En 1789, la lieutenance de Toulouse était distribuée en 11 brigades dont deux en résidence à Toulouse. Elle était composée d'un état-major comprenant un lieutenant, deux sous-lieutenants et trois officiers de robe. L'ensemble des brigades était à l'effectif de 44 hommes dont trois maréchaux des logis, huit brigadiers et trente-trois cavaliers. Les huits cavaliers et gradés composant les deux brigades de Toulouse étaient logés dans la caserne de maréchaussée construite par la ville le long de ses remparts en 1784.
Avec la loi du 25 pluviôse An V[1] (13 février 1797), la gendarmerie nationale fut réorganisée en vingt-cinq divisions formant ensemble 1 500 brigades et 100 compagnies. Chaque division, composée de quatre départements, était subdivisée en deux escadrons de deux compagnies. Chaque compagnie qui couvrait le département était formée de douze à dix-huit brigades. Bien vite, il apparut que cette nouvelle organisation ne permettait pas d'assurer le maintien de l'ordre public et la répression des crimes et des délits. Le Conseil des Cinq-cents vota la loi du 28 germinal an VI [2] de la République (17 avril 1798), en grande partie initiée par le général Wirion. Le nombre de brigades fut porté à 2 000 et le complet de l'Arme fut fixé à 10 575 hommes.
Pour les mêmes raisons que celles édictées dans les anciennes Ordonnances, le Conseil des Cinq-cents maintint le principe de caserner les sous-officiers et gendarmes. La mise en œuvre de cette obligation fut rendue possible par l'article 83 de cette loi qui imposa aux administrations centrales, le soin de fournir le casernement en nature. Les officiers n'étant pas soumis à cette astreinte recevaient une indemnité pour se loger où ils le désiraient. Pour les détachements occasionnels, le logement était à la charge des administrations municipales. L'article 84 de la même loi ordonna également la remise à la disposition du ministre de la Guerre, des bâtiments nationaux nécessaires au casernement de la gendarmerie.
Une masse de casernement fut créée par l'arrêté du 24 vendémiaire an XI[3] (12 octobre 1802), afin de pourvoir aux frais de logement des brigades. Cette masse servant principalement à payer l'entretien et réparation des maisons nationales occupées ou qui pourraient l'être par des brigades à pied ou à cheval, au paiement des loyers des maisons particulières affermées pour cet usage et à l'indemnité accordée aux sous-officiers et gendarmes non casernés.
Le 1er vendémiaire an XIV (23 septembre 1805), le casernement de la gendarmerie fut mis à la charge des départements, par la loi de finances du 2 ventôse an XIII (21 février 1805). Pour l'exécution de cette disposition, le ministre de la guerre, dans une circulaire du 2 vendémiaire an XIV (24 septembre 1805) adressée aux préfets, aux commissaires des guerres et aux officiers supérieurs de la gendarmerie, prescrivit une inspection de tous les bâtiments nationaux ou maisons particulières. Ceux qui présentaient le plus davantage pour l'arme furent remis aux préfets pour être définitivement affectés au casernement de la gendarmerie. Les brigades qui ne purent être placées dans des bâtiments nationaux furent logées dans des maisons louées par le département.
Conformément à cette circulaire, le casernement de la gendarmerie devait toujours être composé de sept chambres au moins, dont six à cheminée; la répartition était faite de manière que deux chambres, dont une à cheminée, soient réservées pour le commandant de la brigade, et chacune des cinq autres pour chaque gendarme. Dans les communes où il n'existait ni maison d'arrêt ni prison, la caserne de la gendarmerie devait contenir une chambre de plus, pour servir de chambre de sûreté. Indépendamment des écuries pour huit chevaux, et des hangars et greniers suffisants pour contenir l'approvisionnement d'une année, la caserne de chaque brigade de gendarmerie montée devait être pourvue de toutes les commodités nécessaires, comme puits, cour, grand-porte, etc.
Le quatrième jour complémentaire de l'an XIII de la République (21 septembre 1805) et le premier de l'Empire français, le commissaire des Guerres Henry Boilleau, Damiant du corps impérial du Génie, chargé en chef des travaux des établissements militaires, le maire de Toulouse et le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Garonne, se rendirent à la caserne de gendarmerie construite pour la maréchaussée en 1785, le long des murs de la ville, pour inspecter le bâtiment et constater son état. En exécution du Décret impérial du 19 thermidor an XIII, article II, la caserne fut officiellement remise au préfet.
La dépense du casernement des brigades de la gendarmerie sera par la suite, maintenue parmi les dépenses départementales. Les bâtiments nationaux qui étaient restés affectés à ce service ont été définitivement concédés aux départements par le décret du 9 avril 1811, mais un très grand nombre de casernes demeurèrent tenues à loyer par les départements.
[1] Loi du 25 pluvôse An V qui détermine un mode pour la réorganisation de la gendarmerie nationale.
[2] Loi du 28 germinal an VI portant sur l'organisation de la gendarmerie nationale.
[3] Arrêté du 24 vendémiaire an XI portant établissement d'une masse de casernement pour la gendarmerie.
Avec l'Ordonnance du 15 septembre 1815, Louis XVIII réorganisa la gendarmerie en huit inspections, 24 légions et en autant de compagnies que la France comptait de départements. La 13e Légion, dont le chef-lieux de légion était à Toulouse se composait du 24e escadron formé par les départements de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne (créé par décret impérial du 21 novembre 1808) et du 25e escadron, formé par les départements du Gers et des Hautes-Pyrénées. La compagnie de la Haute-Garonne, constituée de 17 brigades, dont 14 à cheval et 3 à pied, était commandée par un capitaine et quatre lieutenants. L'effectif était de 144 hommes. Le ministre de la Guerre ayant accordé l'installation d'une troisième brigade de gendarmerie à pied à Toulouse, l'ancienne caserne ne suffisait plus à loger les hommes et les chevaux. En 1832, le Conseil général examina un projet d'extension du bâtiment dont la dépense était évaluée à la somme totale de 41 895 F. Dans cette dépense, étaient compris les frais d'acquisition de deux maisons nécessaires pour l'agrandissement de la caserne. Cette bâtisse qui comptait 14 chambres aurait dû, pour les trois brigades, en posséder 19 et autant de place dans les écuries pour les chevaux. La demande fut rejetée et discutée les années suivantes sans trouver de solution, mais en 1835, l'administration du département sollicita la création d'une 4e brigade.
En 1836, la commission chargée de cette affaire proposa au Conseil général, d'acquérir et d'affecter au casernement de la gendarmerie une propriété particulière, située 19 rue Ninau, et désignée, sous le nom d'hôtel de Lévi. Cette proposition fut rejetée, mais à nouveau discutée en 1837, car elle présentait deux avantages. Ce bâtiment était à proximité de la caserne existante et son acquisition présentait un coût financier bien inférieur au coût que représentait la construction d'une deuxième caserne sur un terrain libre. L'affaire fut mise à l'étude et le Conseil d'arrondissement demanda au Conseil d'adopter cette mesure, si aucune autre alternative n'était proposée.
