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Sous le régime de la féodalité, le seigneur de la terre était le maître des métiers. Pour exercer une profession, il fallait l'acheter. Bien vite, le roi se mit à la place des seigneurs, et vendit les métiers moyennant une redevance perpétuelle.
Sous les deux premières dynasties, les corporations
étaient régies par
des usages mal connus et confus ; il importait de les réunir et
d'en
préciser les statuts. C'est au prévôt de Paris
Étienne Boileau que
Saint Louis confia d'accomplir cette réforme. Boileau coordonna
et
modifia les anciennes coutumes pour en faire un code des marchands.
Il réunit en 1258 les statuts des corporations dans un registre
intitulé "Registre des métiers et marchandises". Ce
registre était
divisé en deux parties : la première traitait des
différents métiers et
de leurs statuts, la seconde, des différents droits à
percevoir sur les
marchandises.
Ce registre comportait un certain nombre de règles communes à toutes les corporations. Les droits d'acquisition, les conditions générales pour obtenir la permission d'exercer le métier et des règles variables sur les capacités à détenir pour l'exercer, l'apprentissage, le domicile, sur les heures de travail et de repos, enfin sur les jours fériés. Étienne Boileau avait ainsi publié les statuts de cent métiers.
Ses successeurs continuèrent son œuvre et enregistrèrent les règlements des nouvelles corporations qui n'avaient pas encore de statuts légaux, ou consacrèrent les modifications que les corporations anciennes apportaient à leurs règlements primitifs. Ces règlements furent complétés par un grand nombre d'ordonnances prévôtales entre 1270 et 1500 dont le but était d'améliorer la législation sur les métiers.
Cependant cette législation trop généreuse à l'égard des corporations se faisait parfois au détriment du bien commun. La couronne dut intervenir et à partir du XIVe siècle, les ordonnances royales remplacèrent les ordonnances prévôtales. Le roi exerça directement dans ce domaine l'action législative que Saint Louis avait déléguée au prévôt de Paris. L'ordonnance la plus importante à ce sujet fut celle de Charles VI, publiée en février 1415, en 700 articles. Elle donne des statuts à des métiers qui n'en avaient pas, établit les conditions d'existence de chaque corporation et fixe le taux des salaires en général.
Note aux lecteurs :
Cette liste a été rédigée à l'occasion de la naissance de Louis XV en 1710. Elle permet de connaître dans le détail, l'ensemble des métiers pratiqués à Toulouse à cette époque et ceux perdus ou en voie de disparition. Elle précise le montant des maîtrises payées par les artisans pour exercer leurs métiers et pour certains, leur niveau de considération.
Référence : archives départementale de l'Hérault.
"Estat des métiers de la ville de Tolose desquels les lettres de maîstrise pour employées du tout ou en partie données en faveur de la joyeuse naissance de Monseigneur le dauphin.
Premièrement :les quatre maîtrises justes que pour les chirurgiens, apotiquaires, orfèvres et serruriers qui sont exempts de lettres."
Métiers | Prix des maîtrises | Commentaires |
Boulanger | "Quatre maîtrises vendues à cent livres pièces" | |
Boucher | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | |
Chandelier | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Fabricant et vendeur de chandelles |
Constructier ou tailheur d'habita | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Ouvrier du bâtiment |
Chaussatier | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Fabricant et vendeur de chausses, (chaussures). |
Cellier | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Fabricant et marchand de selles |
Chapelier | "Les maîtrises sont vendues à cent cinquante livres pièce" | |
Courdier | "Les maîtrises sont vendues à septante cinq livres pièce" | Cordier : fabricant de cordes |
Cordonnier | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | |
Esplinguier ou faiseur d'esplingues | "Les maîtrises sont vendues à quarante livres pièce" | Épinglier : fabricant d'épingles |
Fournier | "Les maîtrises sont vendues à cinquante livres pièce" | Constructeur et réparateur de fours à pains. |
Menuisier | "Les maîtrises sont vendues à septante cinq livres pièce" | |
Maréchaux | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | maréchal-ferrant |
Patissier | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | |
Tonnelier | "Les maîtrises sont vendues à soixante livres pièce" | |
Charron | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Fabricant de chars, charrettes, tombereaux, |
Tondeur de drap | "Les maîtrises sont vendues à cent livres pièce" | Ouvrier lustrant et lissant les draps à l'aide de ciseaux afin de les rendre plus unis et plus ras. |
Tisserand de laine | "Les maîtrises sont vendues à septante cinq livres pièce" | |
"Métiers desquels une parties des lettres sont vendues"
