Le 1er vendémiaire an XIV (23 septembre 1805) le casernement de la gendarmerie fut mis à la charge des départements par la loi de finances du 2 ventôse an XIII (21 février 1805). Cette disposition fut maintenue et confirmée par la loi du 10 août 1871 (article 60).
Cependant, la création en 1921 des « pelotons mobiles de gendarmerie » destinés à appuyer l'action de la gendarmerie départementale dans les missions de maintien de l'ordre, allait entraîner la construction de nouvelles casernes de très grandes capacités. Ces casernements furent mis à la charge de l'État.
À l'issue de la Première Guerre mondiale, le développement économique du pays dû à l'industrialisation se heurta à celle du syndicalisme ouvrier. Ceci se traduisit bien souvent par des luttes de grande ampleur. Pour contenir ces troubles et faire face à la multiplicité des revendications sociales, il apparut nécessaire de disposer de formations spécialement entraînées et équipées pour remplacer la troupe et renforcer la gendarmerie départementale dans les opérations de maintien de l'ordre. Ainsi apparurent les « pelotons mobiles de gendarmerie » créés par la loi du 22 juillet 1921[1] et organisés suivant l'instruction du 9 septembre 1922.
L'installation de ces unités se fit progressivement sur plusieurs années dans les principales villes du pays. La loi du 22 juillet 1921, portant augmentation des effectifs de la gendarmerie et assurant le logement de ces effectifs, fit une distinction très nette entre les brigades territoriales et les forces mobiles, précisant que « le logement des brigades est laissé à la charge des budgets départementaux, conformément aux dispositions de la loi du 10 août 1871, article 60, tandis que celui des forces mobiles est à la charge exclusive de l'État ».
En 1926, l'ensemble de ces pelotons mobiles de gendarmerie prit l'appellation de « Garde républicaine mobile »[2] . Le 24 septembre 1927, en application de la loi de finances du 16 juillet 1927[3], un décret [4] groupa les pelotons mobiles de gendarmerie créés en 1921 en légions de la Garde républicaine mobile, formant une subdivision de l'arme. Les Légions étaient organisées en groupe de 4 ou 5 compagnies à l'effectif de 120 officiers et sous-officiers à pied et à cheval.
Le 1er avril, aux fins de soulager les budgets départementaux, les dépenses de casernement de la gendarmerie nationale furent placées à la charge de l'État en application de l'article 66 de la loi de finances. Depuis cette date, l'État paye un loyer pour les immeubles appartenant aux départements.
[1] loi du 22 juillet 1921 portant augmentation des effectifs de la gendarmerie, assurant le logement de ces effectifs et créant un état-major particulier de la gendarmerie.
[2] Décret du 10 septembre 1926 portant rattachement au budget du ministère de l'intérieur des crédits destinés à l'entretien de la gendarmerie.
[3] Loi du 16 juillet 1927 portant ouverture de crédits supplémentaires sur l'exercice 1927 au titre du budget général et du compte spécial « Entretien des troupes d'occupation en pays étrangers » pour l'intensification du recrutement des militaires de carrière.
[4] Décret du 24 septembre 1927 relatif à la constitution en légions autonomes des unités de garde républicaine mobile.
Ce grand domaine agricole, situé au sud-est de la ville, était connu depuis toujours sous le nom de Courrège. Il devait son nom à une borde (une ferme) qui fut très probablement construite au cours du XVIIIe siècle, à mille toises (~ deux kilomètres) de la ville, sur le chemin menant de Toulouse au hameau de Montaudran. Située à l'est de la ville, elle fut bâtie sur le plateau formé par la chaîne de mamelons s'étendant de Matabiau à Montaudran et appelée hauteur de Montrave ou du Calvinet.
Sa situation géographique en fit, selon la légende, un point de repos pour les voyageurs et autres commerçants se rendant à Montaudran et qui, épuisés d'avoir gravi le chemin haut de Montaudran, dit « la costo pabado(1) », y faisait une halte. La légende raconte encore que les propriétaires des lieux fixèrent sur le mur de la bâtisse un long cordage pour permettre à leurs hôtes d'attacher leurs montures le temps d'une halte. Ce détail serait alors devenu une particularité qui aurait permis aux passants et autres accoutumés des lieux, de nommer la ferme « la courègeo » ce qui en langue d'oc, signifie la courroie.
Cependant, il est plus probable que ce nom lui fut donné pour une autre singularité. En effet, dès le XVIIe siècle on désignait sous le terme de « courrèjo », une maison située sur une bande de terre étroite et allongée comme une courroie, une lanière.
Francisée et orthographiée d'abord avec un « r », la métairie sera définitivement nommée Courrège (avec 2 « r ») dans les années 1820.
Suivant le cadastre napoléonien de 1830, le propriétaire de ce domaine était l'avocat Joseph Alexandre Catherine Amilhau, membre d'une grande famille toulousaine. Alexandre eut plusieurs enfants, dont Marie Catherine Caroline et Rose Marie Joséphine qui naquirent en 1831 et 1833. À sa mort, le domaine fut scindé en deux et entra par héritage au patrimoine de ses deux filles.
Dès lors, la destinée de ce patrimoine familial fut étroitement liée à l'évolution de la ville et de ses besoins.
Rose Marie Joséphine Amilhau épousa en 1857 Marie Achille Laurens. Fils de Louis Théodore, ancien avoué à la Cour impériale de Toulouse, Achille était avocat, juge suppléant près le tribunal civil de première instance. Joseph Alexandre mourut la même année. Ce n'est qu'en 1888 que le couple reçut en héritage la moitié du domaine de Courrège sur lequel était bâtie la métairie du même nom. En 1899, cette partie du domaine entra au patrimoine de leur fils Hyppollite. La vocation agricole de cette métairie familiale allait cependant être abandonnée quelques années plus tard pour faire place à un projet ambitieux porté par un homme d'exception.
(1) « La costo pabado » autrement dit la « côte pavée » était un nom d'usage populaire pour désigner le chemin pentu menant du pont situé sur le canal du midi à Montaudran. Il sera officialisé sur les plans et annuaires qu'après 1870. Ce versant avait été pavé pour fixer les terres afin qu'elles ne soient entraînées pas les pluies et ne se déversent dans le canal entravant la navigation. Ce chemin est aujourd'hui l'avenue Jean Rieux du nom d'un ancien maire de la ville.