Au cours de la séance de 1838, le même rapporteur fit une nouvelle fois l'historique de toute cette affaire. Le constat était tel que l'ensemble des membres de l'assemblée furent unanimes pour s'accorder à dire que la situation ne pouvait perdurer. Une translation de cette caserne était devenue indispensable. Cependant, fallait-il louer, acheter, bâtir ? le Conseil restait divisé sur le choix. L'architecte du département proposa alors d'installer la gendarmerie dans le bâtiment du sénéchal à la place du tribunal de 1re instance qui devait quitter l'endroit pour s'installer au Palais de justice. Malheureusement, cette opération présentée comme praticable et dont la dépense était évaluée à 48 090 F ne faisait nullement mention du défaut de solidité du bâtiment qui menaçait ruine dans ses parties les plus nouvelles. Par ailleurs, la vente de ce bâtiment devait subvenir aux frais du déplacement du tribunal. La Commission estima qu'il était plus sage de revenir au projet d'agrandissement et d'amélioration de la caserne existante. Dans ce contexte, le préfet mit en place une allocation de 8 000 F.
En 1839, monsieur Laurens rendit compte au Conseil que les efforts faits par la commission pour découvrir un emplacement convenable à la construction d'une autre caserne étaient restés infructueux. L'absence de solution, la nécessité de caserner les gendarmes et l'établissement d'une nouvelle brigade à pied à Toulouse obligèrent le Conseil général à louer un bâtiment à un particulier rue des Vases. Deux nouvelles propositions furent mises à l'étude. Celle du banquier SANS qui proposa de bâtir à ses frais une caserne entre la rue Mirepoix et la rue du collège royal, puis de louer le bâtiment pendant vingt-neuf ans au prix de 8 000 F et à l'expiration du bail, de laisser au département la faculté de l'acquérir moyennant la somme de 170 000 F. Quelques membres de la commission ne furent pas d'accord et soumirent l'idée d'acquérir l'ancien hôtel des monnaies (actuellement occupé par la place du Salin) qui devait être mis à la vente très prochainement. La situation du bâtiment près du tribunal et de la prison, son prix et la possibilité de l'acquérir sans s'engager dans un bail trentenaire leur semblaient préférable à l'offre de monsieur SANS. Les partisans de cette solution firent aussi valoir que l'hôtel disposait de grandes écuries, de granges, de caves et de logements servant aux anciens employés à la monnaie. On répond dans l'intérêt opposé, qu'un département doit plutôt louer que construire eu égard à son budget annuel. Après une visite à l'ancien hôtel des monnaies, le préfet et plusieurs de ses membres ne furent pas disposés à réaliser cet achat. Le coût global estimé des travaux nécessaires à la reconstruction de plusieurs parties du bâtiment et à sa remise à niveau pour être conforme aux exigences d'une caserne était trop important. Le Conseil général conscient de l'état d'insalubrité et d'exiguïté de la caserne de gendarmerie se rangea cependant à l'avis du préfet et refusa également de s'engager dans ce projet au coût non maîtrisé qui pouvait obérer le financement de projet plus profitable.
Sur ce constat, le Conseil abandonna définitivement le projet d'achat de l'ancien hôtel des monnaies (démoli en 1857) ainsi que celui de construire une nouvelle caserne. La proposition de SANS ne fut pas entièrement évincée et le Conseil préféra surseoir à statuer sur celle-ci. Il invita également le préfet à porter à la connaissance du public la décision du conseil de bailler, auprès de personnes intéressées, un bâtiment qui puisse servir de casernement à la gendarmerie. Les propositions seraient soumises au conseil qui accorderait sa préférence à celui qui offrirait pour le moindre coût, le meilleur produit pour le bien du service.
Huit ans plus tard, à la session de 1840, le rapporteur Dabeau, après avoir rappelé la position du Conseil sur sa préférence d'un système de bail à loyer, exposa les faits suivants :
« MM. Raspaud et Azéma faisaient bâtir, sur la place Saint-Michel et sur l'allée du même nom, une maison qui, par son heureuse situation auprès du Palais de justice et des prisons, son étendue, la solidité de sa construction déjà fort avancée, la facilité d'en disposer, les distributions selon les exigences des règlements de la gendarmerie, remplissait toutes les conditions du programme adopté par le Conseil. Sous la réserve de son approbation, M. le Préfet traita pour un bail à loyer de vingt-neuf ans, avec les propriétaires, qui ont rempli toutes leurs obligations avec la loyauté qu'on était en droit d'attendre d'eux. Des logements y existent pour tous les officiers. Ce local présenterait la caserne la mieux appropriée à tous les besoins du service et aux convenances de ceux qui doivent l'habiter, si la cour était dans des proportions qui pussent permettre à la compagnie de s'y développer. Il existe un seul moyen de l'agrandir, qui est de faire d'une maison voisine des magasins à fourrage. C'est ce qu'offrent MM. Raspaud et Azéma, sous la condition que le loyer sera augmenté de 1 000 francs.».
Cette solution fut adoptée par le Conseil général. Monsieur le Préfet passa avec Raspaud et Azéma un bail à loyer de 29 ans des bâtiments et locaux destinés à la caserne de la gendarmerie de Toulouse, au prix de 10 500 F. par an. Ce bail prit effet le 1er janvier 1841 et devait se terminer le 31 décembre 1869. Faisant suite à cette décision, et en exécution des articles 4 et 29 de la loi du 21 mai 1838, le Conseil proposa de vendre le bâtiment et les locaux de l'ancienne caserne de gendarmerie. Il autorisa le Préfet à procéder à son aliénation, aux formes de droit, sur la mise à prix de 50 000 F. Le Conseil proposa que le produit de cette vente soit affecté à l'exécution du projet de translation du tribunal de 1re instance de Toulouse au Palais de la Cour royale.
C'est en janvier 1841 que les trois brigades à cheval de la gendarmerie abandonnèrent définitivement l'ancienne caserne de la maréchaussée pour venir s'installer dans le bâtiment en face du Palais de justice. Elles y furent rejointes par les deux brigades de gendarmerie à pied que le Conseil général avait cantonnées dans un bâtiment loué à un particulier sur l'allée Saint-Étienne (actuellement allée Forain-François Verdier) à l'entrée de la rue des abeilles.
Aujourd'hui, ce bâtiment que la gendarmerie n'a cessé d'occuper depuis cette date est le siège du groupement III/6 de gendarmerie mobile.
Une Ordonnance du 22 juin 1841 autorisa l'aliénation de l'ancienne caserne sur la mise à prix de 60 000 F. Le Conseil général estima que les enchères feraient monter le prix à 75 000 F. Suite aux troubles du mois de juillet, visant à empêcher le recensement fiscal ordonné par le ministre des Finances Humann, afin de réformer l'assiette de l'impôt sur les portes et fenêtres, la vente fut suspendue. Le bâtiment servit quelque temps à caserner un bataillon de troupes de ligne. Le 5 septembre 1843, il fut procédé à l'adjudication de ce bâtiment, en cinq lots et aux enchères.
