Le casernement ayant été mis à la charge des budgets départementaux depuis la loi du 22 juin et 22 juillet 1791, la gendarmerie avait été installée assez facilement dans des casernements répondant au faible effectif des brigades. Avec la création de la garde républicaine mobile, le casernement prend des proportions bien plus importantes. Il a besoin de bâtiments plus vastes pour loger des formations plus étoffées avec leurs familles, de garages pour les véhicules, de grandes écuries et des bâtiments particuliers dont les spécifications techniques furent précisées par la notice du 14 juillet 1933 accompagnée d'un plan de masse déterminé et de normes de construction type.
Devant l'effort insuffisant des départements,
la loi
de finances du 31 mai 1933, autorisa dans son article 144, les
municipalités ou toutes autres collectivités publiques ou
privées
étrangères à l'arme à financer la
construction des casernements de la
garde républicaine mobile. Bien qu'un certain nombre de
convention
furent passées en ce sens, le gouvernement par la loi de
finances du 22
mars 1934, mit dès l'année suivante, le casernement
à la charge de
l'État.
Les conditions d'installation progressives des
unités
de gendarmerie ainsi que le choix des résidences se firent principalement
en fonction des facilités d'aménagements des
bâtiments existants, mais
également en fonction de la disponibilité de terrains
constructibles.
Cette incontournable
contrainte ne permit pas toujours de prendre en compte les notions
d'articulation
entre unités, ni celles de leur répartitions en vue de
leur emploi,
plaçant même au second plan l'organisation
défensive des nouvelles
casernes. Comme les autres légions, la 12e
Légion de Garde Républicaine Mobile se heurta à
cet épineux problème
lorsqu'en novembre 1937 elle s'installa à Toulouse.
En 1939, la Garde républicaine mobile dont l'effectif avait
atteint 20
500 hommes (pour un effectif théorique de 27 000)
articulés en 163
escadrons, était logée dans 236 casernes
aménagées ou construites
spécialement.
Cela faisait tout juste deux ans que la 12e Légion de Garde Républicaine Mobile s'était installée d'une façon provisoire dans les immeubles du Boulingrin à Toulouse lorsque le 3 septembre 1939 la France entra en guerre contre l'Allemagne. L'armistice du 25 juin 1940 chassait la Garde de la zone Nord pour ne conserver que 6 000 hommes en zone sud, articulés en 48 escadrons et formant d'abord 3, puis 6 légions en 1941. L'invasion du 11 novembre 1942 devait encore l'amoindrir pour regrouper ensuite ses restes en forces de maintien de l'ordre avec les GMR et la Milice française.
Reconnue par le Gouvernement Provisoire de la République Française dans une ordonnance signée à Alger le 5 juillet 1944, la « Garde » qui prit l'appellation de « garde républicaine » le mois suivant, fut à nouveau fusionnée avec la gendarmerie en janvier 1945. Elle retrouva à cette occasion son ancien statut, défini par le décret du 10 septembre 1935. Le gouvernement décida de lui faire réintégrer ses anciens casernements. Á la libération, un état général des casernes fut dressé. Plusieurs d'entre elles avaient été détruites et de nombreuses autres avaient été plus ou moins gravement endommagées par les bombardements. Cependant, celles qui n'avaient pas été détruites, étaient occupées par l'Armée, les administrations et la population civile. Eu égard aux faibles ressources budgétaires du moment, il ne pouvait être envisagé de nouvelles constructions.
