Honoré de GOUDIN (ou GONDIN) reçut par héritage de son père Jean, la seigneurie de Boisseron. Il en devint seigneur et baron. Par lettre patente du 21 avril 1626 donnée à Fontainebleau, il fut pourvu prévôt général du Languedoc et se retrouva vite confronté aux luttes fratricides que se livraient protestants et catholiques et au morcellement de son ressort et de son autorité. (Arrêt portant la nécessité d'enregistrer les lettres patentes données à Fontainebleau, le 21 avril 1626, qui nomme Honoré de Goudin, prévôt général de Languedoc, au lieu et place d'Esprit Dallar, démissionnaire (AD31 - Série B - B479 F285)).
La guerre religieuse commencée en 1625 en Languedoc ne se termina qu'en 1659 par l'édit de pacification. Les crimes et autres délits avaient grandement augmenté dans la province.
Il avait pour conseiller assesseur Anne Bulmon, nommé par lettres pattentes données à Paris le 2 mai 1626 et qui fut reçu en l'office après une enquête sur « ses bonnes vie et moeurs » au mois d'août suivant. Parmi ses officiers, il y avait le lieutenant particulier au diocèse de Toulouse Jean Falcon qui sera créé en 1639 prévôt en chef.
Pour soutenir les dépenses de guerre, Louis XIII multiplia dangereusement les offices. Ainsi, dans un édit d'octobre 1632 donné à Béziers, avait-il l'intention de créer à Nîmes un autre Parlement avec autant de magistrats que pour celui de Toulouse.
Sept ans plus tard, sur les remontrances du Parlement de Toulouse, Louis XIII, dans un édit de mars 1639, abandonna l'idée, mais créa dans tous les sièges de sénéchaussée des magistrats en complément des existants. Concernant la maréchaussée, il créa en titre d'office formé et héréditaire trois prévôts des maréchaux de France et chevalier du Guet en lieu et place des offices de lieutenants généraux du prévôt général de la province. Ces officiers, qui avaient sous leurs ordres un lieutenant, un exempt un greffier et dix archers, prirent le titre de prévôts en chef. Ils exerçaient leur charge indépendamment du prévôt général. Celui de Toulouse avait dans son ressort les diocèses(1) de Toulouse, Rieux, Comminges, Saint-Papoul et bas-Montauban. Celui de Carcassonne avait les diocèses de Carcassonne, Aleth et Mirepoix, enfin celui de Castres avait en charge les diocèses de Castres, Albi et Lavaur.
Après la généralité de Toulouse(2), le roi scindait la généralité de Montpellier et créait par un édit de décembre 1639 un prévôt en chef pour la sénéchaussée de Nîmes et Beaucaire alors composée des diocèses de Nîmes, Uzès, Viviers, Le Puy et Mende. Un cinquième prévôt en chef fut installé à Limoux en 1642. Le surcoût de ces créations fut prélevé sur les 22 diocèses de la province.
Honoré Goudin, qui gardait son titre de prévôt général du Languedoc, exerça sa charge sur les diocèses restant. Il ne tarda pas à entrer en conflit avec ses anciens lieutenants et particulièrement avec Daniel Guirand(3), créé, en 1639, prévôt en chef de la sénéchaussée de Nîmes et Beaucaire en titre d'office formé et héréditaire avec un lieutenant, un exempt, un greffier et onze archers. Comme le prévôt en chef de Toulouse, Guirand ne relevait désormais en aucune chose du prévôt général dont l'autorité s'était rétrécie pour ne plus s’exercer que sur les sénéchaussées de Montpellier et de Béziers.
Cette décision était loin de plaire à Goudin qui, s'il ne pouvait s'opposer au roi, usa d'une grande mesquinerie pour nuire à son ancien lieutenant. Soutenu par les États du Languedoc, Goudin donna des commissions pour exercer la fonction et la charge de prévôt diocésain à quelques individus de son choix qu'il fit rétribuer par le diocèse et qu'il envoya dans la ville et sénéchaussée de Nîmes. Cette affaire fut portée devant le conseil du roi qui désavoua Goudin et ordonna, dans un arrêt du 23 mai 1640, que l'arrêt du 11 septembre 1612 lui interdisant de donner de telles commissions et l'édit de création du prévôt en chef de décembre 1639 soient scrupuleusement observés faute de quoi les contrevenants s'exposaient à des peines corporelles.
Goudin persista encore en déposant devant la cour de parlement de Toulouse une assignation à l'encontre de Guiran pour contester sa réception et son installation en la charge de prévôt en chef. La cour fit défense à Guiran et à son lieutenant de poursuivre l'exercice de leur charge sous peine de faux et de nullité jusqu'à ce que l'affaire soit jugée. Le roi exaspéré par cette affaire cassa les arrêts de la cour et, conformément à l'édit de décembre 1639, un arrêt du grand conseil du 2 décembre 1643 interdit d'une par au prévôt général et tout autre de se pourvoir devant la cour et fit défense d'autre part à la cour d'en prendre connaissance sous peine de nullité, cassation des procédures, dépens, dommages et intérêts et 10 000 livres d'amende.
Goudin s’éteignit en 1645. Son fils aîné Bernard, seigneur de Montagut, hérita de la charge et devint prévôt général en décembre 1647. Il abandonna la charge au profit de son frère Hercule, seigneur et baron de Boisseron qui devint prévôt général le 19 juin 1648.
Hélas, ce système héréditaire avait conduit à ces postes des hommes en quête d'exemptions et de privilèges au détriment du mérite, du courage et de la fidélité.
(1) La province de Languedoc comprenait 24 diocèses ou parties de diocèses répartis en deux généralités.
- Le Haut-Languedoc ou généralité de Toulouse était composée des diocèses de Toulouse, Albi, Aleth, Carcassonne, Castres, une partie de Comminges, Lavaur, Limoux, Mirepoix, une partie de Montauban, Rieux, Saint-Papoul soit 4 130 paroisses.
- Dans le Bas-Languedoc et le pays des Cévennes (haut Velay), la généralité de Montpellier était composée des diocèses de Montpellier, Agde, Alès, Béziers, Le Puy, Lodève, Mende, Narbonne, Nîmes, Saint-Pons, Uzès, Viviers, formant 1 582 paroisses.
(2) Les généralités étaient des circonscriptions financières établies pour le recouvrement des impôts. Par édit de janvier 1551, Henri II nomma les officiers chargés de ce recouvrement des trésoriers généraux et par extension il donna aux circonscriptions de ces recettes générales le nom de généralités.
(3) Daniel GUIRAND avait été pourvu de la charge de lieutenant général en la maréchaussée du Languedoc en 1610 lorsque Pierre d'Augier était le prévôt général de la province.
Création de trois prévôts en chef dans la généralité de Toulouse. Ils exercent leur charge indépendemment du prévôt général de la province qui ne l'exerce plus que sur la généralité de Montpellier. (voir prévôt suivant)
Sept ans plus tard, Louis XIV scindait la généralité de Montpellier et créait un prévôt en chef pour la sénéchaussée de Nîmes et Beaucaire qui était composée des diocèses de Nîmes, Uzès, Viviers, Le Puy et Mende. Daniel GUIRAND, alors lieutenant du prévôt général Goudin était créé en titre d'office formé et héréditaire prévôt en chef avec un lieutenant, un exempt, un greffier et onze archers. Comme le prévôt en chef de Toulouse, Guirand ne relèvait désormais en aucune chose du prévôt général dont l'autorité ne s'exerçait plus que sur les sénéchaussées de Montpellier et de Béziers. Le financement de cette création fut prélevé sur les onze diocèces de la généralité de Montpellier.