Toulouse grandissait et loin des préoccupations quotidiennes d'Hypollite, Paul Sabatier(1) fut nommé en 1905 doyen de la faculté des Sciences de l'Université de Toulouse. Depuis plusieurs années, il œuvrait pour la création d'un Institut Agricole pour la ville. Grâce à sa ténacité, l'institut fut fondé en 1909. Cependant faute de moyens, les premiers élèves durent, au cours des années qui suivirent sa création, se contenter d'un enseignement purement théorique donné dans les amphithéâtres et les laboratoires de la faculté des Sciences.
La ville de Toulouse vint à son aide en mettant à sa disposition quelques terrains lui appartenant. L'enseignement pratique prendra toute sa dimension, lorsque le conseiller général et adjoint au maire Bernard Marrot mit gracieusement à sa disposition son domaine de Monlon. Mais cet arrangement généreux et désintéressé demeurait suspendu à la bonne volonté de son bienfaiteur. Aussi, pour pérenniser l'enseignement agricole et assurer la formation d'agriculteurs efficaces, l'Université décida au lendemain de la Guerre, d'acheter des terrains.
Ce fut avec le concours financier de plusieurs Conseils généraux qu'elle acquit les onze hectares de terrain agricole, appartenant à Hypollite Laurens de la succession Rose Marie Amilhau et Achille Laurens, soit la moitié du domaine de Courrège pour une somme de 646 665 francs avec l'idée d'y construire l'Institut agricole trop à l'étroit à la faculté des sciences.
C'était sans compter sur l'extrême magnanimité du conseiller général Marrot qui décida, en 1920, de faire don à l'Université du domaine de Monlon. Cette propriété d'une superficie de 40 hectares comprenant une maison d'habitation, un château et des bâtiments destinés à l'exploitation avait l'avantage d'être située aux portes de Toulouse. Par décret du 14 avril 1920, le président de la République Paul Deschanel autorisa le recteur de l'académie de Toulouse d'accepter au nom de l'université cette donation. Ce don fut doublé d'une occasion inespérée qui permit à l'Université d'acheter en 1924 une ferme de 60 hectares voisine de celle de Monlon. Dans ces circonstances, les 11 hectares des terrains de Courrège n'eurent plus d'intérêt pour l'Université qui les revendit.
Finalement, ce fut la Société Générale Foncière, siégeant au 7 rue de la Boétie à Paris, qui racheta cette partie du domaine. Elle indiqua dans une lettre du 26 septembre 1926 adressée au maire de Toulouse, son intention de construire un lotissement sur les terrains acquis. Cet ensemble comporterait trois avenues nommées : « Courrège, Centrale et Cottage » reliant le chemin vicinal n°7 dit de Montaudran (aujourd'hui avenue Jean Rieux) et la route départementale n°2 dite de Revel (aujourd'hui avenue Saint-Exupéry). Ces trois avenues seraient reliées transversalement par une quatrième appelée « Terrasse » et formerait à l'intersection avec l'avenue centrale une place de 50 m sur 40 m dénommée « Pergola ». Après quelques modifications techniques, le Conseil municipal émit un avis favorable à la réalisation de ce lotissement qui débuta aussitôt. Les travaux de voirie et d'adduction furent terminés en 1932.
Le quartier en pleine expansion fut desservi dès le 1er janvier 1907 par la mise en service de la ligne hippomobile sur rail "O" qui partait du Capitole. Trois ans plus tard, le 12 avril 1910, les chevaux furent remplacés par le tramway électrique. Longue de 3 km, la ligne qui comptait quatre motrices empruntait la rue d'Alsace, la rue de Metz, la place Dupuis, la rue et le pont de Montaudran pour terminer à la Côte Pavée. En 1921 elle prit le numéro 22 qu'elle conserva jusqu'à nos jours. L'énergie électrique permettait d'assurer en 1926, 115 aller et retour quotidiennement. Au mois de mars 1957, elle devint mixte et le tramway disputait alors la rue à l'autobus, mais il fut abandonné au mois de mai suivant. L'autobus assura seul la desserte jusqu'à la place de la Pergola.
En 1967, le terminus du Capitole fut déplacé aux Ponts-Jumeaux. La ligne ne cessa de s'allonger depuis pour aller aujourd'hui de Marengo-SNCF à Gonin.
(1) Paul Sabatier recevra le prix Nobel de chimie en 1912 « pour sa méthode d'hydrogénation des composés organiques en présence de métaux finement divisés ».
L'installation de la Garde républicaine mobile dans toutes les grandes villes, nécessité de disposer de terrain assez vaste pouvant contenir l'ensemble des immeubles à usage d'habitation et ceux à usage technique. Le ministre de la Défense nationale et de la Guerre Édouard Daladier chargeait dès 1935 le commandant et directeur du Génie de la 5e Région militaire de rechercher des terrains situés sur le territoire de la commune de Toulouse susceptibles d'accueillir une nouvelle caserne.
De 1936 à 1937, le service local du Génie établit successivement quatre rapports techniques en vue de l'installation à Toulouse d'un État-major de Légion, d'un État-major de groupe, d'un État-major d'escadron et de deux pelotons à cheval. Parmi les suggestions, le directeur du génie proposa, les parcelles nos 172, 177, 178 et 144 cadastrées section « P » dite du pont des Demoiselles et Courrège. Ce domaine, comme nous l'avons vu précédemment, était entré en 1888 au patrimoine de Marie Catherine Amilhau, la seconde fille de l'avocat Joseph Alexandre Catherine Amilhau.
Marie Catherine Amilhau épousa en 1852 Paul Isidore Eliezer Gineste de Saurs. Élève à la faculté de droit de Toulouse, Paul Eliezer fut avocat à la cour royale dans la même ville. Il hérita à sa majorité de plusieurs métairies et du domaine familial de Saurs dans le Gaillacois sur lequel il fit construire de 1848 à 1851 le château de Saurs.