Le problème du casernement ne devait cependant pas obérer l'action de la Garde et il était urgent d'en reconstituer ses effectifs. Constituée de 6 000 hommes en 1944, il fut décidé d'augmenter progressivement ce corps pour atteindre 12 000 hommes en 1950, afin de former 85 escadrons. Ces nouvelles unités, réintégraient, non sans mal, les anciennes casernes d'avant guerre qu'il fallut dans un premier temps vider de leurs occupants. Leur récupération s'avéra être une tâche des plus délicate et difficile, car c'était sans compter sur la résistance des occupants dont beaucoup avaient tout perdu. En 1950, 32 casernes de la garde républicaine restaient toujours occupées par la gendarmerie départementale, 70 autres l'étaient par les cadres de l'armée et des civils et 44 étaient entièrement occupées par la population civile. Cela représentait 47% du parc (cette occupation privée la garde d'environ 3 000 logements). C'est dans ces conditions que la réintégration de plus de 50% des nouvelles unités de garde républicaine mobile s'effectua au hasard des résultats de la récupération et non en fonction des besoins d'emploi.
La guerre n'avait pas profondément modifiée le casernement de la Garde et de la gendarmerie départementale à Toulouse. La Garde restait cantonnée dans les immeubles du Boulingrin loués à l'office des habitations bon marché, tandis que la gendarmerie départementale logeait toujours dans les casernes départementales de Saint-Michel nord place du parlement (adossée au palais de justice), de Saint-Michel sud située place Lafourcade. La seul changement résidait dans ce qu'il fut appelé les « brigades satellites ». Leur création fut décidée le 30 novembre 1943, pour faire face à l'augmentation de la population toulousaine. C'est dans ce contexte que la brigade de Toulouse-Cépière (route de lombez) à l'effectif de six fonctionna officiellement dès le lendemain. La brigade de Toulouse-Croix-Daurade ouvrit ses portes le 21 mars 1945. Ramonville-Saint-Agne se mit à disposition du public le 1er mai 1945. Pin-Balma, qui prit par la suite l'appellation officielle de Balma, explorait sa circonscription dès le 14 mai 1945. Elle devait s'installer le 14 novembre 1945 au château de la Garde à Balma. La brigade des Recherches qui travaillait officieusement depuis le 15 avril 1946 fut officiellement créée le 31 juillet 1946.
En 1950, l'effort vers le retour progressif aux résidences d'avant guerre se poursuivait toujours.
Après l'euphorie du jour V, la France restait
plongée
dans des difficultés insurmontables dont celle de l'habitat.
Toulouse
n'échappait pas à la tourmente et son important
déficit en logements dû
à l'afflux de réfugiés était l'une des
principales charges des élus et
des autorités administratives. Pour faire face à cette
situation
inextricable, une loi du 1er septembre 1948 exigera
l'évacuation
des
H.L.M. par les administrations publiques. Ce texte ne visait que
les
locaux afférents au fonctionnement des services publics et non
ceux
servant de logements d'habitation.
Cependant la détresse de cette époque était telle, que cette pénurie faisait courir les rumeurs les plus folles. La Garde républicaine qui, ne disposant pas de caserne logeait dans les immeubles du Boulingrin, était régulièrement fustigée notamment par les candidats briguant quelques mandats électifs. De fausses informations circulaient sur l'occupation réelle des logements. C'est ainsi qu'en 1948, à la suite d'une lettre signalant qu'une quarantaine de logements étaient inoccupés dans la portion réservée à la Garde, le colonel Gendrault commandant la Ve Légion de Garde républicaine, adressa au général commandant la Ve région militaire un compte-rendu pour lui confirmer que les 140 officiers et sous-officiers composant les états-majors de la 5e Légion, du 1er groupe d'escadron et du 1er escadron ainsi que l'effectif des deux pelotons composant cette unité (le troisième étant en résidence à Saint-Gaudens), occupaient effectivement tous les logements qui leur avaient été attribués. Cet état ne satisfit pas le préfet de la Haute-Garonne, Inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire. Le 19 janvier 1949, il saisissait à nouveau le général commandant la Ve région militaire de cette question et demandait qu'une commission soit autorisée à visiter les locaux occupés par la garde républicaine. Cette autorisation ayant été accordée, la commission composée d'un délégué de la préfecture, de la Mairie de Toulouse et des habitations bon marché, du colonel commandant la subdivision de Toulouse représentant le général, visitait tous les logements occupés par la garde. À l'issue de la visite, la commission déclara qu'elle avait été renseignée « de façon tendancieuse et que l'occupation était conforme aux clauses du bail ».
