Pour contenir l'ampleur ou la permanence des troubles, coïncidant bien souvent avec un état de guerre, les gouvernements successifs ont, au cours de notre histoire, fait appel à des unités spéciales, créées en complément des forces chargées normalement de la sûreté des campagnes et des villes. Ces corps avaient pour mission de suppléer l'armée engagée contre l'ennemi.
Les maréchaux s'appuieront sur des formations temporaires encadrées d'éléments de la maréchaussée, la première République recrutera les meilleurs éléments de la Garde nationale pour former les bataillons de fédérés. Les premiers bataillons de gendarmerie mobile seront créés par Louis Philippe Ier.
C'est au début du règne de Louis Philippe Ier, alors que les troubles légitimistes agitaient les départements de l'ouest que naîtront les bataillons de gendarmerie mobile. Deux, furent créés en septembre 1830{1] et casernés à Angers et Rennes, un troisième fut organisé trois mois plus tard[2] et mis en résidence à Nantes. Ces unités seront licenciées le 30 octobre 1831 et leurs effectifs versés dans la gendarmerie départementale de cette région soit en création de nouvelles brigades soit en renfort des brigades existantes.
La IIe République s'appuiera sur les 24 bataillons de la Garde nationale mobile créés par arrêté du 25 février 1848. Ils seront portés à 25 par décret du 25 avril de cette même année. Ces bataillons composés de huit compagnies, chacune de 131 hommes, furent cantonnés dans la capitale. Le gouvernement de Versailles, dirigé par Adolphe Tiers, engagea la gendarmerie mobile alors composée d'un bataillon[3] et de deux régiments[4], l'un à pied et l'autre à cheval, dans l'insurrection parisienne de mars à mai 1871 connue sous le nom de « La commune de Paris ».
« Officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes, un décret présidentiel du 28 mars courant a ordonné le licenciement immédiat du bataillon de gendarmerie mobile.
« Le bataillon mobile, créé par arrêté du chef du pouvoir exécutif, le 23 juin 1871, a accompli avec honneur et dévouement tous les services spéciaux dont il a été chargé depuis sa création, tant à Paris qu’à Versailles, en province et en Tunisie.
« En toute occasion, les officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes du bataillon se sont fait remarquer par leur zèle et par leur esprit de discipline. J’ai donc l’intime conviction que tous porteront dans les corps où ils vont être versés les traditions d’abnégation, de courage et d’énergie qu’ils ont puisées dans ce bataillon d’élite et dans la direction de leur digne commandant, que je suis heureux de voir porter au tableau d’avancement pour le grade de lieutenant-colonel ».
« Le bataillon de gendarmerie mobile est licencié à la date du 31 mars 1885. »
C’est après avoir passé une dernière fois en revue d’honneur le bataillon de gendarmerie mobile que le Général Thomas, commandant la place de Paris et la subdivision de la Seine, prononça le 31 mars 1885 son licenciement. La commission au budget de la Chambre des Députés avait proposé cette solution pour compenser financièrement la création de nouvelles brigades en métropole, mais plus encore en Tunisie et en Algérie. Le Président de la République Jules Grévy l’approuva.
Le premier chef de cette troupe appelée « légion de gendarmerie mobile » fut le général Lambert. Elle était composée à l’origine d’un bataillon formé de 8 compagnies et d’un escadron d’environ 160 chevaux. L’escadron fut licencié par décret du 27 novembre 1879 et la légion prit alors le nom de « bataillon de gendarmerie mobile ». Cette unité créée pour assurer le service prévôtal à Versailles et la garde des deux Chambres participa bien vite au service de garde de l’Élysée, de la présidence de la République, de l’état-major de la Place*, de la cour d’assises. Le bataillon fut également employé par détachement dans les départements pour le maintien de l’ordre et pour les expéditions lointaines comme celle de Madagascar ou du Tonkin afin de ne pas désorganiser la gendarmerie départementale, si restreinte et si utile dans les résidences respectives.
Son entretien s’élevait alors à 1 187 995 F par an. Après son licenciement, la Garde du Parlement fut assurée par les différents corps de la garnison et le maintien de l’ordre pour la capitale fut confié soit aux autres corps de la garnison de Paris, soit à la garde républicaine et à la gendarmerie départementale. Pour la province, il fut confié à la gendarmerie départementale qui rassemblait pour les besoins de cette mission des gendarmes prélevés dans les brigades d’une ou plusieurs régions et appuyés par des contingents fournis par les corps de troupe.
[1] Ordonnance du 4 septembre 1830 sur la formation de deux bataillons de gendarmerie mobile à Angers et à Rennes
[2] Ordonnance du 11 décembre 1830 qui prescrit la formation d'un troisième bataillon mobile de gendarmerie et contient des dispositions relatives aux deux premiers bataillons.
[3] Arrêté du 5 juillet 1848 relatif à la formation d'un bataillon de gendarmerie mobile.