Paul Isidore et Marie Catherine eurent deux enfants : Marc François Raoul et Jeanne Marie qui s'unit en 1880 à François Passalaïgue. Paul Isidore mourut en 1892 et ses enfants Marc François Raoul et Jeanne Marie héritèrent du domaine. Afin de perpétuer la tradition agricole de ce domaine, Marc François Raoul fit bâtir en 1901 en bordure du chemin menant à Montaudran (aujourd'hui avenue Jean Rieux), un corps de ferme pour y loger un métayer.
La ville ne cessait de dévorer la campagne. La construction du lotissement Courrège sur les terrains ayant appartenu à leur cousin Hippolyte Laurens était déjà bien avancée. Le domaine de Paul Isidore et Marie Catherine paraissait ne plus être à sa place au milieu de toutes ces nouvelles constructions. En 1935, leurs petits-enfants, Paul fils de Marc Raoul Gineste et son cousin Marie Paul fils de François Passalaïgue furent contrariés par une décision gouvernementale.
En effet, le domaine de Courrège figurait parmi les quatre propositions produites par le directeur du Génie de la 5e Région militaire. Après avoir analysé les différentes possibilités, l'État envisagea en 1937 d'acquérir ce terrain, car il présentait tous les avantages requis pour la construction d'une nouvelle caserne. Paul Gineste et son cousin Marie Paul Passalaïgue acceptèrent de céder à l'amiable une partie des parcelles, mais refusèrent obstinément de céder l'ensemble du domaine. Dans ces conditions, le projet de nouvelle caserne n'était plus réalisable. Une procédure d'expropriation pour cause d'utilité publique fut envisagée. Conformément à l'article 31 du décret-loi du 8 août 1935 relatif à l'expropriation pour cause d'utilité publique, il fut constitué une commission arbitrale qui devait se prononcer sur le bien-fondé d'une telle proposition. Au terme de la réflexion, la commission se prononça pour l'acquisition de ces parcelles.
Sur le rapport de cette commission et en vertu des lois relatives à l'expropriation, le président du Conseil, Albert Lebrun, promulgua, le 12 septembre 1938, le décret [1] d'expropriation et d'acquisition pour le service militaire de l'ensemble des parcelles appartenant à Gineste de Saurs et Passalaïgue, auxquelles s'ajoutèrent deux autres parcelles plus petites, appartenant à des particuliers, afin de permettre l'installation de formations de la Garde républicaine mobile.
Au terme de cette procédure administrative, l'affaire fut mise en jugement au tribunal civil de première instance de Toulouse qui rendit, au profit de l'Administration militaire, une Ordonnance d'expropriation le 17 avril 1939 à l'encontre de Gineste de Saur et Passalaigue et des deux autres propriétaires. L'expert, désigné par le tribunal, fixa à 950 000 F l'indemnité à payer à Gineste de Saur et Passalaigue.
[1] Décret du 12 septembre 1935 relatif à l'acquisition pour le service militaire de diverses parcelles.
C'est par décision ministérielle[1] du 26 juin 1937 que fut créée la 12e Légion de la Garde républicaine mobile avec Toulouse pour chef-lieu de Légion. Cette création emportait naturellement la mise à disposition d'un nouveau casernement.
L'établissement de la 12e Légion de la Garde républicaine mobile à Toulouse fut précédé d'une décision ministérielle[2] du 24 février 1937 demandant au service du Génie d'établir des propositions afin de pourvoir à l'installation d'un État-major de Légion, d'un état-major de compagnie et trois pelotons, dont un à cheval, de Garde républicaine mobile. Le Génie devait notamment rechercher les immeubles disponibles, susceptible de constituer dans un délai très contraint et pour une dépense peu importante un casernement provisoire pour la légion.
Le 7 juin 1937, en exécution des prescriptions du général commandant la 17e Région, la commission de casernement de la garnison de Toulouse se réunit au bureau de garnison. Composée de l'intendant militaire, du délégué représentant le général commandant d'Armes, du représentant du chef du Génie et du médecin de la direction du service de santé de la 17e Région, elle devait étudier la solution préconisée par le chef du Génie dans son rapport du 3 mars 1937 et approuvée dans son ensemble par le ministre de tutelle.
Le casernement devait non seulement pouvoir répondre aux normes imposées pour le fonctionnement des locaux de services et des écuries affectées aux chevaux du peloton monté, mais encore être conforme aux prescriptions de la notice du 14 juillet 1933 relative aux installations de la Garde républicaine mobile.
La commission examina dans un premier temps les besoins de ces unités. Il s'agissait de loger 135 officiers, gradés, gardes et leurs familles, d'assurer l'entretien des quarante-quatre chevaux, le maintien opérationnel des trois camions, de la camionnette et de la voiture de liaison en dotation et de disposer de divers locaux pour les services généraux et administratifs. L'ensemble de ces contraintes et spécificités ne permirent pas de trouver un immeuble immédiatement disponible susceptible de convenir à l'installation en cause.
À l'issue des discussions, la commission proposa une solution qui satisfaisait au mieux les prescriptions de la circulaire ministérielle[3] relative aux installations provisoires de la Garde républicaine mobile : les logements des personnels ainsi que les services communs seraient installés dans le groupe d'immeubles de l'office public des habitations à bon marché de Toulouse situé dans le secteur du Boulingrin. Le directeur de l'office public avait répondu favorablement aux sollicitations de l'Administration de la guerre et proposait de mettre à sa disposition le corps des bâtiments F,G,H et une partie des logements du bâtiment D.
Ces immeubles, dont la construction était en voie d'achèvement, avaient été choisis pour leur disponibilité immédiate, mais aussi pour leur situation proche du quartier général et des autres casernes de gendarmerie. Ils possédaient neuf locaux destinés à être utilisés comme garages. Les logements étaient équipés de l'eau courante, d'un réseau d'égouts, de sanitaires. Les établissements de bain-douche municipaux complétaient leur confort. Le quartier bénéficiait d'un service d'enlèvement quotidien des ordures ménagères et était desservi par deux lignes de tramway. Pour installer les locaux de services et les locaux communs, quelques modifications seraient rendues nécessaires dans les logements du rez-de-chaussée. Les garages trop petits pour les camions seraient transformés en atelier, buanderie et séchoir. Cependant, ces pièces ne disposant pas de cheminée, les familles devraient faire bouillir leurs lessives dans leurs logements. Cette installation étant toute provisoire, les travaux à réaliser pour ladite installation seraient exécutés sans procéder à d'importantes transformations.