Pour débloquer rapidement la
situation et mettre fin à toutes suspicions, la garde
républicaine devait disposer de sa caserne. C'est à cette
charge que le service du Génie s'employait sans
relâche. Mais son étude sur
la nouvelle caserne avait dû être remaniée à
plusieurs reprise, de
façon à
intégrer de nouveaux paramètres dont celui de la
construction
d'immeubles pour les cadres de l'armée(1) et celui
de l'abandon
du cheval au profit de la motorisation des unités(2).
Dressé par le chef de bataillon Champagne, le
premier
plan de masse
de la nouvelle caserne fut définitivement approuvé le 17
mai 1952 par
le secrétaire d'État à la Guerre qui demanda au
colonel Courrière,
commandant et directeur du Génie de la 5e
Région
militaire de débuter
les travaux. Fort de cette nouvelle, la question du relogement de la
Garde
républicaine
fut à nouveau discutée en 1953 afin de savoir dans quelle
mesure on
pourrait réduire le nombre de logements qu'elle occupait
à Boulingrin
dans l'attente de son transfert. Cependant ses
effectifs ne cessaient d'augmenter ainsi que ses dotations en
matériel
et véhicules, impliquant de nouveaux besoins en logements,
garages et locaux de service.
Pour l'heure, ces matériels et véhicules étaient
dispersés dans les différentes caserne de la ville.
L'autorisation d'engagement des travaux de construction de la nouvelle
caserne, donnait quelques assurances aux
élus
locaux, qui estimaient que la libération des logements du
Boulingrin n'était qu'une affaire de quelques mois.
C'était sans compter sur le caractère imprévisible
des
évènements.
(1)
Dans cette période d'après-guerre, les cadres
de l'armée soumis à de fréquentes mutations
n'échappaient pas au
problème du logement. Le gouvernement décida de
dégager sur l'emprise
de la caserne Courrège, en
bordure
de l'avenue Saint-Exupéry, une parcelle de 1 ha 24 a pour la
construction de logements leurs étant réservés.
L'utilité publique de cette construction fut prononcée
par décret du
21 mars 1949. Pour dégager de
l'espace, le
Génie du augmenter le nombre d'étages des immeubles
destinés à la Garde
républicaine mobile et
resserrer leur
implantation.
(2) Jusqu'en 1943, les unités étaient dotées de matériels au fur et à mesure des besoins. Il n'y avait pas de plan d'ensemble. La Libération accroit cet équipement fatigué, d'abondantes récupérations. Une codification sera mise en place lors du tableau de dotation et d'effectifs (T.E.D) du 3 septembre 1945. Il étoffera l'armement léger définit au premier T.E.D. et augmentera d'une manière significative les moyens autos et radios.
Même si, en ce début des années
1950, la dotation
existante en matériel et véhicules était loin de
correspondre à la
dotation théorique, le processus de mécanisation
était désormais
irréversible. Cette incontournable évolution, qui
obligeait
les
échelons locaux à s'adapter en permanence, fut à
l'origine du choix du premier bâtiment construit à
Courrège. Ce fut un
grand atelier de mécanique destiné à la
réparation des
véhicules de dotation
afin de libérer de l'espace dans les autres casernes de la ville
mais également dans un soucis de préserver le
caractère opérationnel des
unités. Cette
construction commencée en 1953 prit fin en mai 1954.