[4] Décret du 29 septembre 1870 qui prescrit l'organisation d'un deuxième régiment de gendarmerie à cheval.
Les insignifiantes économies réalisées par le licenciement de ce bataillon, décidé par le Parlement qui supprima les crédits relatifs à son entretien, furent bien vite emportées par la tourmente des crises sociales qui ne cessaient de s'amplifier au rythme du développement industriel du pays. Pourtant, ces mêmes députés soucieux de leur place et de leur réélection se plaignirent dès 1901 de voir leur circonscription se vider de « leurs gendarmes » partis sur les lieux des grèves, laissant ainsi le champ libre aux vagabonds et malfaiteurs de toutes sortes. Leur préoccupation à la tranquillité contrastait bien fort avec les difficultés auxquelles se heurtaient les gendarmes envoyés sur les lieux de grèves. Si l'administration et l'alimentation des troupes employées au maintien de l'ordre avaient été réglées en 1902 par une instruction, il n'en était pas de même pour les gendarmes qui devaient se débrouiller seul matériellement et financièrement pour rejoindre leurs lieux d'emploi. Il fallut attendre l'instruction de 1903[1] pour fixer les premières prescriptions relatives à leur emploi et les moyens logistiques et financiers à mettre en oeuvre pour l'occasion.
Lorsqu'une grève éclatait ou devait avoir lieu, c'est au préfet qu'il revenait la décision de mettre en place un dispositif pour le maintien de l'ordre. Il adressait alors par télégraphe, une réquisition au chef de Légion sur le territoire de laquelle devait se dérouler la grève, ce dernier télégraphiait à son tour aux commandants de compagnies (aujourd'hui groupement) qui transmettaient l'ordre aux commandants d'arrondissement (aujourd'hui compagnie), lesquels désignaient télégraphiquement aux brigades les personnels à détacher.
Les gendarmes appelés devaient immédiatement faire leurs préparatifs de départ, régler leurs affaires locales et se mettre au plus tôt en marche après avoir fait viser leur feuille de route. Ceux qui avaient la chance d'habiter une commune desservie par le chemin de fer rejoignaient immédiatement la gare quant aux autres, ils regagnaient à pied la station la plus proche. Il arrivait parfois, pour peu que la voie ferrée soit éloignée ou le chemin pour y parvenir compliqué, que certains hommes perdent du temps en se trompant d'itinéraire. Le trajet en chemin de fer effectué, il fallait encore rejoindre le point de rassemblement. Arrivant seuls ou par petits groupes au grè des trains, les malheureux étaient parfois attendus en gare par des grévistes surexcités venus les insulter et même les molester. L'échelonnement des arrivées par petites fractions était un facteur paralysant à l'action de l'unité qui se constituait peu à peu. Le cantonnement des hommes, la logistique et la sécurité de la troupe devenaient également une préoccupation majeure pour le chef du détachement.
Les missions de maintien de l'ordre présentaient de nombreux inconvénients. Outre les difficultés de toutes sortes auxquelles les gendarmes désignés étaient confrontés, elle désorganisait les brigades et laissait le champ libre au brigandage. Ainsi, les départements les plus industrialisés avec ses milliers d'ouvriers et dont les grèves nécessitaient la présence de centaines de gendarmes, étaient régulièrement privés de la moitié voire des deux tiers des effectifs composant les brigades. Pour réduire au mieux cet inconvénient, le chef de Légion n'avait d'autre choix que de faire appel aux gendarmes des départements voisins pour renforcer les unités démunies et lorsque le conflit s'enlisait, les départements voisins étaient à leur tour renforcés par des gendarmes venus de départements encore plus éloignés. Cette situation n'était pas rare. Dans le seul département de la Seine, 22 000 journées de gendarmes envoyés aux grèves furent comptabilisées en 1910. Il fut alors envisagé de transformer un bataillon de la garde républicaine en gendarmerie mobile, mais cette idée fut vite abandonnée.
Le gouvernement devait également faire face à une idée bien ancrée dans les esprits, selon laquelle les fils formant les bataillons de ligne n'oseraient jamais tirer sur leurs pères. La plus grande partie des citoyens, ignorant totalement la loi, était également convaincue que les gendarmes et les policiers ne pouvaient, quelle que soit la situation, faire usage de leurs armes. Cette croyance populaire ajoutait à l'action violente des grévistes et aux débordements en tout genre. Afin de lutter contre cette idée, le député de Meurthe-et-Moselle, Jean Grillon auteur d'un projet de réorganisation de l'arme en juin 1908, proposa de placarder sur les lieux de grèves des affiches rappelant la loi, les circonstances dans lesquelles la gendarmerie et la police pouvaient faire usage de leurs armes et les sanctions auxquelles les délinquants s'exposaient.
