui devait permettre de connaître le prix
auquel la valeur de l'immeuble
pourrait être portée avec des chances
d'adjudication. Il ressortit de cette expertise, que la mise
à prix devait être réduite à 40 000
fr.
Après en avoir délibéré, le Conseil adopta
cette estimation et autorisa le préfet à
procéder à de nouvelles mesures pour la vente de ce
bâtiment.
L'ancienne caserne fut finalement vendu le 15 mai 1845
pour la somme de 40 200 fr.
Le nouveau propriétaire aménagea le bâtiment pour ses besoins personnels, mais la ville, dans sa démarche d'embellissement de la cité, entama la procédure qui devait lui permettre de prolonger la rue Saint Jacques jusqu'au foirail. Afin de donner à cette voie sa rectitude, le Conseil municipal décida de faire démolir la tour de Num-César, au grand désespoir du chevalier Alexandre du Mège qui la qualifiait de "remarquable par ses formes, sa hauteur et les souvenirs qui se rattachent à son existence". Une partie du mur sur lequel était appuyé les anciennes écuries et magasins à fourrage fut également démolit.
En 1859, sous le Second Empire, un autre évènement vint modifier la politique générale de la ville. Toulouse fut choisie pour être le siège du 6ème grand commandement militaire. C'est au maréchal de France Adolphe Niel, que l'empereur confiera ce commandement. D'abord installé à l'hôtel Duranti, le Conseil municipal et le Conseil général convinrent d'ériger un hôtel digne du rang du maréchal et de sa prestigieuse fonction. Le 13 mai 1860, la ville céda à l'État les 2/3 du foirail, soit 10 000 m² pour la construction du Palais. Le 30 août 1860, le Conseil général prit à son tour, l'engagement de concourir financièrement à la dépense. L'État pour sa part, acheta une partie des bâtiments adossés aux remparts, bordant les rues Escoussières, Montoulieu et Montoulieu-Saint-Jacques. La vétusté des lieux avait rendu l'endroit insalubre. Les maisons, au nombre desquelles l'ancienne caserne, les remparts et les tours furent voués à la démolition.
De nos jours, il ne reste rien de visible de la première caserne de gendarmerie construite sous Louis XVI. Le corps de logis servant à loger les cavaliers et se situant entre la tour près la porte de Montoulieu et la tour centrale à laissé place au jardin et quelques dépendances du Palais Niel. La seconde partie, destinée aux écuries et magasins, située entre la tour centrale et la tour près la porte Saint-Étienne a disparue au profit de la place Saint-Jacques. Seule, une partie des fondations de la troisième tour est encore visible.
En exécution de la loi du 11 avril 1847, il fut créé cent-quatre-vingt-onze nouvelles brigades à cheval et à pied. Le ministre de la Guerre accorda au département de la Haute-Garonne trois nouvelles brigades, dont deux à cheval et une à pied. Deux brigades à cheval furent destinées à Toulouse, en remplacement des deux brigades à pied dont l'une fut établie dans la commune de Rieumes et l'autre à Salies. La troisième brigade à pied accordée par le ministre, fut établie à Saint-Bertrand.
Le Conseil général dû pourvoir au casernement des cinq brigades à cheval de Toulouse. Raspaud et Azéma, propriétaires de l'actuelle caserne, furent à nouveau contacter pour aménager les locaux suivant les dispositions que la nouvelle mesure commandait. Ils y consentirent moyennant une augmentation substantielle du loyer annuel. Le prix demandé fut âprement débattu par les membres du Conseil général qui l'estimaient trop élevé. La tentative n'eut pas de succès. Mais un compromis fut trouvé. Tout portait à croire que le gouvernement, satisfaisant au besoin du service, accorderait dans un avenir proche, une nouvelle brigade de gendarmerie à cheval à Toulouse. Dans cette perspective, il fut stipulé dans le bail, que le loyer pour installer une sixième brigade n'excèderait pas le cinquième du bail actuel. Les propriétaires s'engagèrent ensuite à mettre le local en état de recevoir les hommes et les chevaux, sans nouvelle indemnité, lorsque cette prévision se réaliserait. Cependant les brigades que le ministre de la Guerre concéda au département les années suivantes, ne furent pas pour Toulouse. A partir de 1850 les cinq brigades à cheval furent installées.