Ce bâtiment terminé, un premier immeuble
à usage
d'habitation
comprenant 90 logement fut mis en chantier au début de
l'année 1954,
afin
de pouvoir libérer une grande partie des
logements du Boulingrin. Sa
construction s'acheva au printemps 1956. La mutation
mécanique
et matérielle de la gendarmerie impliquant la création de
nouvelles
surfaces et d'unités spécialisées amenèrent
les autorités militaires à
redéfinir dès le mois de mai 1955, un nouveau
schéma directeur pour traiter le problème du casernement
de la gendarmerie à Toulouse. La situation du moment avait
permis
de définir les
bâtiments nécessaires pour accueillir le commandant
régional et son État-major, les unités de
gendarmerie mobile à savoir un État-major de
légion et son escadron hors rang, un état-major de
groupe, un escadron complet enfin une centaines d'officiers et de
sous-officiers de la gendarmerie départementale logés
hors caserne et appartenant aux diverses unités
implantées dans la ville. Mais cette prévision
incomplète, du fait qu'elle ne tenait pas compte des besoins de
la gendarmerie départementale en locaux de services, en
ateliers, garages, magasins etc... fut bien vite remise en cause par
deux nouvelles décisions ministérielles.
Alors que le premier immeuble à usage
d'habitation était en voie d'achèvement, le ministre
décida en février 1956, d'implanter
à Toulouse un deuxième escadron de gendarmerie mobile qui
prit l'appellation de 6e escadron de la 5e Légion de
Gendarmerie
Mobile (numéroté : escadron 6/5). Il fut officiellement
créé par
décision ministérielle no 36 349_DN/ GEND.T du
10
octobre 1955.
Cette nouvelle unité fut en partie constituée par les personnels provenant de la dissolution du 1er escadron mixte de la 1ère Légion de gendarmerie d'intervention stationnée en Allemagne qui avait été créé à l'issue de la guerre. Au terme des traités internationaux, ces unités étaient rapatriées petit à petit en France. Composée de deux pelotons de marche et d'un peloton hors rang, elle eut pour premier commandant d'escadron le capitaine Sourgnes. Cet escadron devait par la suite et suivant la décision ministérielle no 44.870/GEND.T. du 9 novembre 1950 être porté à trois pelotons de marche. Contre toute attente, le gouvernement décida de l'installer dans le premier immeuble construit à Courrège au cours de l'été 1956, laissant l'ensemble des autres unités à Boulingrin. Faute de financement supplémentaire, le chantier fut mis en sommeil de la fin 1955 à 1957. L'installation de la garde républicaine dans les immeubles du Boulingrin, de provisoire qu'elle était, semblait être devenue définitive au fil des reconductions du bail.
Quelques mois plus tard, il fut également
décidé de créer à Toulouse une section
d'hélicoptères(1) et de la rattachée
administrativement à la
5e
légion de gendarmerie mobile.
À la suite de ces décisions, le colonel
Degré commandant régional de la gendarmerie de la Ve
région
militaire, adressa le 15 février 1957 au ministre de la
défense nationale et des forces armées, un rapport dans
lequel il proposa plusieurs solutions afin de faire face à la
situation. Il souligna
avec justesse les grandes difficultés que devait affronter la
gendarmerie départementale quant à son casernement. Comme
la garde républicaine, elle était, par manque de place,
dans l'obligation d'éparpiller
ses
matériels et ses véhicules dans les différentes
casernes de troupe
de la ville.
En réponse, le secrétaire d'État décida que la caserne Courrège ne serait destinée à accueillir dans l'immédiat, que le commandant régional et son état-major installés alors à la caserne Saint-Michel, les deux escadrons de gendarmerie mobile et la totalité de la section d'hélicoptère. Le directeur régional du Génie fut saisi pour élaborer un nouveau plan de masse et étudier les possibilités d'implanter dans la caserne le hangar à hélicoptère ainsi qu'une aire d'envol et d'atterrissage permanent. Suivant ces directives, la construction d'une deuxième grande barre à usage d'habitation devenait prioritaire. Pour la gendarmerie départementale, le ministre envisagé soit d'aménager la caserne Saint-Michel, soit de construire un nouveau casernement. L'État-major de la 5e Légion de gendarmerie mobile, celui du premier groupe et le premier escadron (1/5) furent maintenus dans les immeubles du Boulingrin.