Métiers | Prix des maîtrises | Commentaires |
Aumussier | "Il y a une lettre vendue à septante cinq livres" | L'aumusse est une fourrure que portent les chanoines lorsqu'ils vont à l'office |
Boutonnier | "Il y a une lettre vendue à septante cinq livres" | Fabricant et vendeur de boutons |
Bouvier | "c'est un pauvre mestier et néammoins il y a deux lettres vendues trente livres pièce" | Personne gardant et conduisant les bœufs |
Brodeur | "Il y a une lettre vendu à soixante livres" | |
Coutelier | "Il y a deux lettres vendues à cinq livres pièce" | Fabriquant de couteaux, ciseaux, rasoirs et autres instruments tranchants |
Courvoisier | "Il y a deux lettres vendues à soixante cinq livres pièce" | ou savetier : celui qui répare les souliers |
Fèvre maréchal | "Il y a une lettre vendu cinq livres" | Forgeron |
Flessadier | "Il y a deux lettre vendu septante cinq livres" | Fabriquant de couverture pour literie |
Fondeur | "Il y a une lettre vendu septante cinq livres" | |
Gantier | "Il y a une lettre vendu septante cinq livres" | |
Lanternier | "Il y a une lettre vendu à trente livres" | Fabricant de lanternes. |
Olieur ou potier d'olive | "Il y a une lettre vendu à trente livre quoique ce soit un métier tout a fait perdu" | Fabricant et marchand d'huile de table |
Chaudronier | "Il y a une lettre vendu septante cinq livres" | Fabricant et vendeur d'ustensiles ménagers |
Tourniveur | "Il y a une lettre vendu cinquante livres" | |
Taillandier | "Il y a deux lettres vendues cinq livres" | |
Teinturier | "Il y a trois lettres vendues à cent livres pièce" | |
Vitrier | "Il y a deux lettres vendues à soixante livres pièce" | |
Taneur ou couroyeur | "Il y a deux lettres vendues à cent livres pièce" | Artisan qui transforme la peau travaillée par les tanneurs en cuir pour être utilisée par d'autres corporations (Cordonniers, Selliers, Carrossiers, Bourreliers...) |
"Métiers desquels les lettres sont a vendre"
Métiers | Prix des maîtrises | Commentaires |
Aguilletier | "ou faiseur deguyes de peaux, c'est un métier tout a fait perdu et anéanti." | |
faiseur dagulhes | "ce métier est tout a fait anéanti, ne se faisant plus dagulhes dans Tolose ." | |
Bridier | "c'est un pauvre métier qui ne consiste qu'en trois ou quatre maitrises" | Fabricant de brides |
Bastier | idem | bâtier : qui fait et vend tout l'équipage des mulets comme bâts, brides... |
Blanchier | "ce métier est aussi tout à fait ruiné ét misérable" | qui prépare et vend les peaux destinées à divers usages. |
Bonnétier | "se métier est aussi fort ruiné et n'y a que trois ou quatre boutiques." | Vendeur et fabricant de chapeaux et autre bonnets, principalement de coton |
Colletier | "c'est un métier tout a fait anéanti à cause que l'usage du colletin ou pourpoint de cuir est perdu n'y ayant présentement aucune boutique." | Fabricant de colletins : justaucorps sans manche et sans poche en maroquin ou en buffle. |
Faiseur de cardes | "ce métier est pauvre et peu nombreux à Tolose" | |
Coffretier | "il n,'y a présentement que deux boutiques dans Tolose." | Artisan fabricant coffres, malles et valises. |
Drapier drapant | "c'est un métier tout a fait perdu et anéantis" | Tisserand qui tisse lui même les draps |
postier destain | "c'est un métier peu nombreux" | Potier travaillant l'étain et non la terre |
Espéronnier | "il n'y a point de maitrise" | |
Espasier ou fourbisseur | "c'est un métier qui a des lettres patentes du Roi qui les exempte de lettres" | Armurier en armes blanches qui garnit, monte et vend toutes sortes de sabres et d'épées. |
Fillataire | "c'est un métier tout a fait perdu et anéanty" | |
Perpointier |
"c'est un métier tout a fait pauvre" | Fabricant de
pourpoint |
Gueynier | "c'est un métier tout a fait pauvre" | Fabricant d'étuis de couteaux, |
Latourneur ou boulonier | "c'est un métier tout a fait perdu et anéanty" | Fabricant de boulin, pièce de poterie ou orifice qui dans un pigeonnier sert à loger le pigeon. |
Maistre en faits d'armes | "Ce métier est exempt de lettre par privilège du roy" | |
Orlogeur | "Il n'y a point de maitrise" | |
Peintre | "c'est une maitrise entièrement perdu et anéantie" | |
Pelletier | "Il n'y a point de maitrise" | Artisan fourreur. |
Paveur de drap ou foulonneur | "Il n'y en a que deux un qui tient le foulon du Bazacle et l'autre celluy du chateau" | Artisan qui soumet les draps à une pression mécanique afin de lui donner une texture consistante et solide. |
Passemantier | "c'est une maitrise perdue et anéantie" | Fabricant ou vendeur de bandes de tissu servant d'ornement en bordure d'un vêtement ou d'une teinture. |
Paulmier | "c'est une maitrise perdue et anéantie" | |
Ceinturier | "c'est une maitrise perdue et anéantie" | Fabricant de ceintures, ceinturons et baudriers. |
Tisserand de lin | "c'est un métier tout a fait pauvre et misérable" | |
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