Selon le plan général d'alignement de la ville de Toulouse, approuvé par l'ordonnance royale du 26 décembre 1842, une partie du cinquième lot occupait le terrain nécessaire pour prolonger la rue Saint-Jacques jusqu'à l'allée Saint-Étienne. Le maire, conformément au vœu du Conseil municipal, en demanda la cession par une lettre du 22 septembre 1843. Cette demande fut prise en compte et le préfet l'inséra dans le cahier des charges sous la forme d'une clause obligeant l'acquéreur du 5e lot ou de la totalité de l'édifice de céder aimablement à la ville de Toulouse et sur estimation contradictoire, la partie du sol de ce lot qui devait servir au prolongement de la rue Saint-Jacques.
Après avoir tenté en vain, par trois fois la vente de l'ancienne caserne, le Conseil général acquit la conviction que cette vente ne pourrait être consommée si la mise à prix de 60 000 F. fixée par l'ordonnance royale du 22 juin 1840, n'était pas notablement réduite. Le Conseil n'eut d'autre choix que de faire appel à l'architecte du département pour la rédaction d'un nouveau rapport estimatif et détaillé, qui devait permettre de connaître le prix auquel la valeur de l'immeuble pourrait être portée avec des chances d'adjudication. Il ressortit de cette expertise que la mise à prix devait être réduite à 40 000 F.
À la suite d'une délibération, le Conseil adopta cette estimation et autorisa le préfet à procéder à de nouvelles mesures pour la vente de ce bâtiment. L'ancienne caserne fut finalement vendue le 15 mai 1845 pour la somme de 40 200 F.
Le nouveau propriétaire aménagea le bâtiment pour ses besoins personnels, mais la ville, dans sa démarche d'embellissement de la cité, entama la procédure qui devait lui permettre de prolonger la rue Saint-Jacques jusqu'au foirail. Afin de donner à cette voie sa rectitude, le Conseil municipal décida de faire démolir la tour de Num-César, au grand désespoir du chevalier Alexandre du Mège qui la qualifiait de « remarquable par ses formes, sa hauteur et les souvenirs qui se rattachent à son existence ». Une partie du mur sur lequel étaient appuyés les anciennes écuries et magasins à fourrage fut également démoli.
En 1859, sous le Second Empire, un autre évènement vint modifier la politique générale de la ville. Toulouse fut choisie pour être le siège du 6e grand commandement militaire. C'est au maréchal de France Adolphe Niel que l'empereur confiera ce commandement. D'abord installé à l'hôtel Duranti, le Conseil municipal et le Conseil général convinrent d'ériger un hôtel digne du rang du maréchal et de sa prestigieuse fonction.
Le 13 mai 1860, la ville céda à l'État les 2/3 du foirail, soit 10 000 m² pour la construction du Palais. Le 30 août 1860, le Conseil général prit à son tour, l'engagement de concourir financièrement à la dépense. L'État pour sa part, acheta une partie des bâtiments adossés aux remparts, bordant les rues Escoussières, Montoulieu et Montoulieu-Saint-Jacques. La vétusté des lieux avait rendu l'endroit insalubre. Les maisons, au nombre desquelles l'ancienne caserne, les remparts et les tours furent voués à la démolition.
Le palais fut construit entre 1863 et 1869, cependant, le Maréchal Niel, promu Ministre de la Guerre en 1867, ne résidera jamais dans cet édifice qui malgré tout conserva son nom.
De nos jours, il ne subsiste rien de la caserne de maréchaussée construite sous Louis XVI. Le corps de logis servant à loger les cavaliers et se situant entre la tour près la porte de Montoulieu et la tour centrale à laissé place au jardin et quelques dépendances du Palais Niel. La seconde partie, destinée aux écuries et magasins et située entre la tour centrale et la tour près la porte Saint-Étienne, a disparu au profit de la place Saint-Jacques. Seule, une partie des fondations de la troisième tour est encore visible.
En exécution de la loi du 11 avril 1847, il fut créé cent quatre-vingt-onze nouvelles brigades à cheval et à pied. Le ministre de la Guerre accorda au département de la Haute-Garonne trois nouvelles brigades, dont deux à cheval et une à pied. Deux brigades à cheval furent destinées à Toulouse, en remplacement des deux brigades à pied dont l'une fut établie dans la commune de Rieumes et l'autre à Salies. La troisième brigade à pied accordée par le ministre fut établie à Saint-Bertrand.
Le Conseil général dû pourvoir au casernement des cinq brigades à cheval de Toulouse. Raspaud et Azéma, propriétaires de la caserne de gendarmerie à cheval, furent à nouveau contactés pour aménager les locaux suivant les dispositions que la nouvelle mesure commandait. Ils y consentirent moyennant une augmentation substantielle du loyer annuel. Le prix demandé fut âprement débattu par les membres du Conseil général qui l'estimaient trop élevé. La tentative n'eut pas de succès. Mais un compromis fut trouvé. Tout portait à croire que le gouvernement, satisfaisant au besoin du service, accorderait dans un avenir proche, une nouvelle brigade de gendarmerie à cheval à Toulouse. Dans cette perspective, il fut stipulé dans le bail, que le loyer pour installer une sixième brigade n'excéderait pas le cinquième du bail actuel. Les propriétaires s'engagèrent ensuite à mettre le local en état de recevoir les hommes et les chevaux, sans nouvelle indemnité, lorsque cette prévision se réaliserait. Cependant, les brigades que le ministre de la Guerre concéda au département les années suivantes ne furent pas pour Toulouse. À partir de 1850 les cinq brigades à cheval furent installées.
Ce n'est que dix-neuf ans plus tard, le 29 mars 1866, que le ministre de la Guerre décida de remplacer deux brigades de gendarmes à cheval de Toulouse, par trois brigades de gendarmes à pied. Les propriétaires, Azéma et Raspaud, étaient disposés à faire exécuter les travaux d'appropriation, à la double condition que le bail en vigueur, qui devait prendre fin, le 31 décembre 1869, soit immédiatement renouvelé pour trente années, et qu'il leur soit accordé une augmentation de loyer pour le porter à 16 000 F. Face à leurs exigences, la construction d'une nouvelle caserne fut à nouveau mise en discutions pour savoir si cette option ne serait pas plus avantageuse pour le département. Cependant, dans l'attente de sa réalisation, ce projet obligeait le département à prendre à loyer un autre immeuble afin de caserner la brigade supplémentaire. Finalement, sur les directives de l'architecte départemental, les propriétaires consentirent à faire exécuter l'agrandissement du bâtiment existant et les aménagements nécessaires pour l'hébergement de cette nouvelle unité pour un loyer annuel de 12 000 F. Cette extension fit l'objet d'un nouveau bail conclu à partir du 4 avril 1867, et engagea le département pour 30 années consécutives, devant se terminer le 31 mars 1897.