(1) D.M no 42.006_DN/GEND.T. du 30 novembre 1956.
En octobre 1957, le secrétaire d'État
aux Forces
Armées autorisa un nouvel engagement de dépenses. Ainsi
se poursuivit
la construction des autres bâtiments de la caserne
Courrège. Mais
l'histoire ne s'arrête pas aux portes de Toulouse. A cette date,
la
France tente de dominer la guerre à la frontière
tunisienne et les
effectifs militaires passent à plus de 400 000 hommes avec appel
des
réservistes. La Gendarmerie mobile du département de
l'Algérie compte
alors trois Légions subdivisées en six groupes, formant
dix huit
escadrons d’active et trois escadrons de gendarmes auxiliaires.
Parmi
tous les escadrons de gendarmerie mobile, le 10/10 est
créé à MASCARA le 1er Mars 1957(1). Le
1er Octobre 1957, il devient l'escadron 6 /10 bis(2)
à
l'occasion de la création de la 10e
Légion bis de
Gendarmerie mobile
à ORAN. L'unité est employée à renforcer et
prolonger l’action des
brigades de Gendarmerie départementale, à des
patrouilles. Dotée de
véhicules
semi-chenillés (Half-Tracks) armés d'une
mitrailleuse de 12,7
mm et d’AMM 8 de conception américaine
équipée d'un canon de 37 mm et
d'une mitrailleuse de 7,62 (matériel issue du plan MARSHALL),
elle
était mise à la
disposition des commandants de secteur, pour être employée
à la
sécurité
d’itinéraires, à la garde de points sensibles,
à l'escortes de convois
et servir de réserves opérationnelle.
Après le référendum du 1er
juillet 1962 qui
consacra
l’indépendance de l’Algérie, la France retira
progressivement ses
troupes. L’escadron 6/10 bis de Mascara fut
rapatrié le 15 juillet 1962 et installé à
Courrège en lieu et place
de l'escadron 1/5 logé au Grand Rond. Il prit
l’appellation de 5e escadron de la 5e
Légion de Gendarmerie Mobile
(escadron 5/5).
La réception des travaux de construction du
bâtiment
administratif(4) ayant été faite à la fin de
l'été 1963, le colonel
Delpal, commandant la 5e légion de gendarmerie
mobile, fit occuper ce
bâtiment à partir d'octobre. Au premier
étage il fit
installer l'état-major du premier groupe d'escadron et les
bureaux des
5e et 6e escadron.
Le commandant régional
de la gendarmerie de la 5e
région militaire (CRG) quitta la caserne Saint-Michel pour
s'installer au
deuxième
étage et le troisième étage fut occupé par
l'État-major de la 5e légion de
gendarmerie mobile. Les services administratifs, techniques et des
ressources humaines se partagèrent les étages restants.
À la suite de cet emménagement, la question de l'installation de la section hélicoptère n'était toujours pas tranchée. Le terrain de Courrège n'offrant plus cette possibilité, d'autres solutions furent recherchées. En accord avec le général commandant la 3e région aérienne et du colonel commandant les bases aériennes 101 et 130, le général Demettre, commandant la gendarmerie de la Ve région militaire proposa au Ministre des Armées dans un courrier du 4 janvier 1965, d'installer à Francazal la section d'hélicoptère sur une parcelle d'un demi hectare à proximité de l'aérodrome. Cette proposition reçu l'agrément du ministre et dès le mois de mai, les crédits nécessaires pour la construction des infrastructures furent mis en en place.
(1) D.M. N° 06609 DN/GEND.T du 20 février 1957
(2) D.M. N° 26555 DN/ GEND.T du 16 juillet 1957.
(3) D.M. N° 2659 M.A/GEND.T.P.A.F.D.T.R. du 10 juillet 1962.