[1] Instruction du 21 juillet 1903 concernant les détachements de gendarmerie déplacés pour le maintien de l'ordre
En 1905, devant le nombre et la violence des grèves, la question de recréer une gendarmerie mobile fut à nouveau discutée au Sénat et le gouvernement Rouvier chargea le ministre de la Guerre Maurice Berteaux de préparer un projet de loi dans ce sens. Mais les obstacles étaient nombreux. Tout d'abord, sous quelle forme devait exister cette gendarmerie mobile ? Les partisans d'une formation régimentaire composée d'infanterie et de cavalerie s'opposaient à ceux qui favorisaient la formation de petites unités isolées dans le but de ne pas créer d'emplois de gradés et d'officiers supplémentaires. Se posait ensuite la question du recrutement. Mal payés, mal équipés, les candidats à la gendarmerie départementale faisant déjà défaut, les perspectives de recruter du personnel nécessaire à la création de cette troupe semblaient illusoires. Enfin, il fallait devoir modifier la loi sur le recrutement au terme de laquelle quatre années de service actif étaient obligatoires pour être admis en gendarmerie.
La création de cette nouvelle gendarmerie mobile et la question de son l'habillement furent confiés à deux commissions chargées de présenter un projet au ministre de la Guerre. La première commission se heurta au sempiternel problème du « toujours plus avec toujours moins ». Elle envisagea tout simplement de prélever les ressources pour une grande partie sur la gendarmerie départementale à laquelle « on enlèverait des officiers, gradés et gendarmes pour constituer cette nouvelle unité » avec à la clé, la fermeture d'un certain nombre de brigades estampillées pour l'occasion « d'inutiles ». Cette perspective offusqua les élus locaux qui n'entendaient pas se laisser « déposséder » sans rien dire. Dans le même contexte, l'uniforme, proposé par la commission chargée de sa conception, ayant été réduit à sa plus simple expression, fit l'objet des plus vives critiques.
Devant cette levée de boucliers, la première commission proposa au ministre de la Guerre dans le courant du mois d'octobre 1905, deux autres systèmes pouvant être combinés entre eux, mais cette nouvelle solution n'avait rien de bien convaincant. Ils consistaient pour le premier à créer sur quelques points du territoire des compagnies ou escadrons de gendarmerie mobile qui serviraient également d'école aux futurs gendarmes à la condition que les villes voulussent bien offrir le casernement et pour le second, à renforcer les brigades par l'adjonction d'un cinquième gendarme. Ce projet élaboré pour réduire sérieusement l'emploi de l'Armée dans les grèves restait superficiel, aléatoire, peu pratique et donc ne résolvait rien. Élaborer une stratégie de pareille importance en misant sur la générosité des villes, relevait de l'absurdité. Quant à la solution d'augmenter l'effectif des brigades, soit environ 200 hommes sur un effectif total de 25 000, elle demeurait inconséquente. Éparpillée sur tout le territoire, cette augmentation de l'effectif ne constituait pas une réelle force mobile et aurait eu pour autre conséquence de resserrer les casernements en prenant sur les logements existants, les pièces nécessaires à la création d'un logement supplémentaire. Les difficultés du rassemblement sur les points de grèves demeuraient et la désorganisation du service des brigades également.
Le financement de ce projet paraissait être un investissement en pure perte, les limites d'un tel système ayant été largement éprouvées. Eu égard aux dramatiques événements résultant de manifestations violentes et à la loi du 21 mars 1905 réduisant à deux ans la durée du service militaire, la création de cette force spéciale s'imposait peu à peu malgré les réticences du moment. Comment cependant y parvenir sans grever le budget de l'État ? De nombreuses idées furent émises et parmi celles-ci, une fit son chemin. Transformer un grand nombre de brigades à cheval en brigades à pied en développant l'usage de la bicyclette puis reporter les fonds ainsi économisés sur le budget de la future gendarmerie mobile. Ainsi, la capacité opérationnelle de la gendarmerie départementale serait préservée grâce à cette nouvelle infanterie cycliste assurant les mêmes tournées qu'un cavalier. La diminution de la cavalerie des Légions étant compensée par la création d'escadrons de gendarmerie mobile qui prendraient à leur charge certaines missions. Ces nouvelles unités d'infanterie et de cavalerie de gendarmerie mobile seraient installées dans les régions industrialisées, en des lieux où ces troupes pourraient facilement se déplacer par voies ferrées.
Les calculs réalisés sur la transformation de trois cents brigades à cheval en brigade à pied, soit 1 500 hommes, révélaient que l'économie engendrée sur le complément de solde des cavaliers, sur les frais de fourrage et d'écuries ainsi que sur les primes de première mise et d'entretien permettait de créer soit un régiment de 600 cavaliers soit un régiment de 800 fantassins.