Le 22 novembre 1866, le ministre de la Guerre ordonna l'établissement de barreaux de fer aux fenêtres du rez-de-chaussée des bâtiments servant au casernement de la gendarmerie. Les propriétaires s'exécutèrent et adressèrent une réclamation au Conseil demandant que le montant de la dépense qu'ils estimaient à 12 000 F soit supporté par le département. Ces travaux non prévus dans les conditions du bail pouvaient en effet faire l'objet d'un remboursement, mais le conseil considéra que les avantages d'un bail de trente années compensaient largement la dépense. Néanmoins, il tint compte de ce supplément de dépense non prévu au moment du bail et vota une augmentation de loyer qu'il porta à 12 300 F par an. Dès 1867, Toulouse comptait trois brigades à cheval et trois brigades à pied.
Au mois d'août 1870 et par ordre du ministre de la Guerre, plusieurs gendarmes furent envoyés à l'Armée du Rhin et remplacés par d'autres gendarmes qu'il fallut caserner du 25 août 1870 au 5 octobre 1871. Eu égard à cet épisode difficile, à l'augmentation de la population toulousaine et à la proximité avec l'Espagne, le Préfet demanda en 1873, la création de nouvelles brigades pour Toulouse. Il reçut du ministre, l'assurance d'en obtenir trois ou quatre supplémentaires sur les cents nouvellement créées.
Pour faire face à cette augmentation, il parut important au Conseil général de pourvoir le plus tôt et le plus économiquement possible au logement de ces brigades. L'insalubrité et la vétusté de la prison départementale ayant conduit le conseil général à en construire une nouvelle rue Saint-Michel, le préfet proposa à la séance de 1874 d'installer les nouvelles brigades dans les locaux de cette ancienne prison appelée maison de Justice. Ce bâtiment, disait-il, « présente l'avantage de n'être éloigné ni de la caserne actuelle ni des prisons. Sa particularité d'être adossé au tribunal, constitue pour ce dernier une sauvegarde non négligeable en l'isolant de tout édifice particulier, et il permet également de mettre à l'abri d'accidents si fréquents dans les villes, bon nombre de documents précieux ». Ce projet s'inscrivait dans un plan plus général. Son ambition était de permettre, à la fin des baux liant le Conseil général à Azéma et Raspaud, de regrouper tout l'effectif de la gendarmerie en résidence à Toulouse dans un édifice départemental. Sur ce projet à long terme, il fut demandé à l'architecte de concevoir l'appropriation du bâtiment en conséquence.
L'investissement nécessaire à la réhabilitation complète du bâtiment afin d'y caserner toutes les brigades de la ville ne pouvait se révéler profitable qu'à la condition de mettre un terme aux baux qui liaient Azéma et Raspaud au département. En effet, faute d'un arrangement, une grande partie du bâtiment nouvellement aménagé resterait inoccupée en attendant la fin des baux, soit 22 ans. Compte tenu des nombreux travaux qu'ils avaient réalisés pour héberger les brigades, les propriétaires refusèrent de résilier les baux. Finalement le Conseil général décida d'aménager sommairement qu'une partie de l'infâme bâtisse afin de permettre l'installation du chef de Légion et de cinq brigades dont les quatre nouvelles, accordées par décision ministérielle du 11 mars 1875 et une des trois brigades, logée trop à l'étroit dans la caserne existante.
Ce n'est qu'en 1876 que les travaux d'appropriation de l'ancienne prison en caserne de gendarmerie prirent fin. Le budget initialement prévu fut sérieusement augmenté par des travaux supplémentaires. L'état de délabrement était tel qu'au cours de la réhabilitation le premier étage menaçant ruine dû être étayé et l'architecte dû faire reprendre l'ensemble des planchers et carrelages, puis se furent les poutres soutenant le plancher au-dessus des caves qui s'affaissèrent et qu'il fallut consolider entraînant la reconstruction des cloisons. La même année, les cinq brigades de gendarmerie à pied et le commandant de Légion s'installèrent dans les locaux remaniés de l'ancienne prison. L'année suivante, deux autres brigades à pied furent affectées à la Ville. Toulouse comptait désormais trois brigades à cheval et sept brigades à pied.
Par décision ministérielle du 23 février 1880, la brigade à cheval de la commune de Rieux permuta avec la 7e brigade à pied de Toulouse. Elle fut installée le 11 mars 1880 dans l'immeuble Azéma et Raspaud dans lequel logeaient les deux autres brigades à cheval.
Les dix brigades de Toulouse seront maintenues jusque dans les années 1930. Les brigades à cheval disparaîtront au profit de brigades à pied qui seront à leur tour motorisées.
C'est au début des années 1880, le 12 avril plus précisément, que le Général FARRE, alors ministre de la guerre, décida qu'il serait apposé sur toutes les casernes de gendarmerie départementale l'inscription « Gendarmerie Nationale ». Cette décision est toujours en vigueur.
En août 1893, le préfet de la Haute-Garonne saisissait le Président du Conseil général pour qu'il se préoccupât au plus tôt du devenir de la caserne de gendarmerie à cheval. Le bail de cette caserne, passé avec Azéma et Raspaud en 1867, représenté alors par les dames Domengeau-Viguerie et Veuve Mignot de Guilhem prenait fin le 31 mars 1897. Plusieurs options furent mises en discutions.
Les propriétaires actuels proposèrent dans un premier temps de louer au département l'immeuble, mais refusaient obstinément d'exécuter les réparations et modifications rendues nécessaires pour le bien des familles et du service. Cette offre fut rejetée. Elles proposèrent ensuite de vendre l'immeuble au prix de 325 000 F. Mais cela ne résolvait pas le problème de l’exiguïté des lieux et cet inconvénient obligeait le département à acquérir d'autres immeubles ce qui augmentait fortement le prix initial. Cette proposition fut également rejetée. Le conseil demanda ensuite à l'architecte du département d'étudier la possibilité de construire une nouvelle caserne sur l'emplacement de la caserne de gendarmerie à pied. L'étude montra que la surface disponible était insuffisante pour y loger tous les services de la gendarmerie et cette possibilité ne fut pas retenue.
Le bouche-à-oreille faisant son chemin, plusieurs propriétaires proposèrent la vente de terrain pour la construction d'une caserne. Parmi les propositions, celle de Lacroix retint l'attention du Conseil, car elle paraissait la plus sérieuse et la plus favorable aux intérêts du département. La seule objection que l'on pouvait faire à celle-ci était l'éloignement de ce terrain du centre-ville. Il était alors situé presque en face la nouvelle prison, à l'extrémité de la grande rue Saint-Michel. La construction d'une nouvelle caserne parue malgré tout la plus séduisante et le préfet d'ajouter que dans cette perspective, le département vendrait la caserne de gendarmerie à pied pour regrouper tous les gendarmes dans un même bâtiment. La 4e commission du Conseil général, chargée de cette affaire, décida de provoquer par voie d'affiche de nouvelles offres de terrains et de renvoyer les débats à la session suivante.