(4) Surélevé sur des poteaux en béton, le vide réalisé sous le bâtiment et qui servait pour le stationnement des véhicule léger, fut aménagé en 1986 en bureaux.
À l'inauguration de la caserne Courrège
en 1964, la
fièvre monta d'un cran. Le conseil d'administration de l'office
public
d'habitations à loyer modéré (HLM) avait, dans sa
séance du 21 décembre
1964, exprimé son intention de ne pas renouveler les baux pour les
appartements occupés respectivement par les familles de
gendarmes
et de
sapeurs-pompiers. Cette décision aux conséquences
extrêmement fâcheuses,
était le résultat d'une polémique habilement
entretenue. Cependant, cet
acharnement de la part de l'office des HLM à vouloir donner
congé à ces
deux institutions, contrastait énormément avec
l'appréciation qu'il
avait d'elles, lorsqu'elles vinrent s'installer dans ces
bâtiments.
En effet, en 1936 et 1937, lorsque cet ensemble d'immeubles fut
construit, son architecture fut vertement critiqué au point que
l'office des habitations bon marché n'avait pu trouver de
locataire.
Pour amortir les investissements, l'office accueillit à bras
ouverts la
Garde républicaine mobile et les sapeurs pompiers qui prenaient
possession, immédiatement après la fin de la
construction, de plus de
la
moitié du parc assurant à ses gestionnaires une
rentrée d'argent
immédiate et pérenne grâce aux paiement
réguliers des loyers. Cependant
même si la situation avait bien changée et les demandes de
logements
se comptaient en milliers(1), on ne pouvait
décemment mettre
à la rue les
« uns » pour y loger les « autres »
étant entendu qu'au bout
d'un certain temps, les « autres »
seraient à leur tour devenus les «uns».
Dès réception de la lettre relative
à la dénonciation
du bail de location des logements du Boulingrin, le
général Demettre,
commandant la gendarmerie nationale de la Ve région
militaire,
saisit
le préfet de la Haute-Garonne, autorité de tutelle de
l'office. Le
préfet condamna le procédé et adressa en
février 1965, un courrier au
président des HLM, lui faisant part de sa désapprobation
en lui
rappelant qu'à ce jour tous les loyers avaient
été
réglés avec exactitude, sur les bases normales et
conformément aux
recommandations formulées parle président de la 3e
chambre de la Cour
des Comptes. Le colonel Delpal, commandant la 5e
Légion
de
gendarmerie
mobile, demandait dans une lettre adressé au président
des HLM, de
reconsidérer cette affaire, car le rapatriement des forces
d'Algérie le
mettait dans l'impossibilité de reloger les personnels de
l'escadron
dans un délais qu'il ne pouvait déterminer.
Cette polémique perdura quelques mois, puis fut classée sans suite dès que les élections municipales réinstallèrent l'équipe sortante à la mairie. Cette accalmie fut de courte durée car dès l'année suivante, un autre défit impliquant une nouvelle fois le casernement de la gendarmerie se fit jour.
(1)
La population toulousaine est passée de 213 000 habitants en
1936 à 324
000 en 1963, 400 000 en 1966.
La réforme judiciaire de 1958 augmenta d'une
manière
significative les
charges de cette juridiction. Sur la base des bâtiments
existants, un
premier aménagement du Palais de justice de Toulouse fut
réalisé. Mais
au fur et à mesure
de la mise en place de la réforme, les quelques
améliorations apportées
à l'ensemble étaient loin d'être suffisantes. En
raison de l'exiguïté et de
l'inconfort dans lesquels étaient installés un certain
nombre de bureaux, la chancellerie élabora un projet, proposant
l'extension du tribunal de grande
instance. Il fut présenté à la séance du
conseil général de la Haute-Garonne le 16
mai 1966. Évalué à 7 000 000 F, le conseil
général refusa de lui donner une suite favorable. La
seule possibilité
rationnelle
offerte par les lieux pour cette extension, était de
prendre possession de la caserne de gendarmerie
Saint-Michel-nord adossée au Palais
de
Justice. Cette solution bien que séduisante, se heurta une fois
encore
à
l'impossibilité pour la gendarmerie de disposer d'une autre
caserne
afin de céder les lieux.
