Lorsque François I^er augmenta le nombre des maréchaux de France pour le porter à quatre, la juridiction militaire rattachée à ce commandement continua d'être exercé par un seul prévôt. Cette charge, qui ne s'exécutait pleinement qu'en temps de guerre à la suite des troupes, ne pouvait être rempli que par un gentilhomme ayant assuré un commandement. En temps de paix, cet officier n'avait pas de fonction. Charles VI (1380 - 1422) fixa le prévôt des maréchaux à la suite de la cour.

Cet officier unique attaché désormais à la cour, vit ses prérogatives élargies sur la discipline des troupes en garnison ou à l'armée. Pour faire face à ses devoirs, il était suppléé par des lieutenants chargés de recueillir et d'informer les plaintes formées par les habitants du pays sur les excès commis par les soldats. Mais, les limites de cette structure furent très vite atteintes et Louis XI (1461 - 1483) permit au prévôt des maréchaux de commettre en chaque province un gentilhomme pour le représenter avec pouvoir d'assembler les autres nobles afin de s'opposer aux gens de guerre, aventuriers et autres vagabonds débauchés des armées.

Cette solution n'eut qu'un effet limité dans le temps. Petit à petit, ces simples commissions furent abandonnées et changées en office de telle sorte qu'à la fin du règne de Louis XII, chaque province avait son prévôt des maréchaux. Pour mener à bien sa mission, cet officier avait la liberté de se choisir ses lieutenants et archers. Dans les grandes provinces comme celle du Languedoc, ils prirent le titre de « Prévôts généraux », les autres étant qualifiés de prévôt particuliers ou provinciaux.

En janvier 1514, François I^er (1515 - 1547) augmenta leurs pouvoirs sur la discipline des militaires ce qui les obligeait à battre continuellement la campagne. Tous les autres malfaiteurs, même ceux qui se trouvaient mêlés avec les troupes ne relevaient pas de leur juridiction et devaient être livrés aux juges des lieux. Cette règle sera cependant modifiée graduellement au cours des ans pour aboutir à l'Édit du 3 octobre 1544 qui élargira la compétence des prévôts des maréchaux et leur accordera pour la première fois, par concurrence et prévention avec les baillis et sénéchaux la justice non seulement sur les gens de guerre mais aussi sur "les vagabonds et autres malfaiteurs qui tiennent les champs et y commettent des vols, violences et autres crimes". Cette nouvelle organisation et ces nouvelles compétences fixa les prévôts des maréchaux dans leurs provinces au point qu'il fallu en établir d'autres pour la suite des troupes qui prirent le nom de « Prévôts des armées ».

Les prévôts des maréchaux ont deux fonctions, la première qu'ils exercent comme officier militaire et la seconde comme officier de Justice.

- En tant qu'officiers militaires, ils sont tenus aux termes des Ordonnances de mettre à exécution les décrets et mandements de justice, de prêter main forte lorsqu'ils en sont requis. Pour mener à bien leurs obligations, on leur a adjoint des subordonnés (Lieutenants, exempts, Brigadiers, Sous Brigadiers, Archers ou Cavaliers).

- En qualité d'officier de justice, le prévôt dispose d'un tribunal composé d'assesseurs, de procureurs du roi et des greffiers qui ont été établis spécialement à cet effet et ont été choisis par le Roi. Ils exercent leurs juridictions dans le présidial du lieux où a été commis le délit. Les jugements sont intitulés au nom du prévôt cependant la sentence n'appartient qu'au président du siège ou en son absence au Lieutenant criminel. C'est la Juridiction Prévôtale.

Le Languedoc était subdivisé en trois grandes sénéchaussées : 1° Toulouse, 2° Carcassonne, 3° Beaucaire / Nimes. La Sénéchaussée de Toulouse s'étendait sur les diocèses de Toulouse, Lavaur, Rieux, Comminges, Saint-Papoul, Montauban, Albi.

• la Sénéchaussée de Carcassonne sur les diocèses de Carcassonne, Narbonne, Béziers, Lodève, Agde, Saint-Pons, Mirepoix, Castres, Alet, Limoux.
• la Sénéchaussée de Beaucaire / Nîmes sur les diocèses de Nîmes, Montpellier, Alais, Uzès, Le Puy, Mende, Viviers.