Au cours de la séance d'août 1894, le Conseil général examina à nouveau le dossier de la caserne à cheval de la ville de Toulouse depuis nommé hôtel Viguerie du nom de son principal propriétaire. Malgré les annonces réitérées dans les journaux, aucune proposition de location ou de construction n'avait été faite au département pour l'aménagement d'une nouvelle caserne. L'expiration très prochaine du bail obligeait le Conseil général à prendre une décision définitive au cours de la session. Les propriétaires de l'hôtel Viguerie proposèrent de vendre cet immeuble au prix de 315 000 F pour une superficie de 3 380 m². Cette solution fut à nouveau mise à l'étude. La possibilité d'y loger les gendarmes ne pouvait se faire qu'à la condition de redistribuer entièrement le bâtiment pour le mettre aux normes de l'époque, de remplacer les planchers, les cuisines et reprendre toutes les cheminées entraînant la réfection complète de la couverture. Elle restait malgré tout insuffisante pour les bureaux, les magasins, les écuries et il fallait envisager d'acheter des terrains avoisinants pour la construction des pièces et écuries manquantes.
La vétusté de l'immeuble, les nombreux défauts qu'il présentait dont celui d'être bâti en mortier de terre, sa réhabilitation complète, l'achat de terrains pour la construction des dépendances et les dépenses imprévisibles permettaient d'estimer le coût du projet à 640 000 F. La proposition de Lacroix fut rejointe par celle de Delmas-Demouilles qui proposa le 9 août 1894 un terrain allée des Demoiselles. Le projet de caserne, dressé par l'architecte du département sur ce terrain, démontrait sa supériorité à tous ceux qui avaient été étudiés auparavant. Il répondait aux intérêts du département qui disposerait alors d'une caserne neuve, bien située et répondant à tous les besoins du service. Cette solution estimée à 630 000 F serait minorée par la vente de la gendarmerie à pied. C'est dans cette perspective que la commission proposât au Conseil d'adopter les plans de la nouvelle caserne dessinée par l'architecte départemental Thillet, l'aliénation de la caserne de gendarmerie à pied, d'autoriser le préfet à contracter au nom du département un emprunt et d'inscrire au budget de 1895, les sommes à débloquer pour les travaux et celles destinées à rembourser l'emprunt.
Amilhau, membre du Conseil, proposa de rejeter cette solution, car il considérait qu'elle présentait plusieurs inconvénients. Il exposa qu'en 1882, le terrain Delmas-Demouilles proposé à l'autorité militaire pour y construire une caserne avait été rejeté par le colonel du Génie pour cause d'insalubrité. Ces mêmes raisons existaient encore et restaient dues aux eaux putrides et nauséabondes servant au lavage des bateaux et au curage du canal. Cette considération établie, il appela l'attention de ses collègues sur la lettre adressée par le commandant de la 17e légion de gendarmerie au président de la commission départementale. Dans ce courrier, le colonel Telle précisait « qu'en casernant la gendarmerie au pont des Demoiselles, il y aura lieu de chercher à racheter la grosse difficulté de l'isolement et des distances par l'établissement d'une voie ferrée de tramways ». Que ce choix entraînerait également l'établissement d'une ligne de téléphone reliant « la préfecture à la caserne avec fils sur le quartier Général, la mairie, le parquet... », enfin que si ce terrain était choisi, il serait nécessaire de créer un manège pour les cavaliers.
Une seconde lettre, rédigée par le chef d'escadron Rodié, commandant la compagnie de la Haute-Garonne, argumentait en ce sens. Le chef d'escadron expliquait que par sa situation entre le canal, la voie ferrée et le mur d'octroi, la gendarmerie pouvait être facilement bloquée en cas d'émeute, que le nombreux public ayant affaire aux services de la gendarmerie "serait astreint à des déplacements considérables", enfin, que les gendarmes et leurs familles se trouvant dans un quartier isolé, auraient d'énormes difficultés d'approvisionnement et de scolarisation.
À l'appui de ces précisions, le chef de Légion fit « remarquer très courtoisement à M. le Préfet de la Haute-Garonne que toutes les décisions prises jusqu'ici au sujet du casernement de Toulouse l'ont été en dehors du chef d'escadron commandant la compagnie de la Haute-Garonne, lequel a dans ses attributions spéciales l'assiette du logement des brigades et les détails qui en résultent. Si donc le Conseil général se passe du concours et des lumières du commandant de la gendarmerie du département, il aura ensuite mauvaise grâce à accuser cet officier supérieur des difficultés qui pourront surgir ultérieurement ».
Amilhau exposa par la suite les considérations qui lui faisaient préférer le projet de concentrer toutes les brigades de Toulouse dans la caserne de la gendarmerie à pied nommé projet du Palais. En renonçant à loger les officiers, en réduisant la cour intérieure, en installant les logements au-dessus des écuries, la dépense serait de 620 000 F et au besoin, on pourrait recourir pour les maisons attenantes, à la voie de l'expropriation pour une éventuelle extension. Un des membres du conseil demanda alors s'il était bien rationnel de construire une caserne mixte (pour les brigades à pied et celles à cheval). En conservant la caserne à pied existante, le conseil ne devrait se préoccuper que de celle à cheval. Une voix s'éleva, celle du conseiller Lannes qui fit remarquer que l'appropriation de l'ancienne prison en caserne de gendarmerie avait atteint ses limites. Même si ces travaux n'avaient qu'une vingtaine d'années, les lieux étaient insalubres au point que tous les enfants y étaient malades. La moisissure avait envahi le bâtiment qui était devenu malsain.
À la séance du 28 août 1894, l'idée d'une nouvelle caserne mixte commença à s'estomper tandis que celle de racheter l'hôtel Viguerie fut remise en discutions. Malgré toutes les objections émises au début de cette affaire, ce bâtiment présentait l'avantage d'être bien situé et le maintien de ces deux casernes concourait à l'intérêt du quartier Saint-Michel. Le conseiller Gamelsy proposa à nouveau d'acheter l'immeuble Vigueri et de lui apporter les modifications et réparations nécessaires puis de consacrer une partie de l'emprunt à l'amélioration et à l'assainissement de la caserne de gendarmerie à pied. Le Conseil général se trouverait ainsi propriétaire des deux casernes.
Le conseiller Lannes insista sur la construction d'une nouvelle caserne ce qui permettrait de réunir toutes les conditions d'hygiènes que n'offrait pas l'immeuble actuel et de rappeler « La caserne de gendarmerie à pied est dans un état déplorable et ne sera jamais bien salubre. Elle pourrait peut-être convenir à de simples soldats qui ne restent presque pas dans les chambres, tandis que les gendarmes ont leurs femmes et leurs enfants qui sont obligés d'y vivre constamment. Pourquoi les exposer à ces dangers lorsque, avec le même argent, on peut avoir une caserne neuve au lieu d'un vieil immeuble ? ». Cette considération eut pour détracteur Dispan de Florant qui se préoccupait davantage de stratégie, mais Amilhau, conscient « que les logements de cette caserne sont infects et dont certains n'ont qu'une petite lucarne pour s'éclairer » resta convaincu que l'emprunt pouvait couvrir les frais d'acquisition de l'immeuble Viguerie et les travaux d'aménagement, d'hygiène et de salubrité à effectuer dans les deux casernes.
