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POIDS ET MESURES
mesures
Anciennes unités de mesures en usage à Toulouse
Les mesures de longueur
Les mesures de distance
Les surfaces et les volumes
Les mesures de capacité
Les mesures de poids
Les mesures agraires
La mesure du temps
La monnaie

Mesurer pour compter, compter pour raisonner et décider, l'opération de mesurage était jusqu'à la révolution un exercice des plus complexes tant les mesures de références étaient nombreuses et variées. Chaque commune avait ses propres échelles et unités. Le foisonnement des mesures et leurs fantaisies étaient un frein à l'essor du commerce.

Le Languedoc n'échappait pas à la règle. Déjà, Louis XII, dans un Édit donné à Lyon en juillet 1501, prescrivait l'adoption et l'usage des poids et mesures de Montpellier pour toute la province. Le projet fut longuement discuté par le syndic des États du Languedoc, mais finalement se heurta à la susceptibilité des Capitouls. De requêtes en plaidoyer, d'assignations en comparutions, l'affaire dura plusieurs années. Ni la toute-puissance du lieutenant principal du gouverneur de Montpellier, domaine royal, ni les sentences et les injonctions des commissaires du roi ne feront plier les Capitouls qui conserveront leurs poids et mesures.

Les poids et mesures relevaient de leur police. Ils détenaient au Capitole un exemplaire de référence ou mesure étalon de toutes celles utilisées dans la ville. Tous les négociants et marchands devaient utiliser des aulnes ferrés aux deux extrémités et des poids et mesures étalonnés et marqués. Accompagnés d'une escouade du guet, les Capitouls visitaient les marchés pour s'assurer de la conformité des mesures et saisissaient à cette occasion les non conformes. Ils étaient destinataires des plaintes et dénonciations et pouvaient contrôler les commerçants chez eux. Ils étaient en droit d'infliger des peines d'amendes aux contrevenants.

lettre du préfet

L'uniformité des poids et mesures fit l'objet de plusieurs autres Ordonnances, mais il faudra attendre la révolution et les lois des 14 thermidor an I (1er août 1793), 18 germinal an III (7 avril 1795), 13 brumaire an IX (4 novembre 1800) et l'Ordonnance du 18 décembre 1825 pour que l'unification et la nationalisation des poids et mesures deviennent une réalité incontournable.

L'unité fondatrice du nouveau système de mesures fut et demeure le mètre, du mot grec metron, qui signifie : mesure. On abandonna le système duodécimal, qui avait l'avantage d'offrir à ses utilisateurs des portions entières dans les quarts et les tiers de l'unité, pour le système décimal. Les poids et les mesures allaient désormais être façonnées par dizaines. Ainsi, le mètre est divisé en 10 parties égales et chacune d'entre elles en 10 autres parties égales jusqu'au millimètre. Pour exprimer les sous-multiples décimaux d'une unité, on emprunta au latin les mots : déci, centi et milli, tandis que les multiples de l'unité sont indiqués par les mots dérivés du grec : déca, hecto, kilo et myria.

Le 15 pluviose an 9 le préfet de la Haute-Garonne adressait aux sous-préfets et maires du département une lettre dans laquelle il demandait que le nouveau système des poids et mesures soit mis en application à compter du Ier vendémiaire prochain. Les rois s'étaient heurtés à l'inertie qu'opposaient les seigneurs et autres magistrats municipaux, la république se heurtera à son tour aux moeurs et coutumes des populations profondément ancrées dans les régions.





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Avant-propos :

Pour mesurer, peser, évaluer, l'homme a dû trouver des éléments simples et durables capables de l'aider dans sa tâche. C'est donc très simplement vers la nature que les nations policées se sont tournées afin d'y puiser les éléments nécessaires pour créer la base de leurs mesures et de leurs poids.

compas

Les unités de mesure devant rester simples et facilement utilisables par l'homme, c'est à son corps qu'il emprunta certaines d'entre elles. Ainsi, le pied fut établi sur la dimension du pied d'un homme. On le divisa en quatre palmes ou largeurs de la main et la palme en quatre doigts. Dans la suite on trouva plus commode de partager le pied en douze parties qu'on appela uncia mot qui désigne l'unité. On substitua à cette dernière le pouce sans doute parce que douze pouces de la main se rapprochent assez de la longueur du pied. Les poids furent également établis sur les productions de la nature. Les anciens peuples adoptèrent le grain d'orge, celui de la silique (1) ou de la lentille pour servir comme la plus petite division des poids.

Au fur et à mesure de ses conquêtes, Rome imposa son système de mesure que les nations conquises adaptèrent à leur mode de vie. Il est donc aisé de comprendre que la variété de dimensions et de poids qu'offre la nature dans ses productions soit à l'origine de la diversité des poids et mesures utilisés dans ses différents pays, régions ou territoires.

La livre romaine fut en usage en France sous nos premiers Rois jusqu'au règne de Charlemagne. C'est vers cette époque que ce prince établit de nouveaux poids et de nouvelles mesures. La nouvelle livre-poids instituée par Charlemagne se divisait en 12 onces, 96 drachmes ou deniers, 288 scrupules comme l'ancienne livre romaine, mais elle était plus importante. Lorsqu'elle servait à peser les monnaies, cette livre se divisait en 20 sous, 240 deniers, 5760 grains (1 sou = 12 deniers; 1 denier = 240 grains).

Cette livre carlovingienne resta en usage jusque sous le règne de Philippe Ier qui introduisit en France entre 1075 et 1093 le poids de marc(2) pour peser les monnaies. Le rapport était le suivant 1 marc = 2/3 de livre de Charlemagne et deux marcs correspondaient à la nouvelle livre (soit 1 livre 1/3 carlovingienne).

(1) La silique est le fruit d'un arbre commun en Italie et en Grèce dont la gousse contient des grains qu'on trouva commodes pour servir de poids à cause de leur solidité.

(2) Le mot marc, marca, est d'origine allemande et signifie une borne, un terme, un signe. C'est de là que viennent les mots : marque, marquis (gouverneur de frontière). Le marc désignait autrefois chez les Allemands et les Anglo Saxons le poids d'une livre.



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LES MESURES DE LONGUEURS


Le pied, le pouce

Le pied de France, également appelé pied de roi, mesurait 12 pouces. Le pied géométrique se présentait sous la forme d'une règle subdivisée en sous-unités mais dont la longueur variait suivant les lieux.

L'élément, à partir duquel le pouce fut établi, était le grain d'orge. Douze grains d'orge, autrement appelés lignes, constituaient un pouce et douze pouces faisait un pied.

La loi du 19 frimaire an VIII fixa la longueur du mètre à 3 pieds 11,296 lignes soit 443,296 lignes.

Ancien système Système métrique
1 pied de roi = 12 pouces 1 pied de roi = 3,2484 décimètres
1 pouce = 12 lignes 1 pouce = 2,7070 centimètres
1 ligne = 12 points  1 ligne = 2,2451 millimètres 
La toise

La toise était en usage à Paris. La mesure étalon conservée au Châtelet était divisée en 72 pouces. On s'en servait principalement en architecture et en arpentage.

Ancien système Système métrique
1 toise = 6 toises pieds de roi = 864 lignes  1 toise = 1,94904 mètre 
1 toise pied = 12 toises pouce  1 mètre = 0,514243 toise 
1 toise pouce = 12 toises ligne  1 km = 513 toises 1 pied 5 pouces 6 lignes 
1 toise ligne = 12 toises point   
L'aune

L'aune, anciennement aulne, était une mesure utilisée par les drapiers. Du latin ulna, l'aulne se rapportait, comme quelques autres mesures, au corps humain et correspondait à la distance qui sépare une main de l'autre. Par Édit d'avril 1540, donné à Évreux(1), François Ier exigea pour éviter tous les abus, fautes et fraudes et faciliter le commerce que l'aunage serait uniforme dans le royaume. Cette unité fut nommée « aulne du roy ». D'abord en usage sur les terres du roi, un Édit du 20 juillet 1543 donné à Paris, enjoint de se servir de la même mesure dans tout le royaume.

Henri II, dans une ordonnance donnée à Saint-Germain en Laye en 1557, réitéra la volonté de son père et exigea que l'aulne « dont on a accoustumé d'vfer en noftre ville de Paris, contenant trois pieds & demy de Roy, un poulce, huict lignes, revenant chacun pied à doulce poulces & chacun poulce à douze lignes. Et defendons à tous marchands & autres vendans les marchandifes susdites, duvser d'autre aulne fur peine de quarante liures parifis d'amende. »

Valeur et sous-multiples de l'aune Système métrique
1 aune de Paris = 3 pieds, 7 pouces, 8 lignes soit 526 lignes 
1 aune = 1,18845 mètre
1 mètre = 0,84144 aune de Paris

L'aune carrée était autrefois utilisée pour mesurer la surface des tapis, tapisserie, etc ...

