Retour Chrono-textes Paul Doumer président de la chambre des députés en 1906
Rapport du député Henrique-Duluc

Rapport du député Louis Henrique-Duluc
concernant la création d'un corps
de gendarmerie mobile de 2000 hommes.


Le 13 avril 1906



Rapport du député Louis Henrique-Duluc :

« Messieurs, le gouvernement a déposé, le 3 avril, un projet de loi ayant pour objet de l'autoriser à créer un corps de gendarmerie mobile ; il serait plus exact de dire « de reconstituer ce corps », car il a existé de 1871 à 1885 ; son fonctionnement a été prévu par la loi du 13 mars 1875 sur les cadres et effectifs de l'armée. Licencié par décision présidentielle du 28 mars 1885 (Jules Grévy président du 30 janvier 1879 au 2 décembre 1887) après suppression par le Parlement des crédits nécessaires à son entretien, ce corps aurait pu légalement être reconstitué par simple décret, après le vote préalable, par les Chambres, des ressources budgétaires affectées à sa réorganisation.
Le gouvernement a estimé qu'un nouveau projet de loi organique s'imposait dans les circonstances présentes. C'est ce projet que votre commission de l'armée a eu à examiner.
Quelques objections de principe ont été faites, tant sur l'opportunité de la création proposée et sur l'utilité du nouveau corps de gendarmerie mobile, que sur l'insuffisance de ses effectifs et l'inefficacité de son intervention.
Votre commission de l'armée, devant ces divergences de vues, a cru nécessaire de demander quelques éclaircissements complémentaires à M. le ministre de la guerre.
M. Étienne lui a fourni des explications très nettes sur les divers points du projet soumis à vos délibérations.
Il a fait connaître d'abord que ce projet avait été l'objet d'une étude préparatoire très complète dans les services de son département et d'un examen minutieux au sein du conseil des ministres, et que ces travaux préliminaires étaient la seule cause du retard apporté au dépôt du projet.
Le ministre s'est attaché à montrer que la réorganisation du corps de gendarmerie mobile, réclamée d'ailleurs à diverses reprises par la Chambre, répond aux nécessités auxquelles il doit pourvoir.
Ce sera un corps recruté dans les mêmes conditions, avec les mêmes éléments, avec les mêmes garanties que la gendarmerie départementale ; mais, à la différence de celle-ci, il pourra être utilisé en dehors de la région où il sera en résidence, sur la réquisition du ministre de l'intérieur.


A ce propos, le ministre a été amené à indiquer comment sera effectuée la répartition du contingent de 2.000 hommes prévu par le projet de loi.
Les centres de garnison du nouveau corps seraient :


A l'objection faite par notre collègue M. Gouzy sur l'insuffisance de cet effectif, M. le ministre de la guerre a répondu que certainement il ne serait pas possible de parer à toutes les éventualités avec les 2.000 hommes prévus dans l'exposé des motifs, mais que le gouvernement aurait la faculté d'augmenter cet effectif, suivant les besoins du service et dans la limite des crédits ouverts à cet effet au département de la guerre.
Questionné par notre collègue M. Empereur, au sujet de l'importance de la dépense à engager, tant pour la solde que pour le casernement du nouveau corps, M. Étienne a répondu :
Sur le premier point « que la dépense de première formation a été calculée à 1.253.882 francs, dépense qui serait d'ailleurs largement compensée par les économies à réaliser sur les transports à longue distance que nécessitent actuellement les envois de troupes d'infanterie et de cavalerie, ou de brigades de gendarmerie.»
Sur le second point « que les dépenses de casernement seraient supportées par les départements, ainsi que cela est prévu par les lois en vigueur ».

Enfin, votre rapporteur a demandé au ministre si, comme cela lui paraissait probable et logique, le gendarme mobile aurait, comme le gendarme départemental, le droit de dresser des procès-verbaux, ce qui serait, aux yeux d'un grand nombre de nos collègues, un argument décisif en faveur de l'adoption du projet de loi.
L'honorable M. Gervais a présenté, après le départ du ministre de la guerre, une objection de principe d'ordre plus général, et demandé s'il n'y aurait pas lieu de procéder à une réorganisation complète de tous les corps de gendarmerie, sous quelque dénomination qu'ils existent (gendarmerie départementale, mobile, garde républicaine), et de les placer tous sous l'autorité immédiate du ministre de l'intérieur.

On pourrait répondre tout de suite que la motion de l'honorable M. Gervais aurait l'inconvénient, d'abord, d'aller à rencontre des principes qui ont prévalu naguère dans l'organisation de l'armée coloniale, placée sous les ordres du ministre de la guerre, ensuite d'organiser un dualisme dangereux, enfin de gêner peut-être le recrutement des corps de gendarmerie en temps de paix et le fonctionnement de la prévôté en temps de guerre.
Après échange d'observations à ce sujet entre l'auteur de la motion et MM. Guyot-Dessaigne, Chapuis, Gouzy, etc., il a semblé à votre commission que la modification radicale dont il s'agit pourrait être l'objet d'une proposition ou d'un projet de loi ultérieur, sans faire obstacle cependant à l'adoption immédiate du projet très spécial qui vous est soumis.
Sous le bénéfice de ces observations, votre commission de l'armée a l'honneur de vous proposer de vouloir bien adopter le projet de loi ci-après.


Art. Ier

— Il est créé un corps de gendarmerie mobile chargé d'assurer le maintien de l'ordre et l'exécution des lois sur les points où les circonstances exigent le rassemblement de forces importantes de gendarmerie.
Lorsqu'elle ne sera pas employée à cette mission, la gendarmerie mobile pourra être utilisée pour d'autres services de police, de sûreté générale et de garde fixés par le ministre de la guerre après entente avec les autres ministres intéressés.

Art. 2.

— L'organisation du corps de gendarmerie mobile, son effectif, les conditions de son recrutement, les lieux de stationnement des différentes unités, sont fixés par décret.
Il sera procédé à cette organisation suivant les besoins du service et dans la limite des crédits ouverts à cet effet au ministre de la guerre.



Haut de page
Droit d'auteur
Licence
Historique du site
Derniers dossiers publiés
Contact
Contactez-nous
Sources
Bibliographie
Archives publiques
Liens externes
Plan du site
La conétablie
La prévôté
Les prévôts de Languedoc
La gendarmerie départementale
La gendarmerie mobile
Chrono-texte
Glossaire
Annexes