Pourtant, 1967 allait offrir un
évènement qui allait
permettre de satisfaire toutes les parties
prenantes de cette affaire. L'assiette du casernement de la gendarmerie
à Toulouse était modifiée. Par
circulaire ministérielle n° 20.200 MA/Gend.T. du 29 mai
1967,
l'escadron 6/14(1) était rattaché à la
Circonscription
Régionale de la Gendarmerie du Languedoc. Suivant cette
décision, cet
escadron devait quitter Toulouse pour aller s'installer à
Perpignan.
Les
opérations de son transfert pour sa nouvelle résidence
où il prit
l'appellation 3/23(2), débutèrent le 1er
mai
1968. Cette
opportunité
offrait une excellente occasion à la gendarmerie
départementale de
regrouper à la caserne Boulingrin, tous les personnels de
l'état-major
régional, des services administratifs et techniques et du
groupement de
gendarmerie départementale dispersés en ville, à l'institution
judiciaire d'envisager à moindre coût l'extension du
Palais de Justice
en s'appropriant la caserne
Saint-Michel-Nord et à l'office des H.L.M. de
récupérer une partie des
logements pour sa clientèle.
Informées du projet, les autorités locales accueillirent la proposition très favorablement. Le département pouvait envisager avec une plus grande sérénité la réalisation du plan d'extension et d'aménagement du Palais de Justice auquel il attachait une importance toute particulière. Après l'accord du Ministre des Armées, le général Raffin, commandant la Circonscription Régionale de la gendarmerie de Midi-Pyrénées, regroupa dans la caserne du Boulingrin tous les personnels dispersés dans toute l'agglomération toulousaine ainsi que les militaires occupant les 16 logements de la caserne Saint-Michel Nord et les 14 de la caserne Saint-Michel Sud. Les logements libérés de la caserne Saint-Michel sud furent transformés pour réinstaller les bureaux et services de la caserne Saint-Michel nord. L'évacuation par la gendarmerie des locaux de service et des logements de la caserne Saint-Michel nord fut terminé le 30 novembre 1968. Les locaux furent réaménagés pour être affectés au tribunal de grande instance.
Courant 1996, un projet de restructuration de
l'ancienne caserne de gendarmerie Saint-Michel nord, devenu tribunal de
grande instance fut engagé. L'ancienne caserne et une partie de
l'ancien tribunal furent entièrement
détruits pour laisser la place à un magnifique
bâtiment fonctionnel et parfaitement intégré
à l'ensemble du Palais de justice. Le nouveau
Palais de justice ouvrit ses portes en 2008.
(1) Ironie du sort, , cette unité, logée dans la caserne du Boulingrin, fut la première constituée lors de la création et de l'installation de la 12e Légion de la Garde Républicaine à Toulouse en 1937. Les circonstances feront qu'elle n'intègrera jamais la caserne Courrège, pourtant construite pour l'héberger.
(2) Par décision n° 16 695 MA/GEND.T.P.AF.D.Tr du 11 avril 1968, la composition du 23e groupement de gendarmerie mobile de la Circonscription Régionale de la Gendarmerie du Languedoc fut arrêtée comme suit :
Trop à l'étroit dans ses murs, la ville
de Toulouse
décida aux termes d'une convention en date du 28 avril 1964 de
concéder
à la Société d'équipement de la
Haute-Garonne
l'opération d'aménagement
de la zone d'habitation du Mirail, déclarée Zone à
Urbaniser par
Priorité (ZUP) par arrêté(1) du Ministre de la
construction. Cette
société ayant acquis les 800 hectares de terrains compris
dans le
périmètre de cette zone, eut pour mission de les diviser
et de les
céder pour
partie à la commune et pour partie aux constructeurs. En
application du
cahier des charges de cession de terrains du 4 janvier 1966, il fut mis
à sa charge, conformément aux avants-projets et en accord
avec la
ville, la réalisation de tous les ouvrages de voirie, de
réseaux, et
d'aménagement des terrains destinés à être
incorporés au domaine de la
ville.