(1) Édit de FRANÇOIS Ier donné à Evreux en Avril 1540 (extrait).
« I. Desirans toutes fraudes , fautes , abus & malverfations cesser , & être corrigées de notre temps , & entre nos Sujets être gardée équité , foi & loyauté , obvier & extirper tous Procès & différends qui adviennent & sont advenus par ci-devant , au moyen des fraudes , abus & larcins faits sur le fait des Aulnes & Aulnages ; disons , déclarons & ordonnons , voulons & nous plaît qu'une seule forme d'Aulner soit établie & ordonnée en notre Royaume , Pays & Seigneuries , qui aura de longueur trois pieds sept pouces & huit lignes , le tout à toife, qui sera nommée, l'aulne du Roy.
II. De laquelle longueur & forme d'aulne fera faict & adiusté en toutes les villes de noftre Royaume vn eftallon de fer ou cuiure pour eftre mis en garde en vn coffre ou lieu public fous la garde de la iuftice.
IV. Lesdictes Aulnes seront marquées à nos armes , & à chacun des bouts & coings , des armes de nofdites Villes , citez , lieuës , & places nuëment nous appartenans , & ès autres villes, des armoiries defdits Princes , Prélats , Ducs , Barons , Chatellains , & autres ayant droit d'Aulnage.
V. Ausquelles aulnes & non autrement feront mefurez tant en vente en gros que detail qu'en premiere fecode & toutes autres ventes, reuentes, tous draps d'or, d'argent, de foye, draps de laine, toiles, & caneuas de quelque eftat & qualité que foiet lefdites marchandifes : fur peine c'eft à fçauoir aufdits Ducs, Prelats, Contes, Barons, villes, citez, & autres ayans droit d'aulnage, de priuation, tant dudit droict que de leur iurifdiction: & à tous courtiers & Aulneurs, de privation de leurs états & offices , de punition corporelle , & d'Amende arbitraire : & aux Marchands , vendans & acheptans , de confiscation des Deniers & Marchandises qui seroient par eux achestées & venduës , autrement qu'à ladite Aulne & forme d'Aulner ; en abolissant tous autres noms & dénominations , & toutes autres quantités & Mesures pour le regard dudit Aulnage , sous les Peines devant dites.
»

La canne

Cette mesure était utilisée dans le sud du royaume, dont le Languedoc. La canne du Haut-Languedoc (Toulouse) était plus courte que celle du Bas-Languedoc (Montpellier) et il en existait un très grand nombre variétés. Pour le seul département de la Haute-Garonne, on comptait huit mesures différentes. La canne de Montpellier mesurait 6 pieds 2 lignes soit 866 lignes et celle de Toulouse était de 5 pieds, 6 pouces, 8 lignes soit 800 lignes. La canne de Nîmes était plus courte d'environ 1 pouce par rapport à celle de Montpellier.

Suivant l'Arrêt du 13 avril 1734, le Parlement du Toulouse enjoint aux commerçants du Languedoc de mesurer avec l'aune de Paris et leur défendit de mesurer à la canne cependant, les particuliers continuaient d'acheter à la canne.

Valeur et sous-multiples de la cane de Toulouse Système métrique
1 canne = 8 empans (ou pans)  1 canne de Toulouse = 1,7961 mètre 
1 empan = 8 pouces   1 empan = 22, 451 centimètres 
1 pouce = 8 lignes   1 pouce = 2,8064 centimètres 
1 ligne = 8 points  1 ligne = 3,5080 mm 
   
  1 canne de Montpellier = 1,9883 mètre 
1 m = 0,5568 canne ou 1 canne de Nîmes = 1,976 mètre 
1 m = 0 canne 4 empans 3 pouces 5 lignes 0point  1 canne de Carcassonne = 1,785 mètre 
  1 canne de Narbonne = 1,967 mètre
  1 canne de Rodez = 1,9844 mètre 

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LES DISTANCES


Les distances s'exprimaient en lieues, mais cette mesure variait du simple au double suivant les localités. Ainsi la lieue était de 1700 toises en Beauce et 2000 à Paris, en Sologne et en Touraine. En Normandie et en Champagne, la lieue comptait pour 2000 toises, 2285 en Bretagne, 2300 en Anjou et pour 3000 toises en Languedoc.

Le pas
Ancien système Système métrique
1 pas commun = 2,5 pieds de roi 1 pas commun = 81,21 cm
1 pas géométrique = 5 pieds de roi 1 pas géométrique = 1,6242 m
La lieue terrestre

La lieue (leuga en latin classique) était sous les empereurs romains une mesure d'itinéraire particulière à la Gaule proprement dite. Elle équivalait alors à un mille romain et demi, c'est à dire à 2 222 mètres.

Ancien système Système métrique
1 lieue de Paris = 2000 pas géométriques (ou 1666 toises 4/6e) 1 lieue de 2000 pas = 3247,325 m
1 lieue commune = 2400 pas (ou 2000 toises) 1 lieue commune = 3896,790 m
1 lieue de poste = 2700 pas (ou 2250 toises) 1 lieue de poste = 4383,889 m
1 grande lieue  = 3000 pas ou (2500 toises) 1 grande lieue = 4870,787 m
La lieue de poste

Pour les relais de la poste aux chevaux, le ministère des Finances utilisait pour fixer ses tarifs sa propre lieue appelée lieue de poste ou plus simplement la poste(1). Elle se divisait en demi-poste et quart de poste. La poste était évaluée à 4400 toises soit 2200 lieues. Malgré cela l'amplitude d'une poste pouvait varier de 500 à 1100 toises. Ainsi Muret se trouvait à 2 postes ¼ de Toulouse. Limoges 41 postes ¾, Tarbes à 17 postes ½, Saint-Gaudens à 10 postes ¼, Paris 90 postes ¾.

Il faudra attendre l'Ordonnance royale du 25 décembre 1839, pour voir l'abandon de la lieue de poste et la mise en place à compter du 1er janvier 1840 du système métrique. Toutes les distances de poste furent alors comptées en myriamètres (10 kilomètres) et kilomètres.

(1) Les règlements de la poste aux chevaux fixaient le temps du parcours d'une poste entre 40 et 50 minutes au plus. La vitesse moyenne pour les diligences était de 2 lieues par heure (~8 km/h).

Lieu de poste Système métrique
1 lieue de poste = 2700 pas (ou 2250 toises) 1 lieue de poste = 4383,889 m
La lieue marine

Les distances sur mer se rapportaient à la lieue marine appelée lieue de 20 au degré et au mille marin qui en est le tiers. Cette mesure était utilisée par la plupart des nations maritimes. Cette lieue est la 20e partie d'un degré de méridien ce qui fait correspondre le mille à 1/60e du degré du méridien.

Lieue marine Système métrique
1 lieue de 20 au degré = 3 milles marin 1 lieue de 20 au degré = 5,556 km
  1 mille marin = 1,852 km


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LES SURFACES ET LES VOLUMES

Les surfaces :

Lorsque la longueur et la largeur de la chose mesurée étaient d'égale longueur on exprimait la surface en pouce², toise² etc., mais lorsque la largeur et la longueur correspondaient à des valeurs différentes on parlait alors de toise-pied, toise-pouce, pouce-ligne, etc. La première partie indiquait la longueur, la seconde la largeur.

Équivalence des valeurs Système métrique
1 pouce² (pouce carré) = 144 lignes² 1 ligne² = 5,088 mm²
1 pied² (pied carré) = 144 pouces² 1 pouce² = 7,327 cm²
1 toise² (toise carrée) = 36 pieds² 1 pied² = 10,206 dm²
1 lieue² (de 2000 toises) = 15,195 km² 1 toise² = 3,7987 m²
   
1m² = 9 pieds² 69 pouces² 81 lignes² 1 m² = 0,2632 toises²

Pour la canne de Toulouse :

Ancien système Système métrique
1 canne² (canne carrée) = 3,2259 m² 1 m² = 0,31 canne²
1 empan² = 0,0504 m² 1 dm² = 0,1984 empan²
1 pouce² = 7,8758 cm² 1 cm² = 0,1270 pouce²
1 ligne² = 12,3060 mm² 1 mm² = 0,0813 ligne²
Les volumes

Comme pour les surfaces, si les longueur, largeur et épaisseur du volume mesuré correspondaient à des valeurs différentes, on utilisait les expressions suivantes : la toise-toise-pied, la toile-pouce-ligne, etc. Ainsi, 1 toise-toise-pied correspondait à 12 toise-toise-pouces; 1 toise-toise-pouce équivalait à 12 toise-toise-lignes ou bien encore à 3 pieds cubes, etc.