Une solution ayant été trouvée pour les familles et les bureaux, la commission discuta ensuite du logement des quarante-quatre chevaux du peloton monté. Ainsi qu'il résultait des propositions faites par le colonel commandant le 14e régiment d'infanterie, les chevaux pourraient être logés sans difficulté dans la caserne Niel. Le fourrage du peloton serait emmagasiné dans la moitié nord de l'ancien magasin à fourrage servant actuellement de dépôt. La sellerie et la salle d'astiquage nécessaires au peloton pourraient être également installées dans les locaux de cette caserne. Toutefois, faute d'équipement, l'instruction ne pouvait s'y dérouler. La commission avança la possibilité pour la Garde d'utiliser, concurremment avec les troupes montées de la garnison, le manège et la carrière du quartier Caffarelli.
Cette solution présentait en particulier l'avantage de la proximité avec les ateliers de réparation de la 17e compagnie régionale du Train et du Groupe de la 404e DCA.
Les participants à cette réunion abordèrent in fine la question des munitions. Hormis les munitions du service courant, ils décidèrent d'emmagasiner le reste des munitions et explosifs dans les locaux appropriés du Polygone (actuellement La Cartoucherie) ou de l'ancien Arsenal (actuellement Cité administrative et Université Toulouse 1 Capitole).
À la fin des échanges, les membres de la commission et les membres consultatifs convinrent que les solutions proposées par le service du Génie étaient les mieux adaptées à la situation. Le chef d'escadron, délégué du colonel commandant la Légion de la Garde républicaine mobile, estima qu'elles étaient acceptables dans leur ensemble, compte tenu évidemment des paramètres du moment.
Ce fut en vertu de la délégation donnée par le Conseil d'administration de l'Office Public d'Habitations à bon marché de Toulouse[4], que monsieur Abadie, secrétaire général et directeur de l'office, signa avec le chef de Bataillon Magnou, chef du Génie à Toulouse et représentant l'Administration de la Guerre, le bail à loyer devant permettre l'installation des personnels et des matériels de l'État-major de la 12e légion, de l'état-major du premier groupe, de l'état-major de l'escadron et ses trois pelotons de la Garde républicaine mobile.
Le bail comprenait la totalité du corps des bâtiments F, G, H situés en bordure de la rue Tivoli et une partie du bâtiment D donnant sur la rue Abel Autefage. Cet ensemble était composé de cent vingt-deux logements, douze chambres séparées et neuf locaux à usage de garages. Quatre logements au rez-de-chaussée du bâtiment F furent consacrés aux bureaux et au magasin de la Légion. Quatre autres furent destinés aux magasins et bureaux de la compagnie et de ses trois pelotons. C'est au rez-de-chaussée du bâtiment G que furent logés, dans trois logements distincts, l'infirmerie, les salles de service et le Mess-cercle. Trois autres logements du rez-de-chaussée du bâtiment F et D furent également aménagés pour servir de salle d'instruction. Au total dix-neuf logements furent déclassés et aménagés en locaux de service.
Le bail fut signé le 30 novembre 1937 pour une durée de deux ans renouvelables et la Garde s'installa aussitôt après.
Le colonel Gauthier fut désigné chef de la 12e légion de la Garde républicaine mobile le 12 octobre 1936. Il eut pour adjoint le lieutenant-colonel Grugier et le chef d'escadron major Quelennec.
[1] Décision ministérielle n°26 079 T/10G du 26 juin 1937.
[2] Décision ministérielle n° 06246-2/4 du 24 février 1937.
[3] Circulaire ministérielle 18000-2/4 du 24 juin.
[4] Cet organisme fut créé par décret du 2 avril 1921.
Devant l'effort insuffisant des départements, la loi de finances du 31 mai 1933 autorisa dans son article 144, les municipalités ou toutes autres collectivités publiques ou privées étrangères à l'arme à financer la construction des casernements de la garde républicaine mobile. Bien qu'un certain nombre de conventions fussent passées en ce sens, le gouvernement par la loi de finances du 22 mars 1934 mit, dès l'année suivante, le casernement à la charge de l'État.
En 1939, l'effectif de la Garde républicaine mobile avait atteint 20 500 hommes (pour un effectif théorique de 27 000). Elle était articulée en 163 escadrons logés dans 236 casernes aménagées ou construites spécialement.
Les conditions d’installation progressives des unités de gendarmerie ainsi que le choix des résidences se firent principalement en fonction des facilités d’aménagements des bâtiments existants, mais également en fonction de la disponibilité de terrains constructibles. Cette incontournable contrainte ne permit pas toujours de prendre en compte les notions d’articulation entre unités ni celles de leurs répartitions en vue de leur emploi, plaçant même au second plan l’organisation défensive des nouvelles casernes. Comme les autres légions, la 12e Légion de Garde Républicaine Mobile se heurta à cet épineux problème lorsqu’en novembre 1937 elle s’installa à Toulouse.
Cela faisait tout juste deux ans qu'elle avait pris possession d’une façon provisoire des immeubles du Boulingrin lorsque le 3 septembre 1939 la France entra en guerre contre l’Allemagne. L’armistice du 25 juin 1940 chassait la Garde de la zone nord pour ne conserver que 6 000 hommes en zone sud, articulés en 48 escadrons et formant d’abord 3, puis 6 légions en 1941. L’invasion du 11 novembre 1942 devait encore l’amoindrir pour regrouper ensuite ses restes en force de maintien de l’ordre avec les GMR et la Milice française.
Reconnue par le Gouvernement provisoire de la République française dans une ordonnance signée à Alger le 5 juillet 1944, la « Garde », qui prit l’appellation de « garde républicaine » le mois suivant, fut à nouveau fusionnée avec la gendarmerie en janvier 1945. Elle retrouva à cette occasion son ancien statut, défini par le décret du 10 septembre 1935. Le gouvernement décida de lui faire réintégrer ses anciens casernements.
À la libération, un état général des casernes fut dressé. Plusieurs d’entre elles avaient été détruites et de nombreuses autres avaient été plus ou moins gravement endommagées par les bombardements. Cependant, celles qui n’avaient pas été détruites étaient occupées par l’Armée, les administrations et la population. Eu égard aux faibles ressources budgétaires du moment, il ne pouvait être envisagé de nouvelles constructions.