Interpellé par le député de la Seine Édouard Vaillant, à la séance du 3 novembre 1905, qui reprochait au gouvernement de mettre l'Armée au service du patronat dans les grèves, le secrétaire de la Chambre des Députés Albert Lebrun confirma qu'il fallait confier cette mission aux troupes aguerries de la gendarmerie. La constitution d'une troupe spéciale « pour éloigner l'Armée des grèves » était suspendue au projet que devait présenter le ministre de la Guerre et dont il priait de bien vouloir hâter le dépôt. Mais le projet se heurtait à deux conceptions divergentes concernant l'organisation de cette troupe. La création de bataillons ou d'escadrons aux ordres d'un chef capable de lui donner sa force et sa cohésion était systématiquement combattue par les pitoyables ambitions de clochers qui préféraient voir cette force dispersée en brigade. Ainsi, loin des problèmes de maintien de l'ordre, ces communes espéraient avec l'implantation d'une brigade, faire sur le dos de l'État les misérables économies de police locale qui étaient à leur charge.
La commission instituée pour étudier la création d'une gendarmerie mobile remit son rapport au mois de janvier 1906 au ministre de la Guerre Eugène Étienne qui l'examina de concert avec le rapporteur du budget. Elle proposait de tirer des corps de troupe de toutes armes les éléments nécessaires à sa constitution, lesquels seraient encadrés par des gradés provenant de la gendarmerie départementale. Cette nouvelle troupe serait composée de célibataires sauf pour les gradés. Les nouveaux admis contracteraient un engagement de quatre années au terme duquel les meilleurs seraient autorisés à passer dans la gendarmerie départementale. Cette force serait constituée en escadrons et en compagnies. Un premier groupe formé d'un escadron et d'une compagnie serait mis en résidence à Lille, un deuxième de même composition à Marseille ou Lyon, le reste des escadrons et compagnies à Paris. Ces groupes, constitués d'escadrons et de compagnies commandés par un capitaine secondé par quatre lieutenants, seraient placés sous les ordres d'un chef d'escadron (un commandant). Le 9 février 1906, le conseil des ministres arrêta les principales lignes du projet de création d'un corps de gendarmerie mobile dont l'effectif serait porté à 3 000 hommes. Le complet de cette troupe, qui serait atteint en 1909, débuterait par un premier recrutement de 1 300 hommes.
Le 27 février 1906, l'affaire fut déposée à la Chambre des députés. Le ministre de la Guerre Étienne présenta le projet tant réclamé. Il fut immédiatement contesté par quelques députés manifestement ignares, que la bêtise poussait à braire des absurdités issues de clichés irrévérencieux et dont se servaient ces ignorants pour paraître intelligents, voire spirituels. Il est vrai que les gendarmes étaient des fils du peuple, des roturiers qui ne comptaient pas comme ces messieurs, leur noblesse en quartiers. Les discutions du projet furent reportées et la Chambre examina les questions relatives à la garde républicaine, à la gendarmerie départementale et au budget de ces deux formations qu'elle adopta. Le 10 avril, la commission de l'Armée qui envisageait le placement de détachements de cette force dans les grands centres concluait dans son rapport du 3 avril[1] à son adoption.
Un autre projet de loi fut déposé pour demander, sur l'exercice 1906, un crédit extraordinaire de 1.253.882 francs, destiné à la création de la gendarmerie mobile. Ce crédit devant permettre d'en constituer une partie à dater du 1er juillet 1906, avec un effectif de début de 900 hommes, et d'atteindre au moyen de 60 admissions par mois l'effectif de 1.200 hommes à la fin de l'année.
Ce projet de loi souleva quelques critiques, mais la commission de l'armée émit un avis favorable à sa discussion et chargea le député Henrique-Duluc de rédiger un rapport[2] afin que la chambre puisse en être saisie avant sa séparation.
À la séance du 13 avril, le gouvernement dut faire face à l'opposition de nombreux députés qui formulèrent quatre objections. La première pointait du doigt l'insuffisance de l'effectif obligeant ainsi l'autorité administrative de recourir à l'emploi de la troupe, ce que l'on voulait justement éviter. La deuxième critique portait sur le montant de la dépense qui, disaient-ils, est hors de proportion avec le résultat attendu. Son organisation régimentaire constituait le troisième grief et ses détracteurs de soutenir que sous cette forme, il serait impossible en temps normal d'employer ces compagnies en matière de police rurale. Enfin, l'angoisse d'être renversé par un coup d'État de ce corps spécial hantait les esprits des députés qui faisaient endosser leur crainte à la République en ces termes : « une troupe de métier pourrait faire courir à la République les plus grands dangers ! ». Ces arguments eurent raison du projet qui ne fut pas voté. Cependant, les grèves prenaient de plus en plus d'ampleur et leurs violences les rendaient plus menaçantes et tournaient souvent au tragique. La misère et le désespoir étant infiniment plus dangereux qu'un corps constitué de gendarmes professionnels, le gouvernement dut revenir sur sa décision et envisagea le rétablissement du bataillon de gendarmerie mobile. Cette solution fut bien vite abandonnée et l'idée d'une gendarmerie mobile conservée.