Équivalence des valeurs Système métrique
1 pouce ³ (pouce cube)= 1728 lignes³ 1 pouce ³ = 0,01984 litre
1 pied ³ (pied cube) = 1728 pouce³ 1 pied ³ = 34,277 litres
1 toise ³ (toise cube) = 116 pieds³ 1 toise ³ = 7,404 m³

Pour la canne de Toulouse, le principe de la dénomination était le même. Ainsi on appelait une canne-canne-empan un parallélépipède rectangle qui avait une canne² de base et un empan de hauteur; une canne-canne-pouce un volume ayant une canne² pour base et un pouce de hauteur etc.

1 canne³ de Toulouse équivalait à 5,7940 m³ et donc 1m³ correspondait à 0,17258 canne³.

Équivalence des valeurs Sous-multiples
1 canne³ (canne cube)= 512 empans³ 1 canne³ = 8 canne-canne-empans
1 empan³ (empan cube) = 512 pouce³ 1 canne-canne-empan= 8 canne-canne-pouces
1 pouce³ (pouce cube) = 512 lignes³ 1 cane-canne-pouce = 8 canne-canne-lignes
  1 canne-canne-ligne = 8 canne-canne-points


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LES MESURES DE CAPACITÉ


Les mesures de capacité variaient suivant les lieux et les produits mesurés. On distinguait cependant deux familles de mesures. La première regroupait les contenants destinés à la vente des grains (blé, avoine, millet, chènevis, etc.) et autres matières sèches comme les fruits tels que les châtaignes, noix, noisettes, poires, pommes, etc., mais aussi d'autres produits comme le sel, le charbon de bois, le charbon de terre... On les désignait couramment sous le nom de mesure de boissellerie en référence au boisseau ou botssel qui était le récipient servant à la mesure. Les secondes étaient destinées à la vente des corps liquides comme le vin, le miel, les eaux-de-vie, etc.,elles étaient alors fabriquées en étain et parfois en fer blanc, en cuivre ou en bois.

mesures

Pour mesurer les matières sèches, les commerçants utilisaient une mesure appelée boisseaux. Elle se déclinait en différents sous-multiples et valeurs suivants le produit et la région. Ainsi, l'emploi des mêmes noms exprimait des quantités différentes en fonction du produit mesuré. Les gros volumes s'exprimaient en muid et setier qui étaient les mesures utilisées pour les comptes. Dans la réalité, les denrées et produits étaient mesurés en boisseaux. Ces mesures se présentaient sous la forme d'un cylindre en bois. Elles étaient formées en roulant une éclisse ou feuille mince de chêne qui était fixée par des clous sur un fond puis renforcées en haut et en bas. Pour les liquides, les mesures, également cylindriques, étaient exécutées en étain. Une exception demeurait : l'huile qui était vendue au poids.

Dans le système métrique, le volume des liquides, blés ou autres matières sèches a pour unité de mesure le décimètre cube appelé litre mot tiré de l'ancienne mesure de Paris le litron. Il est divisé en 10 décilitres, le décilitre se divise en 10 centilitres et le centilitre en 10 millilitres. Ses multiples sont le décalitre (10 litres), l'hectolitre (100 litres).

Les denrées sèches

Exemple d'anciennes mesures et leurs sous-multiples pour denrées sèches en usage à Paris :

Pour le blé Pour l'avoine
1 muid de blé de Paris = 12 setiers 1 muid d'avoine de Paris = 12 setiers
1 muid pèse : 2880 livres poids de marc  
1 setier de blé = 12 boisseaux 1 setier d'avoine = 24 boisseaux
1 setier = 240 livres poids de marc  
1 boisseau = 16 litrons 1 boisseau = 4 picotins
1 litron = 36 pouces³ 1 picotin = 2 quarts
1 setier de blé = 1,56 hectolitre 1 quart = 2 litrons

Contrairement aux idées reçues, nos rois ont toujours porté une attention particulière au blé. Ainsi, pour assurer l'approvisionnement en blé des populations, Louis XII, dans un édit donné à Cléry en juillet 1482, interdisait à tous marchands d'acheter le blé vert sur pied. Cette brigue consistait à réduire la production par l'achat de blé vert et à vendre à des prix prohibitifs le restant de la récolte arrivée à maturité. Ces criminels (appelés à cette époque des dardanaires), qui monopolisait à leur profit l'intérêt général, étaient condamnés à une lourde peine pécuniaire dont le tiers revenait au dénonciateur, mais également à une punition corporelle.

François Ier, dans une ordonnance donnée à Compiègne en octobre 1531 s'attaqua à ces monopoleurs en instituant les marchés sur les places publiques et en exigeant que le blé et tous les autres grains y seraient dorénavant vendus et non ailleurs. En outre, la vente devait obligatoirement s'effectuer au détail pour « le menu populaire vivant au jour la journée » et en priorité sur les ventes en gros destinées aux hôtels et autre grandes maisons.

Pour le sel  Pour le charbon de bois 
1 muid de sel de Paris = 12 setiers 1 muid de charbon de bois de Paris = 10 setiers
1 setier = 4 minots 1 sétier = 2 mines
1 minot = 4 boisseaux 1 mine = 2 minots
1 boisseau = 16 litrons 1 minot = 2 boisseaux
1 setier de sel = 2,08 hectolitres 1 setier de charbon = 4,16 hectolitres

Suivant l'Édit d'octobre 1669, de nouvelles mesures de boisselleries avaient été réalisées. Les nouveaux étalons étaient des récipients cylindriques dont les dimensions étaient ainsi déterminées :

modèle hauteur diamètre contenance
boisseau 8 pouces 2,5 lignes 10 pouces 1 boisseau = 13,01 litres
demi-boisseau 6 pouces 5 lignes 8 pouces 1 demi boisseau = 6,505 l
quart 4 pouces 9 lignes 6 pouces 9 lignes 1 quart = 3,2525 l
demi-quart 4 pouces 3 lignes 5 pouces 1 demi quart = 1,6262
litron 3 pouces 6 lignes 3 pouces 10 lignes 1 litron = 0,813 l
demi-litron 2 pouces 10 lignes 3 pouces 1 ligne 1 demi litron = 0,406l

Unités de mesures utilisées dans le Languedoc pour le grain sauf l'avoine :

MONTPELLIER TOULOUSE
1 setier = 2 émines 1 setier = 4 pugnères = 0,9326 hectolitre
1 émine = 2 quartes 1 pugnère = 8 boisseaux = 23,315 litres
1 quarte = 3 pugnères 1 boisseau = 2,9144 litres
1 setier = 4,025 boisseaux de Paris 1 setier = 8,675 boisseaux de Paris
  1 hectolitre = 1,07226 setier ou 1 setier 2 boisseaux 31/100

La mesure rase pour l'avoine à Toulouse est la pugnère :

Sous-multiple du setier d'avoine Système métrique
1 setier d'avoine = 4 pugnères 1 setier d'avoine = 1,1123 hectolitre
1 pugnère = 8 boisseaux 1 pugnère d'avoine = 27,807 litres
le boisseau se divise en demi, en quart etc... 1 boisseau d'avoine = 3,476 litres
  1 hectolitre = 0,8990 setier ou 3 pugnères 4 boisseaux 76/100
Les liquides

Pour les petits volumes, l'arrêté des consuls du 13 brumaire an IX (4 novembre 1800) avait permis de conserver certaines anciennes appellations. Ainsi, on pouvait désigner sous le nom de pinte le litre, sous celui de velte le décalitre ( mesure de dix litres ) et sous celui de verre le décilitre (1/10 de litre).

Les grands volumes Système métrique
1 muid de Paris = 2 feuillettes 1 muid = 2, 6822 hectolitres
1 feuillette = 2 quartauts 1 feuillette = 1,341 hectolitre
1 quartaut = 9 setiers ou veltes 1 quartaut = 0,671 hectolitre
1 setiers ou velte = 8 pintes 1 setier ou velte = 7,75 litres
Les petits volumes Système métrique
1 pinte = 2 chopines 1 pinte = 0,951206 litre (1 litre = 1,051296 pinte)
1 chopine = 2 X (½ setier) 1 chopine = 0,466 litre
½ setier = 2 possons (vulgairement appelé poisson) 1 posson = 0,116 litre
1 posson = 4 roquilles. 1 roquille = 0,029 litre

Dans le Languedoc, le muid équivalait à 18 sétiers soit 32 pots ou pechez.

Le vin

Dans les mesures de vin, il faut distinguer celles employées pour la vente au détail et celles qui le sont pour la vente en gros. Les ventes en gros se font à la barrique ou pièce et au char. Cette dernière mesure correspondant à la charrette à 4 roues portant 2 barriques. Cette mesure était réservée au marchand de vin qui se rendait chez les producteurs avec ce type véhicule et leurs deux barriques vides. Le marché conclu, elles étaient remplies à l'aide de grandes mesures appelées barrats.
Pour la vente de détail, les mesures utilisées étaient : l'uchau, le quart, le péga, la juste, le pot, le petit, le picher, le pouchou etc...