Le problème du casernement ne devait cependant pas obérer l’action de la Garde et il était urgent d’en reconstituer ses effectifs. Constituée de 6 000 hommes en 1944, il fut décidé d’augmenter progressivement ce corps pour atteindre 12 000 hommes en 1950, afin de former 85 escadrons. Ces nouvelles unités réintégraient, non sans mal, les anciennes casernes d’avant-guerre qu’il fallut dans un premier temps vider de leurs occupants. Leur récupération s’avéra être une tâche des plus délicate et difficile, car c’était sans compter sur la résistance des occupants dont beaucoup avaient tout perdu. En 1950, 32 casernes de la garde républicaine restaient toujours occupées par la gendarmerie départementale, 70 autres l’étaient par les cadres de l’armée et des civils et 44 étaient entièrement occupées par la population. Cela représentait 47% du parc (cette occupation privée la garde d’environ 3 000 logements). C’est dans ces conditions que la réintégration de plus de 50% des nouvelles unités de garde républicaine mobile s’effectua au hasard des résultats de la récupération et non en fonction des besoins d’emploi.
La guerre n’avait pas profondément modifié le casernement de la Garde et de la gendarmerie départementale à Toulouse.
Le terrain du domaine de Courrège acquis pour la construction d'une caserne leur étant destinée ne fut pas abandonné pour autant. La Seconde Guerre mondiale empêcha simplement la mise à exécution du projet. Durant cette période, une grande partie des terres fut mise à la disposition du 24e régiment d'artillerie lourde (RAL) et du 117e régiment d'artillerie (RA) pour servir de jardin potager. Un pacage y fut également réservé pour le service vétérinaire militaire. Le reste était occupé par deux sociétés sportives.
La Garde restait cantonnée dans les immeubles du Boulingrin loués à l’office des habitations bon marché, tandis que la gendarmerie départementale logeait toujours dans les casernes départementales de Saint-Michel nord et de Saint-Michel sud situées pour la première place du parlement (adossée au palais de justice) et pour la seconde place Lafourcade. Le seul changement résidait dans ce qu’il fut appelé les « brigades satellites ». Leur création fut décidée le 30 novembre 1943, pour faire face à l’augmentation de la population toulousaine. C’est dans ce contexte que la brigade de Toulouse-Cépière (route de lombez) à l’effectif de six fonctionna officiellement dès le lendemain. La brigade de Toulouse-Croix-Daurade ouvrit ses portes le 21 mars 1945. Ramonville-Saint-Agne se mit à disposition du public le 1er mai 1945. Pin-Balma, qui prit par la suite l’appellation officielle de Balma, explorait sa circonscription dès le 14 mai 1945. Elle devait s’installer le 14 novembre 1945 au château de la Garde à Balma. La brigade des Recherches qui travaillait officieusement depuis le 15 avril 1946 fut officiellement créée le 31 juillet 1946.
Dès la fin de l'année 1945, le lieutenant-colonel Rouyer, commandant la 5e légion de la Garde républicaine mobile (ex 6e régiment de la Garde), adressait un rapport au ministre de la Guerre pour lui signaler l'urgence de reprendre le projet de construction. L'augmentation de la population toulousaine et le manque cruel de logements avaient conduit les autorités locales à demander au Génie l'autorisation de construire sur le terrain une centaine de baraques afin d'y loger des familles. L'occupation devait durer entre 3 et 4 ans, mais il ne fut donné aucune suite favorable à cette demande aux conséquences incertaines.
Hélas, cette demande allait se heurter à bien d'autres difficultés.
Un autre obstacle allait une nouvelle fois entraver l'exécution de l'opération. En effet, par exploit du 13 septembre 1948, Gineste de Saurs et Passalaïgue assignèrent le préfet en rétrocession de leurs parcelles [1] au motif que ces terrains n'avaient pas reçu la destination qui leur avait été affectée. Le décret-loi relatif à l'expropriation accordait effectivement cette possibilité aux anciens propriétaires ou à leurs ayants droit. Ce droit de rétrocession ne pouvant s'exercer que pendant dix ans à compter de la date du jugement, les co-propriétaires saisirent la Justice quelques mois avant l'expiration du délai.
Le jugement, en première instance, en date du 7 avril 1949, fut défavorable à l'administration et le juge ordonna la rétrocession du terrain aux co-propriétaires par application stricte de la loi. Cependant, ce jugement ne retenait pas la période de guerre comme cas de force majeure.
Dans un arrêt du 9 novembre 1949[2], la première Chambre de la Cour d'appel de Toulouse débouta Gineste de Saurs et Passalaïgue. Plusieurs arguments furent produits au nombre desquels la non-obligation pour l'État de terminer ou même de commencer les travaux dans le délai de dix ans du moment que la destination d'utilité publique n'était pas abandonnée. D'autre part la Cour souligna que le mot « travaux » ne se limitait pas uniquement à l'exécution matérielle des ouvrages, mais que la préparation des plans, les demandes de crédits, le stockage des matériels, les commandes, etc., constituaient également les travaux. Or le Génie avait réalisé une étude complète du projet dès le 15 juin 1939, et proposait à cette date les plans et devis pour l'implantation de la caserne.
Dès qu'il fut porté à la connaissance du Génie l'issu de cette bataille juridique, les mesures furent prises pour débuter les travaux. Une première autorisation de dépenses[3] de 10 millions de francs permit d'effectuer les travaux préparatoires de terrassement et de viabilité.
Après l'euphorie du jour V, la France restait plongée dans des difficultés insurmontables, dont celle de l'habitat. Toulouse n'échappait pas à la tourmente et son important déficit en logements dû à l'afflux de réfugiés était l'une des principales charges des élus et des autorités administratives. Pour faire face à cette situation inextricable, une loi du 1er septembre 1948 exigea l'évacuation des H.L.M. par les administrations publiques. Ce texte ne visait que les locaux afférents au fonctionnement des services publics et non ceux servant de logements d'habitation.