Ce n'est que dix-neuf ans plus tard, le 29 mars 1866, que le ministre de la Guerre, décida de remplacer deux brigades de gendarmes à cheval de Toulouse, par trois brigades de gendarmes à pied. Les propriétaires, Azéma et Raspaud, étaient disposés à faire exécuter les travaux d'appropriation, à la double condition que le bail en vigueur, qui devait prendre fin, le 31 décembre 1869, soit immédiatement renouvelé pour trente années, et qu'il leur soit accordé une augmentation de loyer pour le porter à 16 000 fr. Face à leurs exigences, la construction d'une nouvelle caserne fut à nouveau mise en discutions pour savoir si cette option ne serait pas plus avantageuse pour le département. Cependant, dans l'attente de sa réalisation, ce projet obligeait le département à prendre à loyer un autre immeuble afin de caserner la brigade supplémentaire. Finalement, sur les directives de l'architecte départemental, les propriétaires consentirent de faire exécuter l'agrandissement du bâtiment existant et les aménagements nécessaires pour l'hébergement de cette nouvelle unité pour un loyer annuel de 12 000 fr. Cette extension, fit l'objet d'un nouveau bail conclu à partir du 4 avril 1867, et engagea le département pour 30 années consécutives, devant se terminer le 31 mars 1897.
Le 22 novembre 1866, le ministre de la Guerre ordonna l'établissement de barreaux de fer aux fenêtres du rez-de-chaussée des bâtiments servant au casernement de la gendarmerie. Les propriétaires s'exécutèrent et adressèrent une réclamation au Conseil demandant que le montant de la dépense, qu'ils portaient à 12 000 fr, soit supporté par le département. Ces travaux non prévus dans les conditions du bail pouvait en effet faire l'objet d'un remboursement, mais le conseil considéra que les avantages d'un bail de trente années, compensaient largement la dépense. Néanmoins, il tint compte de ce supplément de dépense non prévu au moment du bail et vota une augmentation de loyer qu'il porta à 12 300 fr par an. Dès 1867, Toulouse comptait trois brigades à cheval et trois brigades à pied.
Au mois d'août 1870 et par ordre du ministre de la Guerre, plusieurs gendarmes furent envoyés à l'Armée du Rhin et remplacés par d'autres gendarmes qu'il fallut caserner du 25 août 1870 au 5 octobre 1871. Eu égard à cet épisode difficile, à l'augmentation de la population toulousaine et à la proximité avec l'Espagne, le Préfet demanda en 1873, la création de nouvelles brigades pour Toulouse. Il reçu du ministre, l'assurance d'en obtenir trois ou quatre supplémentaires sur les cent nouvellement créées.
Pour faire face à cette augmentation, il parut
important au Conseil général de pourvoir le plus
tôt et le plus économiquement
possible au
logement de ces brigades. L'insalubrité et
la vétusté de la prison départementale ayant
conduit le conseil général
à en construire une nouvelle rue Saint-Michel, le Préfet
proposa à la
séance de 1874, d'installer les
nouvelles brigades dans les locaux de l'ancienne prison appelée
maison
de Justice. Ce bâtiment, disait-il, "présente
l'avantage de n'être éloigné ni de la caserne
actuelle, ni des prisons.
Sa particularité d'être adossé au tribunal,
constitue pour ce dernier
une sauvegarde non négligeable en l'isolant de tout
édifice
particulier, et il permet également de mettre à l'abri
d'accidents si
fréquents dans les villes, bon nombre de documents
précieux".
Ce projet s'inscrivait dans un plan plus général. Son
ambition était de permettre, à la fin des baux liant
le Conseil général à Azéma et Raspaud,
de regrouper tout l'effectif de la gendarmerie en résidence
à
Toulouse dans un édifice départemental.
Sur ce projet à long terme, il fut demandé à M.
l'architecte de concevoir l'appropriation du bâtiment en
conséquence.