La mesure des liquides utilisées à Toulouse est le péga dont la capacité est de 159,6 pouces³.

Pour la vente en gros Système métrique
1 char = 2 pièces 1 char = 633,654 litres
1 pièce = 100 pégas (1 pièce ou barrique) 1 pièce = 316,8270 litres
1 barrique de Gaillac = 60 pégas de Toulouse  
Pour la vente au détail Système métrique
1 velte = 2 pégas 3 uchaux 1/8 1 velte = 7,795 litres
1 péga = 2 x (½ péga) 1 péga = 3,1682 litres
½ péga = 2 x (¼ péga) ½ péga = 1,5841 litre
¼ péga = 2 uchaux ¼ péga = 0,7921 litre
  1 uchau = 0,3960 litre

À Bagnères-de-Luchon le péga s'appelle pot, à Villemur le demi-péga s'appelle pinte, à Saint-Nicolas l'uchau est la moitié du pouchou et 2 pouchous font 1 picher qui est égal au demi-péga de Toulouse.

Le bois de chauffage

La « voie de Paris » était constituée d'un châssis en forme de "u" de 4 pieds de large et 4 pieds de haut. Les bûches devaient avoir une longueur de 3 pieds six pouces. Une voie était l'équivalent d'un double stère(1) .

La « corde des eaux et forêts » suivant l'Édit du roi d'août 1669, était constituée d'un châssis en U de 8 pieds de large et 4 de hauteur. Les bûches ayant 3 pieds 6 pouces de longueur. Elle est le double de la voie de Paris.

La « corde de bois » était constituée d'une corde mesurant 7 pieds 8 pouces. Les bûches d'une longueur de 3,5 pieds étaient empilées en fagot de façon à pouvoir les enrouler avec la corde. Toutes les bûches contenues dans cette longueur de corde prenaient le nom de corde.

La « pagelle » était en usage dans la commune de Toulouse et suivant un règlement local du 1er août 1719 et devait contenir une surface de 16 pans². Elle était constituée d'un cerceau métallique de 4 pans 3 pouces 4 ligne 2/3 de diamètre. La demi-pagelle avait un diamètre de 3 pans 1 pouce 4 lignes. On remplissait le cerceau avec des bûches dont la longueur était de cinq pans 1/3. Ces marchands se nommaient des pageleurs.
- 1 pagelle de Toulouse = 0,94 stère.

Dans les autres communes, l'unité de mesure était la pile, la canne ou le « bûcher ». La bûcher était un parallélogramme de hauteur, largeur et longueur variables suivant les communes. Sa contenance allait de 1,81 à 4,24 stères. Sur d'autres cantons comme Saint-Gaudens, Cazères ...le bois était vendu à la canne soit du pays soit la canne de rivière et les volumes variaient de 3,15 à 8,34 stères. Enfin certains villages utilisaient pour mesure « la pile » dont la valeur variait de 3,50 à 3,89 stères.
- 1 voie de Paris = 1,920 stère
- 1 corde des eaux et forêts = 3,840 stères

Le charbon de bois était vendu à la « sachée ». C'était un sac pesant 1 quintal poids de table. Les sarments s'achetaient en fagot de cent, les souches et autres petits bois à la charretée.

(1) Le mètre cube est l'unité de volume et de la capacité des corps. l'orsqu'il sert à mesure les bois de construction ou les bois à brûler, il prend le nom de strère, dérivé du mot grec stéréon qui signifi solidité.



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LES MESURES DE POIDS


Le pesage des produits et denrées était également un exercice délicat tant les mesures étaient différentes. On distinguait cependant plusieurs types de mesures dont le poids de marc utilisé à Paris et région du nord, le poids de table ou de ville utilisé dans les provinces du sud, le poids de romaine destiné à peser les choses lourdes ou volumineuses, le poids des joailliers et bijoutiers, le poids médicinal.

Cette mesure avait pour origine l'AS ou ASSE (L'entier), qui était une ancienne monnaie romaine, constituée initialement d'une masse de cuivre pesant une livre. Cette masse, également appelées Libra ou Pondo, fut par la suite divisée en six parties, puis en douze pour être marquées et auxquelles on donna le nom de once (du latin oncia, mot qui signifie l'unité et vient de unus, un). Cette livre romaine (libra) de 326 grammes demeura en usage chez les Francs jusqu'à l'époque de Charlemagne qui institua sa propre livre avant l'an 779 en augmentant la masse de la livre romaine d'un quart, le portant à 408 grammes.

Pour les mesures du quotidien, on employait le plus souvent la livre, l'once, le gros et le grain. Le marc était l'unité de poids de l'argent, l'once celui de l'or, le denier (ou dragme) et le scrupule étaient employés qu'en pharmacie. Les diamants se pesaient aux carats.

Dans le système métrique, le gramme correspond au poids d'un centimètre cube d'eau pure. Il tire son nom du mot gramma qui était le nom d'un poids utilisé chez les Grecs et que les latins appelé scrupulum.

Le poids de Marc

Cette mesure servait à peser les produits de petit volume ou de faible poids. Introduite vers 1080 sous le règne de Philippe Ier, elle variait suivant les lieux avant d'être réduite à une seule valeur. Les poids étalons servant à cette mesure étaient conservés à Paris à l'hôtel de la monnaie. L'unité était la livre qui se déclinait en plusieurs sous-multiples. Le poids de gramme sera substitué à celui du marc par la loi du 18 Germinal an III. La livre poids de marc utilisé dans la Haute-Garonne était identique à celle utilisée dans le département de la Seine.

Ainsi, l'arrêté du 15 brumaire an IX (4 novembre 1800) relatif au nouveau système des poids et mesures fixa d'une manière définitive le rapport des nouveaux poids avec les anciens et rendit l'exécution de ces mesures obligatoire dans tout l'empire.
Ainsi : 1 kilogramme = 2 livres (ou 4 marcs), 5 gros, 49 grains.

Sous-multiples de la livre poids de Marc Système métrique
1 livre poids de marc = 2 marcs 1 livre poids de marc = 489,506 g
1 marc = 8 onces 1 marc = 244,753 g
1 once = 8 gros 1 once = 30,594 g
1 gros = 3 deniers 1 gros = 3,82425 g
1 denier ou scrupule = 24 grains 1 denier = 1,27475 g
(soit 1 marc = 4608 grains) 1 grain = 0,053 g (~un grain de blé environ)
Le poids de table

Le poids de table en usage en Languedoc et autres provinces du sud du royaume servait à peser les choses ordinaires. Il était plus léger que le poids de marc dans une fourchette allant de -15 à -25% suivant les lieux. La livre poids de table se subdivisait en 16 onces.

Sous-multiples de la livre poids de table Système métrique
1 livre poids de table = 2 demi-livres 1 livre poids de table de Toulouse = 407,62 g
½ livre = 2 quarterons 1 livre poids de table de Montpellier = 0,414 Kg
1 quarteron = 2 demi-quarterons 1 livre poids de table = 0,8459 livre poids de marc
½ quarteron = 2 onces  
1 once = 2 demi-onces  

Variation du poids de table dans le Languedoc :

Toulouse et Montauban utilisaient la grosse livre ou livre carnassière qui était une mesure particulière de ces lieux et valait 3 livres locales. 1 livre carnassière de Toulouse = 1,224 Kg

romaine
Le poids de romaine

Le poids de romaine appelé communément pezon, servait à peser les choses lourdes ou volumineuses.

L'unité utilisée était le quintal soit 100 livres. Cependant, la livre variant suivant les lieux, le quintal variait également.

Quintal ancien système Système métrique
1 quintal poids de marc = 48,950 kg 1 quintal (100 kg) = 2,04288 quintaux poids de marc,
soit : 204 livres 4 onces 4 gros 59 grains.
1 quintal poids de table de Toulouse = 40,792 kg 1 quintal (100 kg) = 2,45145 quintaux poids de table,
soit : 245 livres 2 onces 2 gros 43 grains
Le poids de carat

Le carat est l'unité de mesure qui sert à peser les pierreries et à définir la pureté de l'or.
- Lorsqu'il s'applique à l'or, le carat sert à mesurer son état de pureté c'est-à-dire la quantité d'or fin qu'il contient. Le carat représente alors chacune des parties d'or fin contenues dans une certaine quantité d'or prise pour unité que l'on suppose partagée en 24 parties. Ainsi, quelle que soit la masse de l'objet (une bague ou un lingot par exemple), on dira qu'il est à 23 carats s'il est constitué de 23 parties d'or fin et une partie d'alliage.