Cependant la détresse de cette époque était telle, que cette pénurie faisait courir les rumeurs les plus folles. La Garde républicaine qui ne disposant pas de caserne logeait dans les immeubles du Boulingrin était régulièrement fustigée notamment par les candidats briguant quelques mandats électifs. De fausses informations circulaient sur l'occupation réelle des logements. C'est ainsi qu'en 1948, à la suite d'une lettre signalant qu'une quarantaine de logements étaient inoccupés dans la portion réservée à la Garde, le colonel Gendrault commandant la Ve Légion de Garde républicaine, adressa au général commandant la Ve région militaire un compte-rendu pour lui confirmer que les 140 officiers et sous-officiers composant les états-majors de la 5e Légion, du 1er groupe d'escadron et du 1er escadron ainsi que l'effectif des deux pelotons composant cette unité (le troisième étant en résidence à Saint-Gaudens), occupaient effectivement tous les logements qui leur avaient été attribués. Cet état ne satisfit pas le préfet de la Haute-Garonne, Inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire.
Le 19 janvier 1949, il saisissait à nouveau le général commandant la Ve région militaire de cette question et demandait qu'une commission soit autorisée à visiter les locaux occupés par la garde républicaine. Cette autorisation ayant été accordée, la commission composée d'un délégué de la préfecture, de la Mairie de Toulouse et des habitations bon marché, du colonel commandant la subdivision de Toulouse représentant le général, visitait tous les logements occupés par la garde. À l'issue de la visite, la commission déclara qu'elle avait été renseignée « de façon tendancieuse et que l'occupation était conforme aux clauses du bail ».
Pour débloquer rapidement la situation et mettre fin à toutes suspicions, la garde républicaine devait disposer de sa caserne. C'est à cette charge que le service du Génie s'employait sans relâche. Mais son étude sur la nouvelle caserne avait dû être remaniée à plusieurs reprise, de façon à intégrer de nouveaux paramètres dont celui de la construction d'immeubles pour les cadres de l'armée(1) et celui de l'abandon du cheval au profit de la motorisation des unités(2) .
(1) Dans cette période d'après-guerre, les cadres de l'armée soumis à de fréquentes mutations n'échappaient pas au problème du logement. Le gouvernement décida de dégager sur l'emprise de la caserne Courrège, en bordure de l'avenue Saint-Exupéry, une parcelle de 1 ha 24 a pour la construction de logements leur étant réservés. L'utilité publique de cette construction fut prononcée par décret du 21 mars 1949. Pour dégager de l'espace, le Génie du augmenter le nombre d'étages des immeubles destinés à la Garde républicaine mobile et resserrer leur implantation.
(2) Jusqu'en 1943, les unités étaient dotées de matériels au fur et à mesure des besoins. Il n'y avait pas de plan d'ensemble. La Libération accroît cet équipement fatigué, d'abondantes récupérations. Une codification sera mise en place lors du tableau de dotation et d'effectifs (T.E.D) du 3 septembre 1945. Il étoffera l'armement léger, défini au premier T.E.D. et augmentera d'une manière significative les moyens autos et radios.
[1] Cours d'Appel de Toulouse - Arrêt du 9 novembre 1949 - Expropriation pour cause d'utilité publique.
[2] Cette assignassion fut faite en vertu de l'article 53 du décret-loi du 8 août 1935 relatif à l'expropriation pour cause d'utilité publique.
[3] Décision ministérielle du 23 avril 1949.
Dans cette période d'après-guerre, les cadres de l'armée furent confrontés au manque cruel de logements. Il fallut trouver une solution pour des familles soumises à de fréquentes mutations. Les plans de la caserne furent remis sur les tables à dessin. Pour dégager de l'espace, le Génie augmenta le nombre d'étages des immeubles et resserra leur implantation. Cette nouvelle distribution permit de libérer, en bordure de l'avenue Saint-Exupéry, une parcelle de 1ha 24a pour la construction de logements réservés uniquement aux cadres de l'armée. L'utilité publique de cette construction fut prononcée par décret du 21 mars 1949. Les travaux furent exécutés en deux tranches de 50 et 20 logements.
Un autre sujet devait également faire l'objet d'une réflexion tout aussi importante. En effet, depuis déjà quelques années, la Garde républicaine mobile n'avait plus d'unité montée et les chevaux avaient fait place aux motos, Half-Track, scout-car et autres engins hérités de la guerre. Même si, en ce début des années 1950, la dotation existante en matériel et véhicules était loin de correspondre à la dotation théorique, le processus de mécanisation était désormais irréversible. Cette incontournable évolution, qui obligeait les échelons locaux à s'adapter en permanence, fut à l'origine du choix des premiers bâtiments à construire à Courrège.
Les besoins en logements, ateliers, magasins et bureaux ayant été redéfinis, c'est au chef de bataillon Champagne, alors directeur de travaux du Génie de Toulouse que fut confié les travaux préliminaires à la construction. La dotation en véhicules automobiles et autres engins hérités de la guerre avait changé les mentalités et imposé une nouvelle conception du maintien de l'ordre et de sa logistique. Pour optimiser l'avantage opérationnel que ce nouvel équipement présentait, le colonel Gendrault, commandant la 5e Légion de la Garde républicaine mobile, fut associé de plein droit aux préparatifs et à l'élaboration du projet. Il apporta son concours aux nombreuses études qui furent réalisées.
Le premier plan de masse, dressé par le chef de bataillon Champagne et les architectes Gérard et Verrey, fut définitivement approuvé le 17 mai 1952 par le Secrétaire d'État à la Guerre qui demanda au colonel Courrière, commandant et directeur du Génie de la 5e Région militaire de lancer les travaux.
L'exiguïté des locaux de l'Office Public d'Habitation à bon marché de la rue Tivoli ne permettant pas le stockage et l'entretien des véhicules, une partie importante de ces engins était stationnée dans les hangars de la caserne Compans. Cette dispersion des personnels et des véhicules décida le colonel Gendrau, commandant la 5e Légion de la Garde républicaine mobile, de faire construire en priorité un grand atelier de réparation.
Ainsi, le premier bâtiment à être construit fut un grand atelier de mécanique destiné à la réparation des véhicules de dotation afin de libérer de l'espace dans les autres casernes de la ville et préserver le caractère opérationnel des unités. Cette construction commencée en 1953 prit fin en mai 1954.