[1] Rapport du 3 avril 1906 de la commission de l'armée présidée par le député du Puy-de-Dôme Guyot-Dessaigne concernant la création d'un corps de gendarmerie mobile de 2000 hommes.
[2] Rapport du 13 avril 1906 du député Henrique_Deluc concernant la création d'un corps de gendarmerie mobile de 2000 hommes.
Le 22 janvier 1907, le sous-secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur Albert Sarraut déposa sur le bureau de la Chambre des députés, un projet de loi portant création d'un corps de gendarmerie mobile, rédigé de la façon suivante :
« Article premier : Il est créé un corps de gendarmerie mobile chargé d'assurer le maintien de l'ordre et l'exécution des lois sur les points où les circonstances exigent le rassemblement de forces importantes de gendarmerie.
Lorsqu'elle ne sera pas employée à cette mission, la gendarmerie mobile pourra être utilisée pour d'autres services de police, de sûreté générale et de garde fixés par le ministre de la Guerre après entente avec les autres ministres intéressés.
Art. 2 : L'organisation du corps de gendarmerie mobile, son effectif, les conditions de son recrutement, les lieux de stationnement des différentes unités sont fixés par décret. Il sera procédé à cette organisation suivant les besoins du service et dans la limite des crédits ouverts à cet effet au ministre de la Guerre. »
Ce texte fit l'objet d'une longue discussion à la commission de l'Armée. Hostile à son adoption, elle lui reprochait tout et son contraire. En effet, elle estimait d'une part qu'un corps de 2 000 hommes serait insuffisant pour accomplir les tâches de maintien de l'ordre arguant qu'il avait fallu à maintes reprises, faire intervenir plusieurs régiments pour contenir la colère des populations. D'autre part, en cas de non-emploi au maintien de l'ordre, la commission dénonçait l'importance de cette unité mise à la disposition du ministre de la Guerre et son emploi à des tâches inutiles. Le projet devint caduc.
Des députés soucieux de leur réélection, une Armée jalouse de ses prérogatives, un ministre du Budget frileux, un ministre de la Guerre convaincu, mais peu décidé, les discussions s'éternisaient et chaque clan, au nom il va sans dire de l’intérêt général, s'ingéniait à rendre le projet irréalisable dès lors qu'il n'offrait pas l'assurance de servir au mieux ses propres intérêts. Pourtant les grèves, les émeutes et même les rébellions militaires avaient pris dans le pays des proportions alarmantes au point qu'elles faillirent mener le pays tout droit vers une nouvelle révolution.
Pendant que ces pitoyables palabres françaises s'éternisaient, une dépêche transalpine rapportée par la presse en octobre 1907 annonçait l'intention pour l'Italie de mettre en discutions la création d'un corps spécial de 4 000 carabiniers formés pour le maintien de l'ordre. Cette force constituée en bataillon serait cantonnée dans quatre ou cinq villes du pays. Le projet italien relança le débat, mais un autre mal rongeait l'institution : son manque d'attractivité. Une solde qui n'avait pas augmenté depuis des décennies, un travail harassant et continuel, un manque de considération de la part des élus, des conditions de vie déplorables, des casernes délabrées ayant contribué au développement de la tuberculose, voilà la triste réalité des avantages qu'offrait le métier de gendarme et qui avait directement concouru au grand coup de frein à l'embauche de jeunes recrues. Sur les 1 387 places disponibles en cette fin d'année 1907, seuls 213 candidats avaient été retenus malgré un sérieux assouplissement des conditions de taille, de santé, d'antécédent judiciaire, de moralité et d'instruction générale.
En janvier 1908, le sénateur de la Seine-Inférieure Louis vicomte de Monfort interpella une nouvelle fois le gouvernement sur la question de la création de la gendarmerie mobile. Cette proposition ayant rencontré une forte opposition de la part des socialistes, sa discussion fut suspendue, mais le projet ne fut pas retiré. Monfort, qui avait déposé une proposition portant constitution d'une brigade de police mobile, désirait connaître les intentions du ministre et sa position sur cette question. Ce dernier confirma que le projet de loi portant création d'une gendarmerie mobile n'était pas abandonné et que le nouveau projet qu'il venait de déposer à la Chambre était la copie conforme de son prédécesseur. Mais depuis, le ministère de l'Intérieur avait envisagé la réorganisation générale de la gendarmerie. Dans ces conditions, si le projet de réorganisation était mis en discussions, il n'entendait pas demander à la Chambre de voter le projet.
S'appuyant sur des appréciations de députés notoirement incompétents et prétextant de fausses économies, le rapport élaboré sur la réorganisation de l'Arme ne visait que son affaiblissement. Pourtant devant les troubles violents du Nord, les drames, les morts de nombreux députés et sénateurs plaidaient en faveur de décharger l'Armée d'un rôle qui n'était pas le sien et de confier cette mission à la gendarmerie pour peu qu'on veuille bien lui rendre dignité et considération. Dans un livre qu'il publia sous le titre "Les vœux de l'Armée", le sénateur Humbert s'exprimait ainsi :
« Le soldat, homme de troupe au service réduit est peu fait pour une besogne à laquelle on ne l'a point préparé. C'est miracle s'il l'accomplit sans violence en tout cas, il souffre à l'entreprendre et ce n'est point pour cela en effet qu'on l'a pris à sa famille, à ses travaux ; c'est pour le dresser à la défense du pays contre l'étranger.