Cette échelle a été établie à une époque où l'art de l'affinage ne permettait pas d'obtenir de l'or pur à 100%. En effet, ce métal contenant toujours des impuretés, les chimistes avaient calculé que le plus haut degré de pureté qu'ils pouvaient atteindre pour ce métal correspondait à la 758e partie de son poids. Ne pouvant techniquement aller au-delà de ce résultat, ils ont donc considéré comme étant le plus pur, l'or contenant 767 parties d'or pur.
Sur ce constat, les affineurs et les orfèvres ayant observés d'une part que 32 de ces 768 parties correspondaient à la 24e (768/32=24) partie d'or contenue dans le métal le plus pur obtenu et par ailleurs que cette échelle duodécimale était similaire celle des sous-multiples de la livre poids de marc suivant laquelle 24 deniers poids de marc forment une once, les affineurs et les orfèvres donc décidèrent de nommer 32 de ces 768e parties « le carat » au moyen duquel ils exprimèrent la quantité d'or pur contenu dans certaines pièces ou certain volume d'or. De cette manière l'or à 24 carats étant considéré comme le plus pur, celui à 23 carats ou 736/768 est moins pur, celui à 18 carats ou 576/768 encore moins et ainsi de suite jusqu'à l'or 12 carats ou 384/762 au dessous duquel l'alliage obtenu perd son nom d'or pour celui de billon.

Pour les diamants et les pierres précieuses, le carat est un poids réel d'après lequel on en détermine la valeur. Le diamant se pesait au carat qui était un poids particulier. Il servait également à peser les perles et les autres pierres fines pour en déterminer la valeur.

Le carat était une fève de l'érythrine, arbre commun dans la partie d'Afrique où l'on faisait le commerce de l'or et dont les indigènes se servaient pour peser l'or qu'ils vendaient aux étrangers.

Sous-multiples du carat Rapport au poids de marc Système décimal
1 carat = 4 grains 1 carat = 3,876 grains poids de marc 1 carat = 2,059 décigrammes
½ de carat = 2 grains    
¼ de carat = 1 grain    
- le grain se divise en :    
- 1/2, 1/4, 1/8, 1/16, 1/32 et 1/64    
Poids médicinal

Les mesures utilisées par les médecins et apothicaires de l'époque avaient pour origine les mesures grecques utilisaient à Athènes.

balance à fléau

Pour peser les drogues et autres plantes, le corps médical français utilisait la livre romaine et cet usage avait été maintenu par l'Édit d'octobre 1557. Cette livre appelé AS, PONDO ou LIBRA, par les anciens Romains valait environ 365 grammes. Cette livre de poids pondo était divisée en douze onces (uncia, mot qui signifie l'unité et vient de unus), l'once en huit drachmes (ou gros) et chaque drachme en trois scrupules (scriptulum dont on a fait le mot scrupule). Le scrupule se divisait en deux oboles (obulus), l'obole en trois siliques et le silique en quatre grains que l'on appelait lens ou primus. Cette singulière aritmétique en quart, huitième, dousième et tiers servait à l'exactitude des mélanges.

Cette division de la livre fut généralement suivie par les pharmaciens jusque vers le tiers du 18e siècle, mais pendant que ces professionels se conformaient au Codex où les formules étaient rédigées suivant le poids romain, les épiciers et droguistes se servaient du poids de marc ce qui augmentait les doses des médicaments d'un sixième s'ils étaient pesés à l'once et de 5 huitièmes lorsqu'on les vendait par livre. Pour prévenir les accidents que pouvait entraîner l'emploi simultané de ces deux sustème de poids, la Faculté de Paris adopta dans la 3e édition de son Codex publié en 1732, l'usage exclusif du poids de marc avec pour unique différence le maintien de l'appellation dragme qu'elle préféra à celui de gros.

Un arrêt du parlement du 25 juillet 1748 ayant confirmé cette disposition, les prescriptions des médecins et pharmaciens de Paris devinrent uniformes et plus exactes. Les médecins de Montpellier et de quelques autres provinces du sud conservèrent l'ancien poids médicinal au poids de marc car il différait peu de celui du poids de table en usage dans leur pays.

Le 27 pluviôse an X, la société de médecine décida d'adopter le système métrique pour déterminer les doses des médicaments. En exécution de l'article 38 de la loi du 11 avril 1803 un nouveau codex fut rédigé en ce sens. Son application fut rendu obligatoire dans tout le royaume suivant l'Ordonnance du 8 août 1816. Les mesures métriques furent des valeurs approchées des valeurs réelles.

Poids romain Équivalence poids de marc
1 livre romaine = 12 onces = 10 onces 5 gros 1 denier
1 once = 8 dragmes = 7 gros 8 grains
1 dragme = 3 scrupules = 2 deniers 16 grains
1 scrupule = 2 oboles = 21 grains 1/3
1 obole = 3 siliques = 10 grains 2/3
1 silique = 4 grains = 3 grains 8/9
1 grain = 8/9 de grain

Le grain était supposé être égal au poids d'un grain moyen d'orge ou de blé ; 1 grain = 0,053 g.

L'huile

L'huile était vendue au poids dans des mesures en fer blanc. Il en existait alors deux sortes :celles frappées d'un « M » pour l'huile à manger et celles marquées d'un « B » pour l'huile à brûler. L'unité de mesure pour l'huile était la livre et la plus grosse mesure utilisée pour la vente au détail contenait une quantité d'huile d'un poids d'une livre. Cette mesure se divisait en ½ en ¼ en 1/8e.

Le pain

De tous les aliments, le pain est le plus commun et le plus universel. Personne ne s'en passe, il entre dans tous nos repas et souvent il est le seul soutien de la vie du pauvre. Ainsi, c'est avec beaucoup de raison qu'il fit l'objet d'un grand nombre d'ordonnances et de règlements qui ont toujours prescrit une sévère discipline à ceux(1) qui le façonnent et qui le débitent, et de rigoureuses sanctions à l'encontre des prévaricateurs.
Le pain se vendait à la marque. La marque de pain bis ne se divise pas. Elle pèse 6 livres et se vend au même prix que la marque de pain blanc qui pèse 5 livres. Le pain blanc a ses multiples et sous-multiples :

Il existait encore d'autres pains de composition et de forme différentes, mais ces autres qualités étaient vendues au poids.

(1) Dans les premiers temps, lorsqu'on a commencé à faire le pain, on lui a donné une forme plate. Il ne se coupait pas, on le rompait et on avait coutume de commencer les repas par la fraction du pain. Dans la suite, quand on fit usage du levain pour faire lever la pâte, le pain prit de l'épaisseur au point qu'il fallut le couper et non plus le rompre. Quelque temps après, on donna aux pains la forme d'une boule et cette façon de faire fut si générale et se maintint si longtemps que les Panetiers furent surnommés les Boulens ce qui donna le nom de boulangers.



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LES MESURES AGRAIRES

Les unités de surface agraire ou forestière portent généralement le nom de « sétérée ou arpent ». Ces surfaces étaient mesurées à l'aide d'une règle appelée « perche ». La perche servant à l'arpentage des forêts était uniforme dans toute la France suivant une Ordonnance des eaux et forêts de 1669. Elle mesurait 22 pieds, 12 pouces.

L'arpent des eaux et forêts
Ancien système Système métrique
1 arpent = 100 perches carrées 1 arpent des eaux et forêts = 51,07 ares
1 arpent = 1344 toises² 1 hectare (10 000m²) = 1,958 arpent
arpentage
L'arpent agraire

L'arpent était une mesure d'origine gauloise qu'on distinguait encore à l'époque franque en arpent simple pour les mesures linéaires et en arpent carré pour les mesures des surfaces agraires. Comme les autres mesures, l'arpent variait suivant les différentes coutumes des lieux. Les sous-multiples de cette mesures portaient également des noms différents suivant les lieux. La perche de Toulouse mesurait 14 empans de la canne de Toulouse soit 3,14314 m.

Sous-multiple de l'arpent de Toulouse Système métrique
1 arpent de Toulouse = 4 pugnères (576 perches²) 1 perche de Toulouse = 3,14314 m
1 pugnère = 8 boisseaux L'arpent de Toulouse = 56,903 ares (1)
1 boisseau = 18 perches² 1 pugnère = 14,225 ares
1 boisseau = 1,778 are
1 are = 10,1143 perches² ou [10 perches 11/100]² 1 perche² = 0,0988 ares
1 hectare = 1,7559 arpent ou
1 arpent 3 pugnères 3 perches 44/100
 

Quelques exemples de noms et valeurs des sous-multiple de l'arpent suivant les lieux.