L'investissement nécessaire à la
réhabilitation complète du bâtiment afin d'y
caserner toutes les brigades de la ville ne pouvait se
révéler profitable qu'à la condition de mettre un
terme aux baux qui liaient
Azéma et Raspaud au département. En effet, faute d'un
arrangement, une
grande partie du bâtiment nouvellement aménagé,
resterait inoccupée en attendant la fin des baux, soit 22 ans.
Compte tenu des nombreux travaux qu'ils avaient
réalisés pour héberger les brigades, les
propriétaires refusèrent de résilier les baux.
Finalement
le Conseil général décida d'aménager
sommairement qu'une partie de l'infâme bâtisse afin de
permettre l'installation du chef de Légion et de cinq brigades.
Les
quatre
nouvelles, accordées par décision ministérielle du
11 mars 1875, et une des trois brigades, logée trop à
l'étroit dans la caserne existante.
Ce n'est qu'en 1876 que les travaux
d'appropriation de l'ancienne prison en caserne de gendarmerie prirent
fin. Le budget initialement prévu fut sérieusement
augmenté par des travaux supplémentaires. L'état
de délabrement était tel qu'au
cours de la réhabilitation, le premier étage
menaçant ruine du être étayer et l'architecte
dû faire reprendre l'ensemble des planchers et carrelages, puis
se furent les poutres soutenant le plancher au dessus des caves qui
s'affaissèrent et qu'il fallut consolider entrainant la
reconstruction
des cloisons.
La même année, les cinq brigades de gendarmerie à
pied et le commandant
de Légion s'installèrent
dans les locaux remaniés de l'ancienne prison. L'année
suivante, deux
autres brigades à pied furent affectées à la
Ville. Toulouse comptait
désormais trois brigades à cheval et sept brigades
à pied.
Par
décision ministérielle du 23 février 1880, la
brigade à cheval de la commune de Rieux permuta avec la
7ème brigade à pied de Toulouse. Notons que le 12 avril
suivant le Général FARRE, alors ministre de la guerre,
décida qu'il serait apposé sur toutes les casernes de
gendarmerie
départementale
l'inscription « Gendarmerie Nationale ».
Les dix brigades de
Toulouse seront maintenues jusque dans les années 1930. Les
brigades à cheval disparaitront au profit de
brigades à pied qui seront à leur tour
motorisées.
En août 1893, le préfet de la Haute-Garonne saisissait le Président du Conseil général pour qu'il se préoccupasse au plus tôt du devenir de la caserne de gendarmerie à cheval. Le bail de cette caserne, passé avec Azéma et Raspaud en 1867, représentés alors par les dames Domengeau-Viguerie et Veuve Mignot de Guilhem prenait fin le 31 mars 1897. Plusieurs options furent mises en discutions.
Les propriétaires actuels proposèrent dans un premier temps de louer au département l'immeuble, mais refusaient obstinément d'exécuter les réparations et modifications rendues nécessaires pour le bien des familles et du service. Cette offre fut rejetée. Elles proposèrent ensuite de vendre l'immeuble au prix de 325 000 fr. Mais cela ne résolvait pas le problème de l’exiguïté des lieux et cet inconvénient obligeait le département à acquérir d'autres immeubles ce qui augmentait fortement le prix initial. Cette proposition fut également rejetée. Le conseil demanda ensuite à l'architecte du département d'étudier la possibilité de construire une nouvelle caserne sur l'emplacement de la caserne de gendarmerie à pied. L'étude montra, que la surface disponible était insuffisant pour y loger tous les services de la gendarmerie et cette possibilité ne fut pas retenue.
Le bouche à oreille faisant son chemin, plusieurs propriétaires proposèrent la vente de terrain pour la construction d'une caserne. Parmi les propositions, celle de Lacroix retint l'attention du Conseil car elle paraissait la plus sérieuse et la plus favorable aux intérêts du département. La seule objection que l'on pouvait faire à celle-ci, était l'éloignement de ce terrain du centre ville. Il était alors situé presque en face la nouvelle prison, à l'extrémité de la grande rue Saint-Michel. La construction d'une nouvelle caserne paru malgré tout la plus séduisante et le Préfet d'ajouter que dans cette perspective, le département vendrait la caserne de gendarmerie à pied pour regrouper tous les gendarmes dans un même bâtiment. La 4ème commission du Conseil général, chargée de cette affaire, décida de provoquer par voie d'affiche de nouvelles offres de terrains et de renvoyer les débats à la session suivante.