La situation du moment avait permis de définir les bâtiments nécessaires pour accueillir le commandant régional et son État-major, les unités de gendarmerie mobile à savoir un État-major de légion et son escadron hors rang, un état-major de groupe, un escadron complet enfin une centaine d'officiers et de sous-officiers de la gendarmerie départementale logés hors caserne et appartenant aux diverses unités implantées dans la ville. Mais cette prévision, incomplète du fait qu'elle ne tenait pas compte des besoins de la gendarmerie départementale en locaux de services, en ateliers, garages, magasins, etc. fut bien vite remise en cause par deux nouvelles décisions ministérielles.
Ce déficit en surfaces couvertes amena le colonel Morisot, devenu commandant de la 5e légion de Garde républicaine mobile, à demander que soient construits en priorité les bâtiments destinés aux garages pour les véhicules. Leur construction débuta à la fin de l'année 1953 . Ces deux bâtiments en forme de « L » furent adossés à l'avenue Jean Rieux et aux propriétés de la rue Charcot.
Alors que le bâtiment destiné à la réparation des véhicules avait été inauguré le 1er avril 1954 et que ceux destinés pour servir de garage aux véhicules étaient en voie d'achèvement, le général de corps d'Armée Jousse, commandant la 5e Région militaire, provoquait le 20 juillet 1954 à l'hôtel Duranti, une réunion de la commission de casernement de la garnison de Toulouse afin d'étudier l'affectation des surfaces couvertes des différentes casernes de la ville. Il confia au général Candille, commandant régional de la gendarmerie de la 5e Région, l'étude sur la possibilité de loger à titre provisoire dans l'atelier nouvellement construit à Courrège, les véhicules que la Garde républicaine mobile abritait dans les hangars de la caserne Compans.
Il fut décidé que ce nouveau bâtiment serait immédiatement occupé par les véhicules du 1er escadron. Après quelques modifications de l'atelier pour son gardiennage, le colonel Morisot, demandait au capitaine, commandant le 1er escadron, de prendre toutes les dispositions afin d'évacuer pour le 29 septembre 1954 au plus tard, trois travées occupées à Compans. Cependant, la Garde conservait à Compans les travées nécessaires pour abriter le restant des véhicules, les machines-outils de l'atelier, la menuiserie, l'armurerie, du matériel du Génie et du matériel divers.
Vers la fin de l'année 1954 s'acheva la construction des deux bâtiments à usage de garage. Au mois de mai 1955, les derniers engins et matériels stockés à Compans, à l'exception de l'armurerie et de la menuiserie, furent transférés à Courrège.
Après approbation par le secrétaire d'État à la Guerre en octobre 1953, et alors que les garages sortaient de terre, la construction du premier bâtiment à usage d'habitation comprenant 90 logements débuta au début de l'année 1954 afin de pouvoir libérer une grande partie des logements du Boulingrin. Sa construction s'acheva au printemps 1956. Dans un courrier du 26 mai 1954, le secrétaire d'État à la Guerre décidait des bâtiments qui devaient faire l'objet des prochaines constructions, cependant, faute de financement supplémentaire, le chantier fut mis en sommeil de la fin 1955 à 1957.
Au cours de cette période d'inactivité, d'autres évènements allaient bousculer le bon déroulement des constructions.
Alors que le premier immeuble à usage d'habitation était en voie d'achèvement, le ministre décidait [1] en février 1956, d'implanter à Toulouse un deuxième escadron de gendarmerie mobile qui prit l'appellation de 6e escadron de la 5e Légion de Gendarmerie Mobile (numéroté : escadron 6/5).
Cette nouvelle unité fut en partie constituée par les personnels provenant de la dissolution du 1er escadron mixte de la 1re Légion de gendarmerie d'intervention stationnée en Allemagne qui avait été créé à l'issue de la guerre. Au terme des traités internationaux, ces unités étaient rapatriées petit à petit en France. Composée de deux pelotons de marche et d'un peloton hors rang, elle eut pour premier commandant d'escadron le capitaine Sourgnes. Cet escadron devait par la suite et suivant la décision ministérielle [2] de novembre suivant être porté à trois pelotons de marche. Contre toute attente, le gouvernement décida de l'installer dans le premier immeuble construit à Courrège au cours de l'été 1956, laissant l'ensemble des autres unités à Boulingrin. L'installation de la garde républicaine dans les immeubles du Boulingrin, de provisoire qu'elle était, semblait être devenue définitive au fil des reconductions du bail.
Quelques mois plus tard, il fut également décidé de créer à Toulouse une section d'hélicoptères[3] et de la rattacher administrativement à la 5e légion de gendarmerie mobile. À la suite de ces décisions, le colonel Degré commandant régional de la gendarmerie de la Ve région militaire, adressa le 15 février 1957 au ministre de la Défense nationale et des forces armées, un rapport dans lequel il proposa plusieurs solutions afin de faire face à la situation. Il souligna avec justesse les grandes difficultés que devait affronter la gendarmerie départementale quant à son casernement. Comme la garde républicaine, elle était, par manque de place, dans l'obligation d'éparpiller ses matériels et ses véhicules dans les différentes casernes de troupe de la ville.
En réponse, le secrétaire d'État décida que la caserne Courrège ne serait destinée à accueillir dans l'immédiat, que le commandant régional et son état-major installés alors à la caserne Saint-Michel, les deux escadrons de gendarmerie mobile et la totalité de la section d'hélicoptère. Le directeur régional du Génie fut saisi pour élaborer un nouveau plan de masse et étudier les possibilités d'implanter dans la caserne le hangar à hélicoptère ainsi qu'une aire d'envol et d'atterrissage permanent. Suivant ces directives, la construction d'une deuxième grande barre à usage d'habitation devenait prioritaire. Pour la gendarmerie départementale, le ministre envisagé soit d'aménager la caserne Saint-Michel, soit de construire un nouveau casernement. L'État-major de la 5e Légion de gendarmerie mobile, celui du premier groupe et le premier escadron (1/5) furent maintenus dans les immeubles du Boulingrin.