Grenade
Beaumont de Lomagne
Montesquieux-Volvestre Bagnères de Luchon Léguevin
1 arpent = 56,87 ares 1 séteré = 56,87 ares 1 arpent = 102,52 ares 1 arpent = 56,90 ares
1 arpent = 4 cazaux 1 séteré = 8 mesures 1 arpent = 4 journaux 1 arpent = 4 mézeillades
1 cazal = 6 places 1 mesure = 4 boisseaux 1 journal = 6 mesures 1 mézeillade = 6 places
1 place = 24 escats 1 boisseau = 18 perches² 1 mesure = 12 couperades 1 place = 24 escats
1 escat = 0,10 ares 1 perche² = 0,10 are 1 couperade = 0,04 ares 1 couperade = 0,04 ares

Quelques valeurs de la sétérée ou arpent dans le Languedoc

Lieux Valeurs de quelques séterées Système métrique
Toulouse 1 arpent = 576 perches² 1 arpent = 56,903 ares
Carcassonne 1 sétérée = 1024 cannes² 1 sétérée = 36,615 ares
Rodez 1 sétérée = 640 cannes² 1 sétérée = 25,207 ares
Beaucaire 1 salmée = 1569 cannes² 1 salmée = 60,768 ares
Nîmes 1 salmée = 1716 annes² 1 salmée = 66,993 ares

(1) Dans le système métrique, l'unité des mesures agraires est le décamètre carré appelé are dérivé du mot latin arare qui signifie labourer la terre. L'are est égal à un carré de 10m de côté. Il se divise en 100 centiares ou mètres carrés. Les multiples de l'are sont l'hectare ou hectomètre carré (100 ares), le myriamètre ou kilomètre carré (10 000 ares).



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LA MESURE DU TEMPS

Calendrier Julien

L'année (annata) mesure le temps compris entre deux retours successifs du soleil au même point de l'écliptique et se compose de 12 mois ou de 365,242264 jours ou 365 jours 5h 48' 51" 6/10. On la nomme année solaire ou année tropique. Les anciens avaient reconnu que l'année solaire était de 365 jours ce qui diffère peu de l'évaluation des modernes. L'année civile des anciens Romains, réformée par Numa, se composait de 12 mois ou 355 jours en ajoutant tous les deux ans un mois intercalaire de 22 jours pour la faire coïncider avec la marche du soleil. Mais, devant la confusion engendrée par ce calendrier, Jules César jugea indispensable d'en ordonner la réforme qui eut lieu l'an 46 avant Jésus Christ. L'année solaire étant de 365 ¼ jours, il fut convenu que l'année civile serait de 365 jours, mais que tous les quatre ans, elle aurait un jour de plus. Cette année fut nommée bissextile parce que le jour intercalaire fut placé après le sixième jour (sexto) avant les calendes de mars et s'appela ainsi bissexto calendas Martii. Ce calendrier reçut le nom de calendrier Julien.

Le Pape Grégoire XIII
Calendrier Grégorien

Cependant, en fixant l'année solaire à 365 ¼ jours, il existait encore une erreur de 11 minutes 8,4 secondes, puisque d'après les observations modernes la fraction n'est pas exactement d'un quart de jour où 6 heures mais seulement de 5 heures 48 minutes 51,6 secondes. Au bout de quinze siècles, le cumul des ces 11 minutes 8,4 secondes a engendré un décalage d'une dizaine de jours de retard dans le calendrier julien par rapport à l’année tropique. Pour y remédier le pape Grégoire XIII réforma de nouveau le calendrier en 1582 en décidant que les années séculaires, qui étaient toutes bissextiles, ne le seraient plus que de 4 en 4 siècles. La différence entre les deux calendriers était donc de 5 jours tous les 400 ans (1). L'année julienne commence le 13 janvier du calendrier grégorien. De là les noms de vieux style et de nouveau style qu'on à donné aux dates.

Calendrier républicain ou d'équinoxe

La loi du 5 octobre 1795 créa en France une nouvelle ère datant du 22 sept 1792, jour où la république avait été proclamée. L'année fut divisée en 12 mois égaux de 30 jours et terminée par 5 ou 6 jours qui n'appartenaient à aucun mois et que l'on appela jours complémentaires. La loi du 4 frimaire an II donna des noms particuliers aux nouveaux mois: vendémiaire, brumaire, frimaire, nivose, pluviose, ventose, germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor et fructidor. L'année fut appelée sextile lorsqu'elle était de 366 jours parce qu'alors il y avait six jours complémentaires ; les années 5, 7 et 11 ont été sextiles. Le mois fut divisé en 3 décades, le jour en 10 heures, l'heure en 100 minutes. Mais le calendrier républicain dont les divisions contrariaient de longues habitudes finit par être abrogé à dater du 11 nivôse an XIV (1er janvier 1806) pour faire place au calendrier grégorien.

Correspondance des premiers jours des mois républicains avec le calendrier grégorien :

Calendrier républicain An II Calendrier grégorien
1793 / 1794
Calendrier grégorien 1793  Calendrier républicain
An I / An II
Premier du mois 1793 Premier du mois An I
1er Vendémiaire 22 septembre 1er Janvier 12 nivôse
1er Brumaire 22 octobre 1er Février 13 pluviôse
1er Frimaire 21 novembre 1er Mars 11 ventôse
1er Nivôse 21 décembre 1er Avril 12 germinal
  1794 1er Mai 12 floréal
1er Pluviôse 20 janvier 1er Juin 13 prairial
1er Ventôse 19 février 1er Juillet 13 messidor
1er Germinal 21 mars 1er Août 14 thermidor
1er Floréal 20 avril 1er Septembre 15 fructidor
1er Prairial 20 mai   An II
1er Messidor 19 juin 1er Octobre 10 vendémiaire
1er Thermidor 19 juillet 1er Novembre 11 brumaire
1er Fructidor 18 août 1er Décembre 11 frimaire
Jours complémt. 17 septembre    

(1) Depuis la règle concernant l'année bissextile a été ajustée pour minimiser ce décalage. Désormais, l'année est bissextile si elle respecte l’un des deux critères suivants :
- être divisible par 4 sans être divisible par 100 (cas des années qui ne sont pas des multiples de 100) ;
- être divisible par 400 (cas des années multiples de 100, comme 1800, 1900, etc.). Cette nouvelle règle n'engendre qu'un retard de trois jours en dix mille ans.



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LA MONNAIE

Il peut sembler curieux de trouver au sein de cette esquisse consacrée aux poids et mesures un chapitre traitant de la monnaie. Cela est facile à comprendre : la monnaie est la mesure qui sert à établir la valeur de toute chose. L'origine du terme monnaie vient du verbe latin « monère » qui signifie « avertir» . Ce nom fut donné aux espèces pour leur caractère explicite. Un simple regard sur ces objets représentatifs permettait d'avertir ou de faire connaître à chacun sa valeur grâce à sa couleur, sa dimension, son empreinte, sa valeur nominale, et quelques autres renseignements comme l'atelier de fabrication ou le règne sous lequel ils avaient été réalisés.


L'origine de la monnaie est impossible à déterminer. Il semble qu'elle fut introduite en Gaule par les Phocéens établis à Marseille. Jusqu'à cette époque, les gaulois utilisaient l'échange.

Mais l'échange à ses limites et suppose que les deux parties veuillent obtenir l'une de l'autre ce qu'elle n'a pas. Si une des parties n'est pas interressée par ce qu'offre l'autre, l'échange devient impossible. Ainsi, toujours sur le principe de la volonté entre les parties, les peuples ont mis en place un système pour permettre aux uns d'obtenir des autres un bien sans être obligés pour les premiers de fournir aux seconds le bien désiré et sans pour autant que ces derniers soient lésés. Cette invention, consista à mettre en place un élément tiers accepté par tous, qui n'avait aucune utilité domestique, mais qui serait reconnu pour la valeur de ce qu'il représente. Dès lors l'acquisition des biens ne se ferait plus en troquant les marchandises entre-elles, mais en les échangeant contre ce troisième élément. Désormais le système ternaire de l'échange se substituait au troc binaire. La valeur d'un bien ne fut plus estimée par comparaison à la valeur d'un autre bien, mais par rapport à une valeur tierce.

La conquête romaine avait fini par établir qu'une seule monnaie dans leur immence empire, celle de Rome.

Lorsque les germains se rendirent maître des Gaules, ils adoptèrent la monnaie des vaincus tant leur prestige était immense. Sous les rois de la première dynastie le monnayage fut extrêmement grossier car les artistes ne maîtrisaient plus l'art grec et romain. Plusieurs type d'espèces circulaient et il fallu attendre l'avènement des Carlovingiens pour remettre de l'ordre. Charlemagne et Louis le Débonnaire s'efforcèrent d'unifier la monnaie mais cet effort fut de courte durée à cause du démembrement de l'empire et de son affaiblissement. Les grands vassaux ayant conquis une sorte d'indépendance à la faveur du désordre qui suivit la chute de Charles le Gros (885 - 887), s'attribuèrent tous les droits de souveraineté, et par suite celui de battre monnaie.