Au cour de la séance d'août 1894, le
Conseil général examina à nouveau le dossier de la
caserne à cheval de la ville
de Toulouse depuis nommé
hôtel Viguerie du nom de son principal propriétaire.
Malgré les annonces réitérées dans les
journaux, aucune proposition de location ou de construction n'avait
été faite au département pour l'aménagement
d'une nouvelle caserne. L'expiration très prochaine du bail,
obligeait le Conseil général à prendre une
décision définitive au cours de la session.
Les
propriétaires de l'hôtel Viguerie proposèrent de
vendre cet immeuble au prix de 315 000 fr pour une superficie de 3 380
m². Cette solution fut à nouveau mise à
l'étude. La
possibilité de pouvoir y loger les gendarmes ne pouvait se faire
qu'à la condition de redistribuer entièrement le
bâtiment pour le mettre aux normes de l'époque, de
remplacer les planchers, les cuisines et reprendre toutes les
cheminées entrainant la réfection complète de la
couverture. Elle restait malgré tout insuffisante pour les
bureaux, les
magasins et écuries et il fallait envisager d'acheter des
terrains avoisinants pour la construction des pièces et
écuries manquantes.
La vétusté de l'immeuble, les nombreux
défauts
qu'il présentait dont celui d'être bâti en mortier
de terre, sa réhabilitation complète, l'achat de terrains
pour la construction des dépendances et les dépenses
imprévisibles permettaient d'estimer le coût du projet
à 640
000 f.
La proposition de Lacroix fut rejointe par celle de Delmas-Demouilles
qui proposa le 9 août 1894, un terrain
allée des
Demoiselles. Le projet de caserne, dressé par l'architecte du
département sur ce terrain, démontrait sa
supériorité à tous ceux qui avaient
été étudiés
auparavant. Il répondait aux intérêts du
département qui disposerait alors d'une caserne neuve, bien
située et répondant à tous les besoins du service.
Cette solution estimée à 630 000 fr serait
diminuée
par la vente de la gendarmerie à pied. C'est dans cette
perspective
que le commission proposa au Conseil d'adopter les plans de la nouvelle
caserne dessinée par l'architecte départemental Thillet,
l'aliénation de la caserne de gendarmerie à pied,
d'autoriser le Préfet à contracter au nom du
département un emprunt et d'inscrire au budget de 1895, les
sommes à débloquer pour les travaux et celles
destinées à rembourser
l'emprunt.
Amilhau, membre du Conseil, proposa de rejeter cette solution car il considérait qu'elle présentait plusieurs inconvénients. Il exposa qu'en 1882, le terrain Delmas-Demouilles proposé à l'autorité militaire pour y construire une caserne avait été rejeté par le colonel du Génie pour cause d'insalubrité. Ces mêmes raisons existaient encore et restaient dues aux eaux putrides et nauséabondes servant au lavage des bateaux et au curage du canal. Cette considération établie, il appela l'attention de ses collègues sur la lettre adressé par le commandant la 17ème légion de gendarmerie au président de la commission départementale. Dans ce courrier, le colonel Telle précisait « qu'en casernant la gendarmerie au pont des Demoiselles, il y aura lieu de chercher à racheter la grosse difficulté de l'isolement et des distances par l'établissement d'une voie ferrée de tramways ». Que ce choix entrainerait également l'établissement d'une ligne de téléphone reliant « la préfecture à la caserne avec fils sur le Quartier Général, la mairie, le parquet... », enfin que si ce terrain était choisi, il serait nécessaire de créer un manège pour les cavaliers.