Le gendarme au contraire, depuis longtemps rompu à la discipline est mieux habitué à dominer ses nerfs, est considéré par les grévistes, en face desquels on l'envoie, non comme un adversaire absolu, qu'il leur faut débaucher ou lapider, mais comme un voisin officiel, comme un témoin quotidien des travaux et des souffrances de la population dont il partage presque la vie, en temps ordinaire. Son uniforme est connu ; sa rassurante prestance est familière aux chemins du pays, où il a maintes fois protégé les droits de chacun et naïvement commenté la loi. Il connaît la foule, ses défauts, ses qualités. Il sait tout ce que l'on peut obtenir d'elle, et comment il faut s'y prendre pour l'obtenir. La gendarmerie et le peuple, qu'il y ait fête ou conflit, se comprennent. Le gendarme surveille, explique, morigène au besoin; souvent il concilie. En résumé il inspire confiance. »
Cependant, l'idée d'établir des brigades supplémentaires dans les départements fortement industrialisés prévalait sur celle de créer une gendarmerie mobile que ses détracteurs réduisaient à une force qui « manquerait assurément du doigté nécessaire pour ne pas envenimer les situations ».
Au cours des années qui suivirent, la question s'amenuisa petit à petit au point de ne plus paraître qu'à propos de grèves violentes ou sanglantes faisant la une des journaux. C'était l'occasion pour les uns d'exprimer leur regret de ne pas disposer d'une force capable de contenir cette violence, l'occasion pour les autres de polémiquer sans fin.
Avec la nomination d'Alexandre Millerand, nouveau ministre de la Guerre du gouvernement Raymond Poincaré en janvier 1912, la question de la création d'une gendarmerie mobile fut à nouveau posée. La Chambre des députés, qui n'avait toujours pas trouvé de solution au problème, était désormais confrontée à d'autres difficultés dont celles de l'instruction des troupes et l'organisation de la gendarmerie. En effet, avec un service militaire ramené à deux ans et des tensions politiques faisant craindre le pire, il fallait absolument ne plus employer les troupes de lignes pour le maintien de l'ordre afin qu'elles puissent consacrer tout leur temps à l'instruction et à la préparation de leurs missions. Cette situation préjudiciable pour l'Armée ne l'était pas moins pour la gendarmerie. Ainsi pour corriger la désorganisation du service des brigades avec l'envoi de gendarmes territoriaux aux grèves et ne pas laisser le champ libre aux malfaiteurs, le ministre avait augmenté les effectifs de gendarmes dans les états-majors de légion, de compagnies, d'arrondissements ainsi que dans les brigades des départements les plus industrialisés pour servir de réserve. En prévision des grèves, des brigades inutiles avaient été implantées dans ces régions, des brigades à cheval, qui auraient dû être transformées en brigade à pied, avaient été maintenues.
Ce nouveau corps, auquel le gouvernement donnait le nom de « garde mobile » devait pouvoir être à tout instant mobilisable et facilement transportable. Mais de quel effectif devait-il être composé ? En juin 1912, le ministre de la Guerre Alexandre Millerand adressait aux chefs de Légion une demande de renseignement au sujet des gendarmes célibataires ou veufs sans enfant en vue de la création de la gendarmerie mobile. Une circulaire du 30 septembre 1912 fut adressée à tous les généraux commandant les corps d'armée pour les informer de la constitution dans chaque département d'une commission chargée de rechercher quelles réductions il serait possible de faire subir aux effectifs de la gendarmerie en vue de la création d'une gendarmerie mobile.
Dès que la création de ce corps fut sérieusement envisagée, de nombreux projets furent déposés à l'assemblée. Ainsi, le député de la Charente-Inférieure André André-Hesse déposa un projet de loi sur la création d'une gendarmerie mobile à cheval et la réorganisation de la gendarmerie départementale. Il prévoyait un corps composé de 44 escadrons à l'effectif de 120 hommes, dont 20 seraient autonomes et 24 groupés en régiments. Le complet de cette troupe serait de 5 280 hommes.
À son tour, Henry Paté, député de la Seine, proposa de créer un service autonome de la gendarmerie rattaché au ministère de la Guerre dirigé par un officier général ayant rang de sous-directeur, puis de créer dans chaque compagnie (aujourd'hui groupement) un groupe école à l'effectif variable de 2/3 de gendarmes à cheval le reste à pied. Cette création progressive établie sur quatre exercices budgétaires porterait l'effectif à 4 800 hommes. Ces groupes-écoles organisés en pelotons seraient rattachés administrativement aux légions sur le territoire desquelles ils seraient implantés. Ils serviraient à former les gendarmes destinés aux brigades et de réserve mobile et seraient susceptibles d'être regroupés en escadrons mixtes de 150 à 200 hommes. Les pelotons seraient commandés par un adjudant-chef ou un lieutenant.