Lorsque Hugues Capet (987 - 996) monta sur le trône, la monnaie seigneuriale était partout en circulation. Tout occupé à consolider son autorité, il ne put imposer une monnaie nationale de sorte que toute les monnaies étaient alors purement locale. Elles différaient non seulement par leur type mais par leur poids car la livre variait d'un lieu à un autre. La monnaie royale ne commença à devenir monnaie d'État qu'à partir du règne de Philippe-Auguste (1180 - 1223). Ce monarque s'employa à centraliser la monnaie en la ramenant à un type uniforme. Il fit frapper les deniers Parisis à Paris et dans les villes placées sous son autorité mais conserva les deniers tournois (1) frappés à l'abbaye de Saint Martin de Tours.

Le denier tournois Le denier parisis
1 livre tournois = 20 sols tournois (sous) 1 livre parisis = 20 sous parisis
1 sol (sous) = 12 deniers tournois 1 sous parisis = 12 deniers parisis
Sous multiples du denier : 1 livre parisis = 25 sous tournois
½ denier  
¼ de denier  

Son petit-fils Louis IX « Saint-Louis » (1226 - 1270) contribua à établir la suprématie de la monnaie royale en obligeant les seigneurs n'ayant pas de droit monétaire d'utiliser sa monnaie, puis en décidant que les monnaies des seigneurs seraient sans valeur en dehors de leurs terres, enfin en imposant que sa monnaie soit reçue dans tout le royaume. Sous son règne paru le gros tournois, qui était la plus forte monnaie d'argent et valait 12 deniers tournois. Le « sous » cessa d'être une monnaie nominale. Sous Philippe IV Le Bel (1285 - 1314), la livre devint une monnaie réelle et se présentait sous la forme d'une pièce d'or appelé gros royal et valant 20 sous parisis.

balancier

Jean II (1350 - 1364) fut à l'origine de la création du franc d'or ou franc à cheval valant 1 livre ou 20 sous tournois. Son fils Charles V (1364 - 1380) créa le florin d'or aux fleurs de lys ou franc à pied de la même valeur que le franc à cheval. Charles VI (1380 - 1422) inventa l'écu (2) à la couronne qui demeura en usage jusqu'à Louis XIII et sur lequel on ne grava plus que trois fleurs de lys. Anne de Bretagne, reine de France et mère de Louis XI (1488) établira l'usage d'indiquer sur les espèces l'année de fabrication. Louis XI (1461 - 1483) fixa le cours des monnaies étrangères.

François Ier (1515 - 1547) (3) unifiera la monnaie dans le royaume en interdisant aux comtes et seigneurs locaux de battre monnaie. Henri II (1547 - 1559) émit une nouvelle espèce d'or que l'on nomma le Henri (4). C'est sous son règne qu'est apparu le balancier pour frapper les monnaies. Henri III (1574 - 1589) ordonna la fabrication du franc d'argent. Louis XIII (1610 - 1643) fit fabriquer les Louis d'or de 10 livres et les Louis d'argent ou écus blancs de 60 sous.

Louis XIV (1661 - 1715) supprima la livre parisis au profit de la livre tournois. Ainsi il acheva de constituer l'unité monétaire du royaume. Ce ne fut qu'en 1716 sous la régence de Philippe d'Orléans (1715 - 1723) que la banque (5) de France fut créée à Paris et prit en 1718 le nom de Banque Royale.

La révolution française éteignit les derniers privilèges monétaire. Au système duodécimal, établi par Charlemagne, la Convention substitua le système décimal qui avait l'avantage d'être en harmonie avec les nouveaux systèmes de poids et mesures.


La fabrication des anciennes monnaies reposait sur trois critères : le poids, le titre et l'empreinte. Elles étaient réalisées dans des métaux précieux. Leur poids, qui est sans doute le plus ancien critère, permettait de maintenir un juste équilibre dans les échanges. Bien qu'il existait une multitude de poids différents, l'unité principale utilisée par la couronne était la livre poids de marc. Cette valeur établie sous le règne de Charlemagne demeurait une unité de compte trop importante pour l'usage quotidien. La livre fut divisée en 2 demi-livres qui prirent le nom de marc, le marc pesant 8 onces contenait 64 gros, 192 deniers ou 4608 grains.

La taille des espèces

La taille des espèces était réglée sur le poids de marc.

La taille ne correspondant pas à la dimension de la pièce, mais à la quantité d'espèces que le souverain faisait tirer dans l'unité de poids monétaire. Ainsi le Louis d'or de 1785 était à la taille de 32 poids de marc c'est-à-dire que 32 pièces d'or étaient produites à partir d'un marc d'or. Le marc valant 4608 grains, chaque Louis devait peser 144 grains ou 2 gros. L'écu était fabriqué depuis 1726 à la taille de 8 pièces 3/10 au marc soit 555 grains. Les monnaies en billon et en cuivre avaient également leur taille. Le système décimal et ses nombreux avantages succèderont à l'ancien système. La taille des espèces fut réglée sur le kilogramme.

Le titre des monnaies
balance

Le titre d'une monnaie sert à faire connaître le degré de pureté des métaux d'or ou d'argent qu'elle contient.
Dans l'origine, les monnaies étaient en métal pur. Cela présentait plusieurs inconvénients, dont celui de l'usure et de la fraude. Dans la suite on ajouta à l'or et à l'argent une certaine quantité de cuivre afin d'augmenter leur intensité, de produire une plus belle empreinte moins sujette à l'effacement et permettre grâce à leur résistance d'être en circulation plus longtemps avant d'être refondues. L'importance de ces avantages exigea que les pièces fussent réalisées en alliage.

Avant l'application du système métrique aux monnaies, il existait deux échelles de titre, l'une pour l'or et l'autre pour l'argent. Ces échelles n'avaient aucun rapport direct avec la division ordinaire des poids.
- L'échelle de l'or se divisait en 24 parties appelées karats (carats) et chaque carat se divisait en 32 parties appelées trente-deuxième. L'échelle du titre d'or était composée de 768 parties.
- L'échelle du titre de l'argent se divisait en 12 parties appelées deniers et chaque partie se subdivisait en 24 parties appelées grains. L'échelle complète du titre d'argent étant composée de 288 parties.

Ainsi, les monnaies d'or étaient au titre de 24 carats et celles d'argent au titre de 12 deniers lorsqu'elles ne contenaient que de l'or ou de l'argent. Cependant, pour être utilisable, les anciennes monnaies d'or étaient au titre de 22 carats et celles d'argents au titre de 11 deniers ce qui faisait pour l'une comme pour l'autre des pièces contenant 1/12e d'alliage. Dans le système métrique cette proportion fut ramenée pour les deux espèces à 1/10e d'alliage pour 9/10 de pur. Le titre fut compté en millième pour les deux métaux.

Les lois prescrites par les souverains étaient très sévères à l'égard des fabricants de monnaie s'ils ne respectaient pas parfaitement le titre et la taille des pièces. Cependant, les méthodes d'affinage de l'or et les procédés métallurgiques de l'époque ne permettaient pas à ces monnayeurs d'atteindre cette perfection sans perte de leur part. Une tolétence fut introduite pour l'une et pour l'autre. Par exemple la valeur de la tolérance pour un Louis d'or de vingt-quatre livres devant théoriquement titrer 22 carats et tailler trente-deux marc était de 12/32e pour son titre, c'est-à-dire que le titre de cette pièce pouvait descendre jusqu'à 21 carats 20/32e, et de 15 grains par marc pour son poids, c'est-à-dire que le marc d'or de 4608 grains (poids de Paris) pouvait être réduit à 4593 grains.

Dans cette fourchette, le monnayeur était censé avoir satisfait à l'esprit de la loi et n'était pas répréhensible. Cette indulgence qui permettait aux monnayeurs de ne pas supporter les inévitables déchets de la fabrication se nommait remède. Il y avait donc un remède d'alo ou de loi et un remède de poids. Une pièce de bon aloi était une pièce conforme à la loi. Lorsque cette diminution excédait le remède, on parlait alors de faiblage d'aloi ou de faiblage de poids, le fabricant s'exposait alors aux rigueurs de la loi.

Échelle du titre d'or Système métrique
or fin = 24 carats (ou 768 trente-deuxième) 24 carats (or fin) = 1 000 millièmes (1000/1000e)
1 carat = 32 trente-deuxième 1 carat = 41,667 millième
le carat se divise en ½, ¼ ... 1 trente-deuxième = 1,302 millième
Échelle du titre d'argent Système métrique
argent fin = 12 deniers (ou 288 grains) 12 deniers (argent fin) = 1 000 millièmes (1000/1000e)
1 denier = 24 grains 1 denier = 83,333 millième
le grain se divise en ½, ¼ ... 1 grain = 3,472 millième
Valeurs des monnaies
Louis d'or

On distingue deux sortes de valeurs, la valeur nominale et la valeur réelle. La première est décidée par l'état, la seconde par le prix des métaux qui la compose. La valeur réelle (6) ou intrinsèque est sa valeur en poids d'or ou d'argent contenue dans la monnaie. Ainsi une livre tournois d'argent pesant 92 grains 3/6e est à la valeur de 4,89366 g d'argent-métal.