Une seconde lettre, rédigée par le chef
d'escadron
Rodié, commandant la compagnie de la Haute-Garonne, argumentait
en ce sens. Le chef d'escadron expliquait que par sa situation entre le
canal, la voie ferrée et le mur d'octroi, la Gendarmerie pouvait
être facilement bloquée en cas d'émeute. Que le
nombreux public ayant à faire aux services de la gendarmerie "serait astreint à des
déplacements considérables".
Enfin que les gendarmes et leurs familles se trouvant dans un quartier
isolé, auraient d'énormes difficultés
d'approvisionnement et de scolarisation.
À l'appui de ces
précisions, le chef de Légion fit
« remarquer
très courtoisement à M. le Préfet de la
Haute-Garonne que toutes les décisions prises jusqu'ici au sujet
du casernement de Toulouse l'ont été en dehors du chef
d'escadron commandant la compagnie de la Haute-Garonne, lequel a dans
ses attributions spéciales l'assiette du logement des brigades
et les détails qui en résultent.
Si donc le Conseil
général se passe du concours et des lumières du
commandant de la gendarmerie du département, il aura ensuite
mauvaise grâce à accuser cet officier supérieur des
difficultés qui pourront surgir ultérieurement ».
Amilhau exposa par la suite les considérations qui lui faisaient préférer le projet de concentrer toute les brigades de Toulouse dans la caserne de la gendarmerie à pied nommé "projet du Palais". En renonçant à loger les officiers, en réduisant la cour intérieure, en installant les logements au dessus des écuries, la dépense serait de 620 000 fr et au besoin, on pourrait recourir pour les maisons attenantes, à la voie de l'expropriation pour une éventuelle extension. Un des membres du conseil demande alors s'il est bien rationnel de construire une caserne mixte (pour les brigades à pied et celles à cheval). En conservant la caserne à pied existante, le conseil ne devrait se préoccuper que de celle à cheval. Une voix s'éleva, celle du conseiller Lannes qui fit remarquer que l'appropriation de l'ancienne prison en caserne de gendarmerie avait atteint ses limites. Même si ces travaux n'avaient qu'une vingtaine d'années, les lieux étaient insalubres au point que tous les enfants y étaient malades. La moisissure avait envahi le bâtiment qui était devenu malsain.
À La séance du 28 août 1894, l'idée d'une nouvelle caserne mixte commença à s'estomper tandis que celle de racheter l'hôtel Viguerie fut remise en discutions. Malgré toutes les objections émises au début de cette affaire, ce bâtiment présentait l'avantage d'être bien situé et le maintient de ces deux casernes concourait à l'intérêt du quartier Saint-Michel. Le conseiller Gamelsy proposa à nouveau d'acheter l'immeuble Vigueri et de lui apporter les modifications et réparations nécessaire puis de consacrer une partie de l'emprunt à l'amélioration et à l'assainissement de la caserne de gendarmerie à pied. Le Conseil général se trouverait ainsi propriétaire des deux casernes.
Le conseiller Lannes insista sur la construction d'une nouvelle caserne ce qui permettrait de réunir toutes les conditions d'hygiènes que n'offrait pas l'immeuble actuel et de rappeler « La caserne de gendarmerie à pied est dans un état déplorable et ne sera jamais bien salubre. Elle pourrait peut-être convenir à de simples soldats qui ne restent presque pas dans les chambres, tandis que les gendarmes ont leurs femmes et leurs enfants qui sont obligés d'y vivre constamment. Pourquoi les exposer à ces dangers lorsque, avec le même argent, on peut avoir une caserne neuve au lieu d'un vieil immeuble ? ». Cette considération eut pour détracteur Dispan de Florant qui se préoccupait davantage de stratégie mais Amilhau, conscient « que les logements de cette caserne sont infects et dont certains n'ont qu'une petite lucarne pour s'éclairer » resta convaincu que l'emprunt pouvait couvrir les frais d'acquisition de l'immeuble Viguerie et les travaux d'aménagement, d'hygiène et de salubrité à effectuer dans les deux casernes.