Ces trois anciennes sénéchaussées composaient la municipalité provinciale. Les 24 municipalités diocésaines comprenaient 2784 municipalités locales ou communautés. Elles furent démembrées en 1552, et portées, par le roi Henri II, au nombre de huit, dont les chefs-lieux furent Toulouse, Castelnaudary, Carcassonne, Limoux, Béziers, Nimes, Montpellier, Le Puy.

L'administration du Languedoc était confiée à un intendant, principal représentant du roi. Les États de Languedoc étaient l'émanation de la province. Le présidial de Montpellier fut créé par Henri II par un édit d'octobre 1522.

Après les nombreuses inféodations du domaine, il ne resta au Roi que la ville de Montpellier et ses abords proches. Sur ce petit espace, la justice fut rendue par les officiers du sénéchal et présidial de Montpellier. C'est là que sera installé le prévôt général de la province. Il aura sous ses ordres cinq lieutenants qui feront résidences à Montpellier, Nîmes, Le Puy, Carcassonne, Toulouse. Ces unités seront appelées des lieutenances.

La date d'établissement des premiers prévôts en Languedoc n'est pas connue. Il semble selon les archives de la Haute Garonne (C2276 Fol 383) que les trois premiers prévôts de la province furent établis sur lettres patentes du Roi vers 1513. Un prévôt par sénéchaussée. Mais ces prévôts rançonnaient et pillaient le pays pour leur propre compte à tel point que les États Généraux de la province réunis à Béziers en 1514 ordonnèrent que soit diligentée une enquête. Les accusations s'étant révélées justes, ils furent démis de leurs fonctions et sanctionnés sévèrement. La situation reste flou et ambigüe jusqu'à François Patault de la Voulte alors prévôt du maréchal de France Anne de Montmorency.

En 1720, sous la régence de Philippe d'Orléans, Louis XV supprima toutes les maréchaussées de son royaume pour ne créer qu'un corps composé de 31 compagnies correspondant chacune à une généralitésous l'autorité d'un prévôt général et de sa juridiction prévôtale à l'exception de la généralité de Paris qui comptait trois compagnies de maréchaussée et celle du Languedoc qui s'étendait sur deux généralités (Montpellier et Toulouse). Ces compagnies étaient ensuite subdivisées en lieutenances sous les ordres d'un lieutenant, adjoint au prévôt et installées dans les villes sièges des présidiaux pour faciliter le travail des cours prévôtales. En 1778, furent créées les sous-lieutenances et le grade de sous-lieutenant pour l'administration et la gestion de deux à quatre brigades. Ces nouvelles compagnies faisant désormais parties du corps de la gendarmerie était forte de 2 800 hommes pour tout le royaume.

De nombreuses dispositions accompagnèrent ce grand bouleversement. La charge de prévôt général n'était plus un office. À la tête de chaque compagnie, il fut mit un prévôt général capable de remplir les fonctions de cette charge, expérimenté aux faits des armes et ayant servi au moins quatre années dans les armées du Roi. L'effectif de ce corps fut dispersé sur tout le territoire en petites unités : les brigades. L'armure héritée des siècles précédents fut abandonnés au profit d'un uniforme fonctionnel et identifiable. Les équipements, l'armement subirent eux aussi, de profondes transformations.

L'édit de 1720 mit en place quatre inspecteurs généraux choisis parmi les prévôts généraux du Royaume qui devaient assurer cette mission en plus de leur charge de prévôt général. Cette tâche se révéla vite impossible à effectuer et fut abandonnée jusqu'à l'ordonnance de 1760 qui  créa quatre postes d'inspecteurs généraux à temps plein. Ce nombre sera porté à six en 1778, un par division.

Rois de France		Gouverneurs de Languedoc	Prévôts généraux	Date d'exercice
LOUIS XV 1715 - 1774		Louis Auguste de Bourbon (1682 – 1737) Duc du Maine	Jean ROUX Capitaine au Royal Carabinier	1720 à 1729
LOUIS XV 1715 - 1774		- Louis Auguste de Bourbon (1737 – 1755) Prince de Dombes - Louis Charles de Bourbon (1755 – 1775) Comte d'EU	Jean louis COSTE Écuyer	1729 à 1757
LOUIS XVI 1774 – 1792		Louis Antoine de Gontaut (1775 - 1788) Duc de Biron	René Jean Gabriel de COSTE Écuyer	1757 à 1790