Anciennes monnaies d'or
Année Nom Taille Titre
1422 Le franc à pied 64 pièces au marc 24 carats (1000/1000e)
1422 L'Agnelet 96 pièces au marc 24 carats
1455 Le royal 64 pièces au marc 24 carats
1600 L'écu d'or 72,5 pièces au marc 23 carats
1665 Le lys d'or 60,5 pièces au marc 23 carats (969/1000e)
1709 Le Louis dit au soleil 30 pièces au marc 22 carats (917/1000e)
1716 Le Louis dit de Noailles 20 pièces au marc 22 carats
1718 Le Louis dit de Malte 25 pièces au marc 22 carats
1719 Le Quinzain d'or 65 pièces 5/11 au marc 24 carats
1720 Le Louis dit au deux L 25 pièces au marc 22 carats
1723 Le Louis dit le mirliton 37,5 pièces au marc 22 carats
1726 Le Louis dit à lunette 30 pièces au marc 22 carats
1786 Le Louis et suivant dit aux deux armes 32 pièces au marc 22 carats
1791 Le Louis dit constitutionnel 32 pièces au marc 22 carats
1793 et suivant La républicaine 32 pièces au marc 22 carats
Anciennes monnaies d'argent
Année Nom Taille Titre
1701 L'écu de Flandre
(dit la Carambole)
6,5 pièces au marc 10 deniers 7 grains (858/1000e)
1701 L'écu dit aux Armes 8 pièces 11/12 de marc 11 deniers (917/1000e)
1701 L'écu dit aux huit 8 pièces 11/12 de marc 11 deniers
1704 La pièce de 30 sous 26 pièces 1/3 au marc 10 deniers (833/1000e)
1715 L'écu dit aux trois couronnes 8 pièces au marc 11 deniers
1716 L'écu dit aux Armes 8 pièces au marc 11 deniers
1718 L'écu dit de Navarre 10 pièces au marc 11 deniers
1719 La livre d'argent 65 pièces 5/11 de marc 12 deniers (1000/1000e)
1720 L'écu dit aux Armes 10 pièces au marc 11 deniers
1724 L'écu 10 pièces 3/8 au marc 11 deniers
1726 L'écu dit aux Armes 8 pièces 3/10 au marc 11 deniers
1786 La pièce de 30 sous 24 pièces 8/55 au marc 8 deniers (667/1000e)
1791 L'écu dit constitutionnel 8 pièces 3/10 au marc 11 deniers
1793 L'écu dit républicain 8 pièces 3/10 au marc 11 deniers
Le franc germinal

Suivant la loi du 16 vendémiaire an II (7 octobre 1793), l'unité principale des monnaies devait être de 10 grammes en or ou argent. Ces deux métaux n'ayant pas la même valeur, il y aurait eu d'énormes inconvénients à introduire deux unités monétaires. C'est la loi du 28 thermidor an III qui fixa le franc à 5 grammes d'argent-métal, ce poids se rapprochant au plus près de celui de la livre.

Le 18 germinal an III (7 avril 1795), (d'où la dénomination de "Franc germinal"), le Franc remplaça la Livre. La pièce de 1 franc pesant 5 grammes fut constituée de 9/10 d'argent et de 1/10 d'alliage soit 4,5 grammes d'argent-métal, sa valeur représentait un peu plus de 94 grains. Les décimes sont en billon (alliage d'argent et de cuivre), les centimes sont en cuivre et leurs poids varient suivant leur valeur.

Aujourd'hui 1 franc germinal = le cours actuel de 4,5 grammes d’argent-métal.

Suivant la loi du 7 germinal an II (27 mars 1794), relative à la fabrication des monnaies la taille des pièce d'or, d'argent, de billon et de cuivre avait été établie comme suit :

Espèces or Taille des espèces Poids Titre
Le Napoléon de 40 fr. 77,5 pièces/kg 12,98 gr 900/1000e (21 carats 19 grains)
Le Napoléon de 20 fr. 155 pc/kg 6,45 gr 900/1000e (21 carats 19 grains)
Espèces argent Taille des espèces Poids Titre
La pièce de 5 francs 40 pièces/kg 25 gr 900/1000e (10 deniers 19 grains)
1 pièce d'argent de 2 fr 100 pc/kg 10 gr idem
1 pièce d'argent de 1 fr 200 pc/kg 5 gr idem
1 pièce d'argent de ¾ fr 266,66 pc/kg 3,75 gr idem
1 pièce d'argent de ½ fr 400 pc/kg 2,5 gr idem
1 pièce d'argent de ¼ fr 800 pc/kg 1,25 gr idem

Suivant la loi du 15 septembre 1807

Espèces en billon Taille des espèces
10 centimes en billon = 2 gr 500 pièces au kilogramme
Espèces en cuivre Taille des espèces
5 centimes cuivre = 10 gr 100 pièces au kg
3 centimes cuivre = 6 gr 166 pièces au Kg
2 centimes cuivre = 4 gr 250 pièces au kg
Conversion des monnaies

L'arrêté du 13 brumaire an IX (4 novembre 1800), relatif au nouveau système des poids et mesures, fixa, d'une manière définitive, le rapport des nouveaux poids avec les anciens et rendit l'exécution de ces mesures obligatoire dans tout l'empire. Il faudra cependant attendre encore quelques années avant que les français se familiarisent avec le nouveau système.

Conversion suivant l'arrêté du Directoire du 26 vendémiaire an VIII :

De livre en franc De franc en livre
1 livre = 0,9877 franc 1 franc = 1 livre 3 deniers (ou = 1,01251 livre)
1 sous = 4,94 centimes de franc 10 francs = 10 livres 2 sous 6 deniers
1 denier = 0,412 centime de franc  

(1) Pour effectuer des opérations financières entre villes, provinces et pays, la monnaie servant de valeur de référence était la livre tournois. Elle tire son nom de l'abbaye de Saint-Martin de Tours où l'on frappait des deniers dits tournois. En 1262, la réforme monétaire de Saint Louis étend le cours légal de la livre tournois au royaume. L'Ordonnance d'avril 1667 abolit la livre parisis au profit de la livre tournois. En 1720, elle sera tout simplement appelée « livre ». Le mot livre tire son nom de son poids en argent métal. Avant sa création, les sols étaient les valeurs monétaires les plus importantes et 20 sols correspondaient à une livre d'argent.

(2) Le nom d'écu, dont on se servait aussi bien pour désigner une pièce d'or ou d'argent, fut réservé aux pièces de ce dernier métal. Cette dénomination d'écu dérive du latin scutum qui signifie bouclier et sur lequel les anciens rois de France faisaient peindre ou graver leurs armoiries. Ces armoiries étant par la suite gravées sur les monnaies, ces dernières prirent le nom d'écu. Dès lors, le mot écusson sera employé pour désigner le côté de la pièce opposé à celui de l'effigie et représentera les armes du souverain. C'est sous le règne de Louis VI que les premières fleurs de lys apparaîtront sur les monnaies.

(3) François Ier réorganisa les ateliers monétaires et accorda à 25 villes le droit de battre monnaie. L'atelier de fabrication de Toulouse sera supprimé avec 12 autres par l'Édit de février 1772. Avec la création des assignats, tous les ateliers furent supprimés par la loi du 6 pluviôse an II (25 janvier 1794) sauf celui de Paris. Cependant la loi du 22 vendémiaire an IV (14 octobre 1795) en rétabli huit dont celui de Toulouse pour la fabrication des monnaies de cuivre.

(4) L'usage de donner aux monnaies le nom du souverain ne remonte qu'au règne de Henri II (1547). On le donnait indistinctement aux monnaies d'or et d'argent mais à compter du règne de Louis XIII, seules espèces d'or porteront le nom du roi.

(5) L'étymologie du mot banque vient de l'italien banca qui deviendra banco puis banque. Anciennement en Italie, le change et le commerce d'argent se faisaient en place publique et ceux qui négociaient ces affaires étaient assis sur des bancs sur lesquels ils comptaient leur argent et rédigeaient les lettres et billets de change. Ils furent appelés banquiers.

(6) Pour faire face le plus souvent aux dépenses de guerre, plusieurs rois séduits par les apparences trompeuses d'un bénéfice momentané eurent recours à l'affaiblissement de leur monnaie c'est-à-dire à l'augmentation de la proportion du cuivre au détriment du pur. Les conséquences furent désastreuses. L'éloignement de la proportion de poids ou d'alliage ordinaire donna lieu au discrédit général des espèces. Il favorisa l'introduction de la fausse monnaie et participa au renchérissement des denrées, à la diminution des revenus et à l'anéantissement du commerce. Ce fut le cas sous le règne du roi Jean II (1350 - 1364) au cours duquel le cours des monnaies fut livré à des fluctuations désastreuses.


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