Le préfet Laroche prit la parole et déclara « que l'administration n'ignorait pas l'état d'insalubrité dans laquelle se trouvait la Gendarmerie ; que cette situation était intolérable et que la caserne nécessité de profondes modifications ». mais pour ne pas « peser d'une façon quelconque sur le Conseil général », l'Administration s'est toujours abstenue de soulever le problème. Sur ce constat, le conseiller Gamelsy lui demanda de faire réaliser par l'architecte du département, les projets de réparations à réaliser dans la caserne de gendarmerie à pied « afin de mettre fin au spectacle déplorable qu'offre cette caserne ». Le Président mit au vote les propositions de Gamelsy qui consistaient à acheter ferme l'immeuble Viguerie, à y faire les réparations nécessaires pour donner une pièce de plus à chaque famille en supprimant le logement des officiers et à conserver la caserne de gendarmerie à pied.
Sur les 26 votants, 17 votèrent « pour » et 9 « contre ». À l'issu du vote, le Conseil général autorisa le préfet à emprunter la somme de 400 000 fr.
Suite à la décision prise par le Conseil le 28 août 1894, le ministre de la Guerre adressa au préfet de la Haute-Garonne, le 12 septembre suivant, une lettre dans laquelle il priait vivement le Conseil de ne pas maintenir l'exclusion faite au capitaine commandant l'arrondissement, au chef d'escadron commandant la compagnie et au chef de Légion. Il estimait, bien que les textes ne prévoyaient pas de loger ces officiers dans les casernes, qu'il était dans l'intérêt du service et de la discipline, qu'ils demeurent à coté de leurs hommes.
Avec l'Ordonnance
du 1er août 1770,
Louis
XV avait ordonné que chaque cavalier puisse disposer d'une
chambre avec cheminée. Malgré l'article 208 du Code
civil, promulgué par la loi du 27 mars 1803 qui dispose que
« la femme est obligée
d'habiter avec le mari et de le suivre par-tout où il juge
à-propos de résider », le décret du
18 février 1863 fixait toujours dans
son article 361 à « deux
chambres dont une à feu et un
cabinet » pour le commandant de la brigade et à
« au moins une chambre
à feu et un cabinet » pour les gendarmes.
Conscient de l'exiguïté des lieux, le Conseil
général décida de ne pas loger ces
officiers qui recevaient pour cela une indemnité de logement,
afin d'assurer à chaque famille de
gendarme une troisième pièce. Cette
solution permettait l'aménagement de cinquante-deux logements de
trois pièces et des services généraux.
Pour répondre aux sollicitations du ministre, le préfet demanda à l'architecte du département Thillet, de réaliser des plans en ce sens, avant l'ouverture de la cession. Pour la caserne de gendarmerie à pied, l'architecte proposa qu'un deuxième bâtiment, semblable à celui situé en bordure de la place intérieure Saint-Michel (aujourd'hui place du parlement) soit construit en bordure de l'allée Saint-Michel (aujourd'hui allée Jules Guesde). Ces deux bâtiments seraient reliés entre eux par un motif en pan coupé dans lequel serait établie l'entrée de la caserne. Pour assainir complètement et définitivement la caserne, il projetait de démolir l'enchevêtrement de petites constructions et de cours exiguës construites pour les besoins de la prison et de créer une cour spacieuse. Enfin, de construire dans cette cour, un bâtiment d'un étage de façon à « diminuer le moins possible l'accès de l'air et de la lumière dans la caserne et le palais de justice avoisinant » et servant plus particulièrement aux dépendances et chambres de sûreté. Ainsi établie, la caserne contiendrait vingt-sept logements de trois pièces chacun, l'appartement du commandant situé au premier étage de l'aile bâtie en bordure sur l'allée Saint-Michel, ses bureaux et ceux de son secrétaire, deux chambres de sûreté, le bureau militaire, le poste et ses dépendances.