Ce n'est qu'en octobre 1957 qu'il autorisa un nouvel engagement de dépenses. Ainsi débuta la construction de la seconde barre d'habitation qui se termina au mois d'avril 1960. Par décision du 16 février 1960, le ministre approuva les plans et accorda les crédits nécessaires à la construction de bâtiments techniques. Ces bâtiments furent remis à leurs utilisateurs en septembre 1962.
Une nouvelle décision ministérielle en date du 13 septembre 1960 permit le lancement de trois nouveaux immeubles à usage d'habitation. Leur construction débuta en 1961. La dernière décision, complétant l'ensemble des crédits, fut établie par le ministre le 24 février 1961. Elle permit la construction des trois derniers immeubles à usage d'habitation, du bâtiment administratif et du bâtiment de service destiné à recevoir le mess et le centre médical. Les premiers immeubles furent terminés en octobre 1962, les autres en janvier 1963.
Pendant que la construction des immeubles d'habitations se déroulait, la France tentait de dominer la guerre à la frontière tunisienne et les effectifs militaires passaient à plus de 400 000 hommes avec appel des réservistes. La Gendarmerie mobile du département de l'Algérie comptait alors trois Légions subdivisées en six groupes, formant dix-huit escadrons d’active et trois escadrons de gendarmes auxiliaires. Parmi tous les escadrons de gendarmerie mobile, le 10/10 était créé à MASCARA le 1er mars 1957[4] . Le 1er octobre 1957, il prit l'appellation d'escadron 6 /10 bis[5] à l'occasion de la création de la 10e Légion bis de Gendarmerie mobile à ORAN. L'unité était employée à renforcer et prolonger l’action des brigades de Gendarmerie départementale, à des patrouilles. L'escadron était doté de véhicules semi-chenillés (Half-Tracks) armés d'une mitrailleuse de 12,7 mm et d’AMM 8 de conception américaine équipée d'un canon de 37mm.
Après le référendum du 1er juillet 1962, qui consacra l’indépendance de l’Algérie, la France retira progressivement ses troupes. Par décision ministérielle du 15 juillet 1962 [6], l’escadron 6/10 bis de Mascara fut rapatrié et installé à Courrège en lieu et place de l'escadron 1/5 logé au Grand Rond. Il prit l’appellation de 5e escadron de la 5e Légion de Gendarmerie Mobile (escadron 5/5).
[1] Décision ministérielle no 36 349_DN/ GEND.T du 10 octobre 1955.
[2] Décision ministérielle no 44.870/GEND.T. du 9 novembre 1955.
[3] Décision ministérielle no 42.006_DN/GEND.T. du 30 novembre 1956..
[4] Décision ministérielle N° 06609 DN/GEND.T du 20 février 1957
[5] Décision ministérielle N° 26555 DN/ GEND.T du 16 juillet 1957.
[6] Décision ministérielle N° 2659 M.A/GEND.T.P.A.F.D.T.R. du 10 juillet 1962.
La réception des travaux de construction du bâtiment administratif (1) ayant été faite à la fin de l'été 1963, le colonel Delpal, commandant la 5e légion de gendarmerie mobile, le fit occuper à partir d'octobre. Au premier étage il fit installer l'état-major du premier groupe d'escadron et les bureaux des 5e et 6e escadron. Le commandant régional de la gendarmerie de la 5e région militaire (CRG) quitta la caserne Saint-Michel pour s'installer au deuxième étage et le troisième étage fut occupé par l'État-major de la 5e légion de gendarmerie mobile. Les services administratifs, techniques et des ressources humaines se partagèrent les étages restants.
À la suite de cet emménagement, la question de l'installation de la section hélicoptère n'était toujours pas tranchée. Le terrain de Courrège n'offrant plus cette possibilité, d'autres solutions furent recherchées. En accord avec le général commandant la 3e région aérienne et du colonel commandant les bases aériennes 101 et 130, le général Demettre, commandant la gendarmerie de la Ve région militaire proposa au ministre des Armées dans un courrier du 4 janvier 1965, d'installer à Francazal la section d'hélicoptère sur une parcelle d'un demi-hectare à proximité de l'aérodrome. Cette proposition reçut l'agrément du ministre et dès le mois de mai, les crédits nécessaires pour la construction des infrastructures furent mis en place.
En décembre 1963, le service médical de la Légion quitta les immeubles de la caserne du Boulingrin pour venir s'installer à Courrège. En janvier 1964 ce fut le tour du mess-cercle de quitter Boulingrin pour prendre possession des cuisines, salles et locaux qui lui furent attribués. Il fallut attendre le mois de mars 1966 pour assister à la construction des villas destinées au général, commandant la gendarmerie de la Ve Région Militaire et aux colonels, commandants de la 5e légion et de la 5e Légion de gendarmerie Mobile.
(1) Surélevé sur des poteaux en béton, le vide réalisé sous le bâtiment et qui servait pour le stationnement des véhicules légers, fut aménagé en 1986 en bureaux.
La première occupation militaire connue de cette borde eut lieu lors de la bataille de Toulouse, qui opposa l’Armée du Maréchal Soult, Duc de Dalmatie à l’Armée coalisée de Lord Wellington.
Au cours de cette bataille, la 4e division, commandée par le général Travot, s'établit du 6 au 10 avril 1814 sur la route pavée de Montaudran, occupant les fermes adjacentes à cette route, dont la métairie de Courège s'étendant jusqu'au pont des Demoiselles dont elle défendait les approches.
Le 11, le maréchal Soult ordonna la retraite. Les Anglais et Espagnols jusqu'alors tenus en échec en profitèrent pour occuper Toulouse dès le 12 avril. On estime que les pertes des deux côtés s'élevèrent à 12 000 hommes, dont 8000 pour les alliés.
150 ans plus tard, le 10 octobre 1964, le général Demettre, commandant régional de la gendarmerie et monsieur Périer, directeur de la gendarmerie et de la justice militaire inauguraient la caserne.
Ainsi, plus de 26 ans se sont écoulés entre les premières esquisses crayonnées sur les planches à dessin du service du Génie et la fin de la construction de la caserne. Dix ans sépareront le premier coup de pioche de son occupation totale.
La ferme Courrège a depuis disparu des mémoires. Il ne reste d'elle que son nom qui fut attribué pour la première partie du domaine à l'avenue qui l'a fait disparaître et pour l'autre à la caserne de Gendarmerie.