Le préfet Laroche prit la parole et déclara « que l'administration n'ignorait pas l'état d'insalubrité dans laquelle se trouvait la Gendarmerie ; que cette situation était intolérable et que la caserne nécessitée de profondes modifications », mais pour ne pas « peser d'une façon quelconque sur le Conseil général », l'Administration s'est toujours abstenue de soulever le problème. Sur ce constat, le conseiller Gamelsy lui demanda de faire réaliser par l'architecte du département, les projets de réparations à réaliser dans la caserne de gendarmerie à pied « afin de mettre fin au spectacle déplorable qu'offre cette caserne ». Le Président mit au vote les propositions de Gamelsy qui consistaient à acheter ferme l'immeuble Viguerie, à y faire les réparations nécessaires pour donner une pièce de plus à chaque famille en supprimant le logement des officiers et à conserver la caserne de gendarmerie à pied.
Sur les 26 votants, 17 votèrent « pour » et 9 « contre ». À l'issue du vote, le Conseil général autorisa le préfet à emprunter la somme de 400 000 F.
Suite à la décision prise par le Conseil le 28 août 1894, le ministre de la Guerre adressa au préfet de la Haute-Garonne, le 12 septembre suivant, une lettre dans laquelle il priait vivement le Conseil de ne pas maintenir l'exclusion faite au capitaine commandant l'arrondissement, au chef d'escadron commandant la compagnie et au chef de Légion. Il estimait, bien que les textes ne prévoyaient pas de loger ces officiers dans les casernes, qu'il était dans l'intérêt du service et de la discipline, qu'ils demeurent à côté de leurs hommes.
Une loi du 20 mars 1896 autorisa le Conseil général à emprunter 400 000 F pour acquérir l'immeuble Vigueri dans lequel était logée la caserne de gendarmerie à cheval. Cette somme devait également permettre de mener à bien les travaux d'aménagement et d'assainissement des deux casernes. L'immeuble fut acquis au prix de 250 000 F et devint un bâtiment départemental en 1897.
Le chantier de construction et de rénovation de la gendarmerie à pied fut mis en adjudication le 28 mars 1896 et les travaux débutèrent au mois de mai suivant. Dessinée par l'architecte départemental Thillet, l'entrée principale de la caserne à pied fut surplombée d'un frontispice réalisé par le sculpteur toulousain Alexandre Laporte .
Avec l'Ordonnance du 1er août 1770, Louis XV avait ordonné que chaque cavalier puisse disposer d'une chambre avec cheminée. Malgré l'article 208 du Code civil, promulgué par la loi du 27 mars 1803 qui dispose que « la femme est obligée d'habiter avec le mari et de le suivre partout où il juge à-propos de résider », le décret du 18 février 1863 fixait toujours dans son article 361 à « deux chambres dont une à feu et un cabinet » pour le commandant de la brigade et à « au moins une chambre à feu et un cabinet » pour les gendarmes. Conscient de l'exiguïté des lieux, le Conseil général décida de ne pas loger ces officiers qui recevaient pour cela une indemnité de logement, afin d'assurer à chaque famille de gendarme une troisième pièce. Cette solution permettait l'aménagement de cinquante-deux logements de trois pièces et des services généraux.
Pour répondre aux sollicitations du ministre, le préfet demanda à l'architecte du département Thillet, de réaliser des plans en ce sens, avant l'ouverture de la cession. Pour la caserne de gendarmerie à pied, l'architecte proposa qu'un deuxième bâtiment, semblable à celui situé en bordure de la place intérieure Saint-Michel (aujourd'hui place du parlement) soit construit en bordure de l'allée Saint-Michel (aujourd'hui allée Jules Guesde). Ces deux bâtiments seraient reliés entre eux par un motif en pan coupé dans lequel serait établie l'entrée de la caserne. Pour assainir complètement et définitivement la caserne, il projetait de démolir l'enchevêtrement de petites constructions et de cours exiguës construites pour les besoins de la prison et de créer une cour spacieuse. Enfin, de construire dans cette cour, un bâtiment d'un étage de façon à « diminuer le moins possible l'accès de l'air et de la lumière dans la caserne et le palais de justice avoisinant » et servant plus particulièrement aux dépendances et chambres de sûreté. Ainsi établie, la caserne contiendrait vingt-sept logements de trois pièces chacun, l'appartement du commandant situé au premier étage de l'aile bâtie en bordure sur l'allée Saint-Michel, ses bureaux et ceux de son secrétaire, deux chambres de sûreté, le bureau militaire, le poste et ses dépendances.
Pour la caserne à cheval, l'aménagement devait permettre de placer au rez-de-chaussée les bureaux de l'adjudant, des archives, du matériel de mobilisation et trois logements. L'entresol et le premier étage, alors occupés par le logement des officiers, ne subiraient aucune modification. Le deuxième étage serait redistribué à l'exception du logement et du bureau du capitaine trésorier. Une salle de théorie serait installée au-dessus de la buanderie et une salle des nouveaux admis devait être créée dans des locaux situés au troisième étage. L'ensemble bénéficiant d'une remise en état, y compris la réparation des planchers, la réparation et la peinture générale des façades extérieures et la mise en état des toitures et du pavage. La caserne Viguerie ainsi aménagée et réparée comprendrait, tous les services généraux et les vingt logements nécessaires aux gendarmes à cheval.
La commission en charge de ce dossier proposa au Conseil d'accepter le projet présenté. Le conseiller Leygue se prononça contre, car disait-il « le fait de loger les officiers nous amènerait le renouvellement des anciens inconvénients ». Plusieurs autres conseillers se rangèrent à son opinion et au terme de nombreux échanges la proposition de loger le capitaine commandant l'arrondissement, le commandant de la compagnie et le chef de Légion fut rejetée. Les arguments développés par le général en chef saisi de cette affaire n'y changèrent rien. Suite à des échanges appuyés entre les conseillers, le Président fit remarquer que le Conseil général « n'a pas pour habitude de se déjuger ». Cependant, les travaux n'ayant pas encore commencés et pour donner satisfaction au ministre de la Guerre, le Président donna lecture du rapport et mit ensuite aux voix. Les conclusions du rapport furent rejetées.
La gendarmerie départementale conserva l'usage de ces deux casernes pendant de très nombreuses années. Après guerre, la situation avait bien changé, les automobiles remplaçaient les chevaux, le télégraphe faisait place au téléphone, les unités s'étaient multipliées et spécialisées, les affaires avaient décuplé et la place pour les traiter demeurait un réel problème non seulement pour la gendarmerie, mais également pour la justice. Fort de ce constat, la gendarmerie allait une nouvelle fois être mise à l'épreuve.