La municipalité exprima le désir
d'implanter dans
cette zone une brigade de gendarmerie.
Par décision ministérielle(2) du mois d'avril 1967,
la
direction générale de la gendarmerie nationale prescrivit
de rechercher
un terrain d'environ un hectare, mais souhaitait inscrire cette
démarche dans le cadre d'un échange compensé. Pour
contrebalancer la
perte de la caserne Saint-Michel nord qu'elle avait
évacuée au profit
de l'extension du Palais de justice, la gendarmerie désirait que
le
conseil général procède à l'acquisition
d'un terrain au Mirail en vue
de le rétrocéder gratuitement à l'État qui
prendrait à sa charge les
frais de construction de la nouvelle caserne. Le 28 mai 1967, le
Préfet
de la
Haute-Garonne faisait connaître à la gendarmerie, que le
Conseil
général dans sa séance du 31 mai avait
approuvé cet échange. Le coût de
la transformation des locaux de la caserne en faveur de l'extension du
Palais de justice étant alors estimée à 898 000 F
au lieu des 7 000 000
F initialement prévu. Le Préfet demanda au
général,
commandant la Circonscription régionale de gendarmerie de
Midi-Pyrénées
de lui faire parvenir un plan de délimitation du terrain que la
gendarmerie entendait retenir. Après étude de la zone et
de son projet
de
développement, le plan de délimitation du terrain
choisit, fut adressé
au préfet le 17 août 1967. La Direction de la gendarmerie
et de la
Justice militaire décida alors de la fermeture la brigade de la
Cépière(3) et de la transférer au Mirail.
Au mois de décembre 1967, le Ministre des
Armées
demandait au service du
Génie de préparer l'acte de vente
du terrain mis à la disposition de la gendarmerie pour un prix
symbolique. Après accord de toutes les parties prenantes, l'acte
de
vente et de rétrocession fut passé le 11 avril 1969.
Á la suite de
cette acquisition, une décision ministérielle prescrivit
d'étudier
l'implantation des bâtiments qui devait, suivant les obligations
du
cahier des charges, prendre en compte les contraintes techniques et
architecturales imposées à tous les promoteurs.
Au printemps 1971, de nouvelles mesures portant sur la réorganisation de la gendarmerie à Toulouse, conduisaient à une nouvelle réflexion. Le secteur de Toulouse ayant été scindé en deux compagnies : Toulouse Saint-Michel sud et Toulouse Mirail, il fut décidé d'implanter sur le terrain acquis, une brigade et un groupe de commandement de compagnie. Le service du Génie fut invité à reprendre l'étude du projet sur la base de ces nouveaux besoins. Dans sa séance du 11 avril 1973, la commission régionale des opérations immobilières, de l'architecture et des espaces protégés examina le projet qui avait été élaboré. Réalisé conformément au cahier des charges de la ZUP du Mirail, le projet de construction de la caserne reçu l'agrément du directeur départemental de l'équipement et de la commission qui émit un avis favorable.
Les travaux débutèrent en 1976 et la caserne fut occupée à compter du 1er décembre 1977. Un mois plus tard, le bail de la brigade de Toulouse-Cépière avec l'office public des H.L.M. était résilié. Aujourd'hui, cette caserne porte le nom du gendarme auxiliaire Philippe Tremblier, lâchement assassiné à l'âge de 19 ans, à la suite d'un contrôle d'identité le 20 octobre 1991.
Liens externes
|
|
|
|