D'autres projets furent également déposés et tous avaient la prétention de créer une gendarmerie mobile sans délier les cordons de la bourse. Hélas, cette comédie comptable faite sur le dos des gendarmes corvéables à merci, refusait de prendre en compte le problème du recrutement auquel était confronté la gendarmerie depuis des années. Avec une solde de misère et des journées sans fin, les candidats ne se bousculaient pas et l'Arme n'arrivait toujours pas à combler ses vacances. Dans une société en plein développement, où l'existence a des exigences de plus en plus grandes, l'amour des aiguillettes avait depuis longtemps trouvé ses limites. Pas d'argent, pas de gendarme.
En juin 1913, le débat sur la création d'une gendarmerie mobile prit une autre tournure. Tous les projets ayant été discutés, le gouvernement Barthou préféra l'option de la création d'un corps autonome, ayant une organisation propre, un service particulier et dont le personnel serait formé en vue du but à atteindre. Ce choix fut en partie dicté par le réarmement de l'Allemagne. L'heure était grave et il était urgent de laisser à l'armée tout son temps pour qu'elle puisse se préparer à la guerre. La désorganisation des brigades et les moyens pour en atténuer les conséquences (sureffectif, brigades inutiles, brigades à cheval au lieu de brigades à pied...) motivaient également cette option. Cependant, devant la montée en puissance de la Deutsches Heer et les menaces qui pointaient à l'horizon, les discussions sur la création de cette nouvelle composante furent éclipsées par celles de l'emploi de la gendarmerie en cas de conflit.
Hormis le service des prévôtés qui absorberait dès le premier jour près de 6 000 officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes et leur remplacement s'ils se faisaient tuer au combat, les députés s'interrogèrent sur l'affectation des autres gendarmes et l'effectif minimum que l'on devait conserver aux brigades. Certains estimaient que les gendarmes devaient être reversés dans leurs corps d'origine pour en augmenter les effectifs, d'autres pensaient qu'ils devaient être employés en unités constituées, mais qu'il était important au moment de la mobilisation de laisser la gendarmerie tout entière à ses obligations pour accomplir sa mission. Ceci posé, les députés s'interrogèrent sur le remplacement des gendarmes partis au feu. Il fut admis que les deux gendarmes restant dans chaque brigade seraient renforcés par des hommes sûrs, prélevés sur les contingents de réserve de l'Armée territoriale. La menace se faisant chaque jour plus grande, il fallait s'assurer du moral de ce corps.
Mésestimée par l'Armée, négligée par un pouvoir politique qui lui refusait toute considération, abandonnée dans des casernes insalubres par des Conseils généraux sans scrupule, pressurée par les événements résultant d'un contexte social difficile, sans grande reconnaissance depuis la loi du 21 mars 1905 considérant les emplois de gendarmes comme emploi civil, les députés crurent bon d'aiguillonner le patriotisme des gendarmes. Pour cela, ils exhumèrent des mémoires les hauts faits d'armes de la gendarmerie, sa bravoure, son zèle, son indéfectible fidélité et sa discipline et ajoutèrent à cette flatterie sans vergogne « qu'il serait criminel de priver l'Armée en cas de guerre de ces loyaux serviteurs (les gendarmes) ».
Le 21 mai 1913, le ministre de la Guerre attribua à la gendarmerie un drapeau portant la devise "HONNEUR ET PATRIE" et sur lequel figurait le nom des victoires de Hondschoote, Villodrigo, Taguin, Sébastopol. Le 14 juillet 1913, le Président de la République Raymond Poincaré le remit officiellement à la gendarmerie départementale . Le corps qui était le plus ancien de l'Armée et comptait plus de 27 000 hommes n'avait plus de drapeau depuis le licenciement du bataillon de gendarmerie mobile en 1885. Mais la gendarmerie fidèle à son honneur et à ses obligations n'avait nullement besoin de ces flagorneries pour savoir où était son devoir. Les gendarmes sont des combattants de tous les jours qui payent depuis toujours un lourd tribut pour assurer la paix publique et la protection des populations. Pour les seules années de 1911 et 1912, 60 gendarmes périrent en service commandé.