À l'inauguration de la caserne Courrège en 1964, la fièvre monta d'un cran. Le conseil d'administration de l'office public d'habitations à loyer modéré (HLM) avait, dans sa séance du 21 décembre 1964, exprimé son intention de ne pas renouveler les baux pour les appartements occupés respectivement par les familles de gendarmes et de sapeurs-pompiers. Cette décision aux conséquences extrêmement fâcheuses était le résultat d'une polémique habilement entretenue. Cependant, cet acharnement de la part de l'office des HLM à vouloir donner congé à ces deux institutions contrastait énormément avec l'appréciation qu'il avait d'elles, lorsqu'elles vinrent s'installer dans ces bâtiments.
En effet, en 1936 et 1937, lorsque cet ensemble d'immeubles fut construit, son architecture fut vertement critiquée au point que l'office des habitations bon marché n'avait pu trouver de locataires. Pour amortir les investissements, l'office accueillit à bras ouverts la Garde républicaine mobile et les sapeurs pompiers qui prenaient possession, immédiatement après la fin de la construction, de plus de la moitié du parc assurant à ses gestionnaires une rentrée d'argent immédiate et pérenne grâce aux paiements réguliers des loyers.
Cependant, même si la situation avait bien changé et si les demandes de logements se comptaient en milliers (1), on ne pouvait décemment mettre à la rue les « uns » pour y loger les « autres » étant entendu qu'au bout d'un certain temps, les « autres » seraient à leur tour devenus les « uns ».
Dès réception de la lettre relative à la dénonciation du bail de location des logements du Boulingrin, le général Demettre, commandant la gendarmerie nationale de la Ve région militaire, saisit le préfet de la Haute-Garonne, autorité de tutelle de l'office. Le préfet condamna le procédé et adressa en février 1965, un courrier au président des HLM, lui faisant part de sa désapprobation en lui rappelant qu'à ce jour tous les loyers avaient été réglés avec exactitude, sur les bases normales et conformément aux recommandations formulées par le président de la 3e chambre de la Cour des comptes. Le colonel Delpal, commandant la 5e Légion de gendarmerie mobile, demandait dans une lettre adressée au président des HLM, de reconsidérer cette affaire, car le rapatriement des forces d'Algérie le mettait dans l'impossibilité de reloger les personnels de l'escadron dans un délai qu'il ne pouvait déterminer.
Cette polémique perdura quelques mois, puis fut classée sans suite dès que les élections municipales réinstallèrent l'équipe sortante à la mairie. Cette accalmie fut de courte durée, car dès l'année suivante, un autre défi impliquant une nouvelle fois le casernement de la gendarmerie se fit jour.
(1) La population toulousaine est passée de 213 000 habitants en 1936 à 324 000 en 1963, 400 000 en 1966.
La réforme judiciaire de 1958 augmenta d'une manière significative les charges de cette juridiction. Sur la base des bâtiments existants, un premier aménagement du Palais de justice de Toulouse fut réalisé. Mais au fur et à mesure de la mise en place de la réforme, les quelques améliorations apportées à l'ensemble étaient loin d'être suffisantes. En raison de l'exiguïté et de l'inconfort dans lesquels étaient installés un certain nombre de bureaux, la chancellerie élabora un projet, proposant l'extension du tribunal de grande instance. Il fut présenté à la séance du conseil général de la Haute-Garonne le 16 mai 1966. Évalué à 7 000 000 F, le conseil général refusa de lui donner une suite favorable. La seule possibilité rationnelle offerte par les lieux pour cette extension était de prendre possession de la caserne de gendarmerie Saint-Michel-nord adossée au Palais de Justice qui avait été aménagée, comme expliqué précédemment, dans les années 1875 dans l'ancienne prison du tribunal pour y loger les brigades de gendarmes à pied.
Cette solution, bien que séduisante, se heurta une fois encore à l'impossibilité pour la gendarmerie de disposer d'une autre caserne afin de céder les lieux. Pourtant, 1967 allait offrir un évènement qui allait permettre de satisfaire toutes les parties prenantes de cette affaire. L'assiette du casernement de la gendarmerie à Toulouse était modifiée et par circulaire ministérielle[1] , l'escadron 6/14 (1) était rattaché à la Circonscription Régionale de la Gendarmerie du Languedoc. Suivant cette décision, cet escadron devait quitter Toulouse pour aller s'installer à Perpignan. Les opérations de son transfert pour sa nouvelle résidence, où il prit l'appellation 3/23(2), débutèrent le 1er mai 1968.
Cette opportunité offrait à la gendarmerie départementale, à l'institution judiciaire et à l'office des HLM, une excellente occasion de se réorganiser. La gendarmerie pouvait ainsi regrouper à la caserne Boulingrin, tous les personnels de l'état-major régional, des services administratifs et techniques et du groupement de gendarmerie départementale dispersés en ville. De son côté, l'institution judiciaire pouvait envisager, à moindre coût, l'extension du Palais de Justice en s'appropriant la caserne Saint-Michel-Nord. Enfin, cela donnait à l'office des HLM la possibilité de récupérer une partie des logements pour sa clientèle.
Informées du projet, les autorités locales accueillirent la proposition très favorablement. Le département pouvait envisager avec une plus grande sérénité la réalisation du plan d'extension et d'aménagement du Palais de Justice auquel il attachait une importance toute particulière. Après l'accord du ministre des Armées, le général Raffin, commandant la Circonscription Régionale de la gendarmerie de Midi-Pyrénées, regroupa dans la caserne du Boulingrin tous les personnels dispersés dans toute l'agglomération toulousaine ainsi que les militaires occupant les 16 logements de la caserne Saint-Michel Nord et les 14 de la caserne Saint-Michel Sud. Les logements libérés de la caserne Saint-Michel sud furent transformés pour réinstaller les bureaux et services de la caserne Saint-Michel nord. L'évacuation par la gendarmerie des locaux de service et des logements de la caserne Saint-Michel Nord fut terminée le 30 novembre 1968. Les locaux furent réaménagés pour être affectés au tribunal de grande instance.
Courant 1996, un projet de restructuration de l'ancienne caserne de gendarmerie Saint-Michel nord, devenu tribunal de grande instance fut engagé. L'ancienne caserne et une partie de l'ancien tribunal furent entièrement détruits pour laisser la place à un magnifique bâtiment fonctionnel et parfaitement intégré à l'ensemble du Palais de justice. Le nouveau Palais de justice ouvrit ses portes en 2008.
(1) Ironie du sort, cette unité, logée dans la caserne du Boulingrin, fut la première constituée lors de la création et de l'installation de la 12e Légion de la Garde Républicaine à Toulouse en 1937. Les circonstances feront qu'elle n'intégrera jamais la caserne Courrège, pourtant construite pour son hébergement.