Pour la caserne à cheval, l'aménagement
devait permettre de placer au rez-de-chaussée les bureaux de
l'adjudant, des archives, du matériel de mobilisation et trois
logements. L'entresol et au premier étage, alors occupés
par le logement
des officiers, ne subirait aucune modification. Le deuxième
étage serait redistribué à l'exception
du logement et du bureau du capitaine trésorier. Une salle de
théorie serait installée au-dessus de la
buanderie et une salle des nouveaux admis devait être
créée dans des locaux situés au troisième
étage. L'ensemble bénéficiant d'une remise
en état, y compris la réparation des planchers, la
réparation et la peinture générale des
façades extérieures et la mise en état des
toitures et du pavage. La caserne Viguerie ainsi aménagée
et réparée comprendrait, tous les services
généraux et les vingt logements nécessaires aux
gendarmes à cheval.
La commission en charge de ce dossier proposa au Conseil d'accepter le projet présenté. Le conseiller Leygue se prononça contre car disait-il « le fait de loger les officiers nous amènerait le renouvellement des anciens inconvénients ». Plusieurs autres conseillers de rangèrent à son opinion et au terme de nombreux échanges la proposition de loger le capitaine commandant l'arrondissement, le commandant de la compagnie et le chef de Légion fut rejetée. Les arguments développés par le général en chef saisit de cette affaire, n'y changèrent rien. Suite à des échanges appuyés entre les conseillers, le Président fit remarquer que le Conseil général « n'a pas pour habitude de se déjuger ». Cependant, les travaux n'ayant pas encore commencés et pour donner satisfaction au ministre de la Guerre, le Président donna lecture du rapport et mit ensuite aux voix. Les conclusions du rapport furent rejetées.
Une loi du 20 mars 1896 autorisa le Conseil général à emprunter 400 000 fr pour acquérir l'immeuble Vigueri dans lequel était logé la caserne de gendarmerie à cheval. Cette somme devait également permettre de mener à bien les travaux d'aménagement et d'assainissement des deux casernes. L'immeuble fut acquis au prix de 250 000 fr et devint un bâtiment départemental en 1897.
Le
chantier de construction et de rénovation de la gendarmerie
à pied fut mis en adjudication le 28 mars 1896 et les travaux
débutèrent au mois de mai suivant.
Dessinée par
l'architecte départemental Thillet, l'entrée
principale de la caserne à pied fut surplombée d'un magifique
frontispice
réalisé par le sculpteur toulousain Alexandre
Laporte.
Toulouse conservera encore de nombreuses années ses deux casernes de gendarmerie, mais une loi du 22 juillet 1921 allait modifier très significativement l'assiette du casernement de la gendarmerie toulousaine...
La place située devant le groupement de gendarmerie départementale de la Haute-Garonne porte aujourd'hui le nom de "Place Lafourcade".
À l'origine, elle fut baptisée place Saint Michel du nom de l'église Saint Michel qui était en son temps le principal monument des lieux. Après la révolution, le conseil de la ville et suivant l'air du temps voulu la nommer « la place des Sans-Culottes » mais finalement le tableau de l'an II choisit « la place du Triomphe ». Quelques années plus tard elle reprendra le nom de Saint Michel. Pour différencier la partie située devant le palais de justice, de celle située devant la caserne de gendarmerie, elle sera nommé respectivement de « Place intérieure Saint Michel » et « Place extérieure Saint Michel ». Cette dénomination ayant été faite par rapport à la position de l'ancienne porte du château Narbonnais.
Par une délibération du 28 juillet
1933, le conseil municipal attribua le nom de « Place Lafourcade »
à la place
extérieure Saint Michel. Marc Antoine Auguste Lafourcade est
né à Beaumont de Lomagne (82) le 27 avril 1850.
Sorti
major de sa promotion de l'École Normale, il fut nommé
directeur de l'école du Grand-Rond puis, en 1885, promu
directeur de l'École supérieure professionnelle et
commerciale, rue des Trente-six ponts (cette école sera
transférée et deviendra le lycée Berthelot). Il
décède à Toulouse le 6 mars 1921. Premier
directeur
de l'École Supérieure
de Garçons de Toulouse, il prodiguera son enseignement de 1885
à 1910.
Le conseil municipal fut guidé dans son choix par un sentiment affectif qu'il portait à ce républicain convaincu. Beaucoup d'entre-eux, au nombre desquels le maire Étienne Billières, furent élèves de Lafourcade.
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