Le 1er août 1914, vers 16 heures, les brigades de gendarmerie reçurent un télégramme fixant au dimanche 2 août le premier jour de la mobilisation générale des armées de terre et de mer. Le 4 août 1914, l'Allemagne déclarait la guerre à la France. En raison de son faible effectif, les gendarmes furent envoyés au front soit dans le cadre de détachement, soit dans celui de la prévôté. Tous les officiers et gendarmes soit 17 800 hommes furent affectés par roulement dans les prévôtés des 105 divisions et autres unités combattantes. Avec un effectif minimum, le travail des brigades déjà bien lourd fut augmenté de nombreuses tâches pour seconder l'autorité militaire. Elles assuraient les opérations de recrutement, de réquisitions pour les moyens de transport, de ravitaillement. Elles étaient chargées du contrôle des hommes en sursis, des ouvriers d'usine, des détachés agricoles. Pour venir en aide aux populations, les gendarmes firent d'innombrables enquêtes concernant les demandes de secours ou d'allocations, les réfugiés des pays envahis, l'état de santé des hommes mobilisés avant leur incorporation, etc., etc.
C'est vers 5 heures que fut signé le 11 novembre 1918, dans un wagon stationné dans la clairière de Rethonde, l'Armistice. Le cessez-le-feu fut effectif à compter de onze heures. Toutes les cloches se mirent à sonner et sur les champs de bataille, les clairons annoncèrent de leur sonnerie la fin d'une guerre qui fit plus de 18 millions de morts et des millions d'invalides ou de mutilés. On dénombra 650 gendarmes tués dans les unités combattantes et les prévôtés et environ 580 moururent de maladie. Plus de 2 500 furent blessés. Mais sa plus grande blessure fut d'être vilipendée, honnie par l'armée et les populations pendant la guerre et surtout d'être abandonnée par ceux qui l'acculèrent à cette situation.
Après l'euphorie de la victoire, l'heure fut à la reconstruction. Cette plaie béante avait changé bien des mentalités. La gendarmerie était en pleine mutation. Elle se trouvait confrontée au phénomène de la mécanisation et de la motorisation. Si, à la veille de la guerre, la gendarmerie se posait toujours la question de savoir dans quelle mesure elle pourrait utiliser l'automobile (1) pour l'exécution de son service, si elle ne participait aux grandes manœuvres militaires non plus à cheval, mais à bicyclette, il n'en était plus de même même à l'issue du conflit. Ce changement irréversible se traduisit par le recrutement d'un nombre croissant d'ouvriers au détriment des cultivateurs. En effet, avec une armée en voie de mécanisation, il fallait recruter des hommes familiarisés avec cette technologie afin qu'ils soient capables de l'entretenir, de la réparer et de l'utiliser. Il fallut également prendre en compte la réduction du service militaire qui ne permettait plus d'engager la troupe aussi souvent et longuement dans des opérations de maintien de l'ordre. Pour être performante et suffisamment préparée, l'armée devait désormais consacrer tout le temps de la conscription à la formation militaire et technique des soldats.
Il y avait enfin le contexte économique et politique du pays et les sujets de troubles étaient nombreux.
À la faveur de la guerre, quelques centaines d'industriels et de mercantis avaient édifié des fortunes plutôt rapides. Par contre, les ressources d'une partie importante de la population étaient bien amoindries. Certains avaient tout perdu et le malheur ne se suffisant pas à lui-même, le coût de la vie avait augmenté dans des proportions considérables. Les nouveaux riches et leurs fortunes inespérées, excitaient la colère et l'envie des poilus démobilisés qui supportaient mal le spectacle d'un luxe acquis pendant leurs années de souffrances et de privations. De leur côté, les ouvriers n'acceptaient pas de voir diminuer le montant des salaires qu'ils avaient perçus pendant la guerre à cause de la pénurie de main-d'œuvre. Ils en réclamaient, au contraire, l'augmentation, en raison de la cherté de la vie. Les fonctionnaires agissaient de même. À cela s'ajoutait le phénomène de la jouissance immédiate. Après toutes ces années de guerre et de restrictions, cette fièvre s'était emparée des populations et beaucoup n'hésitaient plus à multiplier les délits et les crimes pour satisfaire leur soif de l'or et assouvir leurs passions.
(1) en 1914 la France comptait 153 constructeurs d'automobiles et 38 constructeurs de véhicules de chantiers et industriels.
Confronté à tous ces problèmes, il apparut bien vite au gouvernement, la nécessité de disposer de formations composées de militaires de carrière, spécialement entraînés et formés pour appuyer l'action de la gendarmerie dans ses missions quotidiennes et le maintien de l'ordre.
C'est dans ce contexte et 36 ans après la dissolution du bataillon mobile de la gendarmerie, que la chambre des députés votait le 22 juillet 1921 une loi[1] portant augmentation des effectifs de la gendarmerie et instaurait un état-major particulier pour cette Arme. C'est à la faveur de cette loi que de nouvelles unités de gendarmerie dénommées « pelotons mobiles de gendarmerie » furent créées et réparties sur tout le territoire. Ces pelotons, qui furent à leur tour regroupés en escadrons et en légions sont à l'origine de la gendarmerie mobile.
[1] Loi du 22 juillet 1921 portant augmentation des effectifs de la gendarmerie, assurant le logement de ces effectifs et créant un état-major particulier de la gendarmerie.