(2) Par décision n° 16 695 MA/GEND.T.P.AF.D.Tr du 11 avril 1968, la composition du 23e groupement de gendarmerie mobile de la Circonscription Régionale de la Gendarmerie du Languedoc fut arrêtée comme suit :
1) État-major du 23e groupement : Agde; 2) Escadron 1/23 Narbonne ; 3) Escadron 2/23 Lodève - Saint Hippolyte du Fort ; 4) Escadron 3/23 Perpignan.
[1] circulaire ministérielle n° 20.200 MA/Gend.T. du 29 mai 1967.
Trop à l'étroit dans ses murs, la ville de Toulouse décida aux termes d'une convention en date du 28 avril 1964 de concéder à la Société d'équipement de la Haute-Garonne l'opération d'aménagement de la zone d'habitation du Mirail, déclarée Zone à Urbaniser par Priorité (ZUP) par arrêté[1] du ministre de la construction. Cette société ayant acquis les 800 hectares de terrains compris dans le périmètre de cette zone eut pour mission de les diviser et de les céder pour partie à la commune et pour partie aux constructeurs. En application du cahier des charges de cession de terrains du 4 janvier 1966, il fut mis à sa charge, conformément aux avant-projets et en accord avec la ville, la réalisation de tous les ouvrages de voirie, de réseaux, et d'aménagement des terrains destinés à être incorporés au domaine de la ville.
La municipalité exprima le désir d'implanter dans cette zone une brigade de gendarmerie. Par décision ministérielle[2] du mois d'avril 1967, la direction générale de la gendarmerie nationale prescrivit de rechercher un terrain d'environ un hectare, mais souhaitait inscrire cette démarche dans le cadre d'un échange compensé. Pour contrebalancer la perte de la caserne Saint-Michel nord qu'elle avait évacué au profit de l'extension du Palais de justice, la gendarmerie désirait que le conseil général procède à l'acquisition d'un terrain au Mirail en vue de le rétrocéder gratuitement à l'État qui prendrait à sa charge les frais de construction de la nouvelle caserne.
Le 28 mai 1967, le Préfet de la Haute-Garonne faisait connaître à la gendarmerie, que le Conseil général dans sa séance du 31 mai avait approuvé cet échange. Le coût de la transformation des locaux de la caserne en faveur de l'extension du Palais de justice étant alors estimée à 898 000 F au lieu des 7 000 000 F initialement prévu. Le Préfet demanda au général, commandant la Circonscription régionale de gendarmerie de Midi-Pyrénées de lui faire parvenir un plan de délimitation du terrain que la gendarmerie entendait retenir. Après étude de la zone et de son projet de développement, le plan de délimitation du terrain choisit, fut adressé au préfet le 17 août 1967. La Direction de la gendarmerie et de la Justice militaire décida alors de la fermeture la brigade de la Cépière(3) et de la transférer au Mirail.
Au mois de décembre 1967, le ministre des Armées demandait au service du Génie de préparer l'acte de vente du terrain mis à la disposition de la gendarmerie pour un prix symbolique. Après accord de toutes les parties prenantes, l'acte de vente et de rétrocession fut passé le 11 avril 1969. Suite à cette acquisition, une décision ministérielle prescrivit d'étudier l'implantation des bâtiments qui devait, suivant les obligations du cahier des charges, prendre en compte les contraintes techniques et architecturales imposées à tous les promoteurs.
Au printemps 1971, de nouvelles mesures portant sur la réorganisation de la gendarmerie à Toulouse conduisaient à une nouvelle réflexion. Le secteur de Toulouse ayant été scindé en deux compagnies : Toulouse Saint-Michel sud et Toulouse Mirail, il fut décidé d'implanter sur le terrain acquis, une brigade et un groupe de commandement de compagnie. Le service du Génie fut invité à reprendre l'étude du projet sur la base de ces nouveaux besoins. Dans sa séance du 11 avril 1973, la commission régionale des opérations immobilières, de l'architecture et des espaces protégés examina le projet qui avait été élaboré. Réalisé conformément au cahier des charges de la ZUP du Mirail, le projet de construction de la caserne reçut l'agrément du directeur départemental de l'équipement et de la commission qui émit un avis favorable.
Les travaux débutèrent en 1976 et la caserne fut occupée à compter du 1er décembre 1977. Un mois plus tard, le bail de la brigade de Toulouse-Cépière avec l'office public des H.L.M. était résilié.
Aujourd'hui, cette caserne porte le nom du gendarme auxiliaire Philippe Tremblier, lâchement assassiné à l'âge de 19 ans, à la suite d'un contrôle d'identité le 20 octobre 1991.
[1] Arrêté du 15/9/1960 et du 27/2/1962 publiés au J.O. des 17/9/1960 et 7/3/1962.
[2] Décision ministérielle n° 15196 MA/GendTDT2 du 19 avril 1967.
Liens externes
Chronologie des faits ayant marqué l'évolution du casernement de la gendarmerie nationale. Le point de départ de cette évolution est la loi du 28 germinal an VI suivant laquelle les administrations centrales ont l'obligation de fournir à la toute nouvelle gendarmerie nationale le casernement en nature.
En vert les décisions prisent au niveau de l'État, en orange celles prises localement par le département de la Haute-Garonne.
La place située devant le groupement III/6 de gendarmerie mobile porte aujourd'hui le nom de "Place Lafourcade".
À l'origine, elle fut baptisée place Saint-Michel du nom de l'église Saint-Michel qui était en son temps le principal monument des lieux. Après la révolution, le conseil de la ville et suivant l'air du temps voulu la nommer « la place des Sans-Culottes », mais finalement le tableau de l'an II choisit « la place du Triomphe ». Quelques années plus tard, elle reprendra le nom de Saint-Michel. Pour différencier la partie située devant le palais de justice, de celle située devant la caserne de gendarmerie, elle sera nommée respectivement de « Place intérieure Saint-Michel » et « Place extérieure Saint-Michel ». Cette dénomination ayant été faite par rapport à la position de l'ancienne porte du château narbonnais.
Par une délibération du 28 juillet 1933, le conseil municipal attribua le nom de « Place Lafourcade » à la place extérieure Saint-Michel. Marc Antoine Auguste Lafourcade est né à Beaumont de Lomagne (82) le 27 avril 1850. Major de sa promotion de l'École Normale, il fut nommé directeur de l'école du Grand-Rond puis, en 1885, directeur de l'École supérieure professionnelle et commerciale, rue des trente-six ponts (cette école sera transférée et deviendra le lycée Berthelot). Il décède à Toulouse le 6 mars 1921. Premier directeur de l'École Supérieure de Garçons de Toulouse, il prodiguera son enseignement de 1885 à 1910.
Le conseil municipal fut guidé dans son choix par un sentiment affectif qu'il portait à ce républicain convaincu. Beaucoup d'entre-eux, au nombre desquels le maire Étienne Billières, furent élèves de Lafourcade.